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POÉSIES HOMOSEXUELLES : Gay, Lesbienne, Trans, Bi
24 octobre 2017

Peintures sociales inachevées

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Ce que j'appelle mes "peintures sociales inachevées" ce sont ces rapports sexuels avec des garçons demandeurs du frisson homosexuel de l'inavouable avenir, de son label de subversion, mais sans se sentir quant à eux obligés par quelques retours que ce soit.

En un mot, eux s'amusent de l'autre, sur l'autre, en l'autre, à convenance, et cet autre exécute la danse de ses compromissions.

 

Ils veulent juste se faire sucer par un homme, voir, regarder un homme les sucer abondamment, comme ils rêvent de se faire suer mais ne souhaitent en rien que l'inverse soit leur faix. Leur sexe les fascinent, le-nôtre les rebutent, enculer est un mythe, le subir une infamie et quand la subir s'est propagée en fixations, la faire en devient la pire des révulsions.

Leurs femmes, ne pouvant pas être cet homme au cul poilus dont-ils rêvent, se refusent même à cette sodomie qu'ils affectionneraient de pratiquer plus souvent d'autant plus qu'elle le-leur est refusée à quelques rares exceptions, ce qui amplifie leurs désire de s'y adonner sans vergognes avec ceux qui en sont les sectateurs s'imaginant que chez les homos cela paraît si naturel, quasi quotidien.

Ils vous veulent soit régnant sur leur pine astrale, soit en esclave de leur désir erratique, nègre de leurs fantasmes foisonnants, parfois eux-même soumis à vous mais toujours dans le rôle du grand ordonnateur.

Votre bouche se referme encore et encore, et inlassablement sur ces glands frugiformes et ne la rouvre que tapissée de leurs gluances sans avenir et à peu près frustrée de tout sans qu'ils ne vous aient fait quoi que ce soit que vous aimiez ou désiriez que l'on vous fasse.

Vous avez là tous les germes du pathétisme que la morale des adeptes romantiques de l'amour absolu et du partage pour condition trouveront dégradant et morne. L'homme extrait de sa condition animale, "valant plus que ce que la nature exige de lui". Pourtant, la sexualité n'est pas nécessairement un partage en miroir de pratique mais une jonction, ce n'est pas un équilibre de trébuchet et peut s'apparenter à une décision de gibet ; ils sortent leur queue comme un échafaud dans la cours et vous infligent la sanction que leur jugement au dépend de vos droits.

Leur rut est leur justice, leur assouvissement leur sentence, leur méprit, votre prison, leurs corps, votre déraison.

 

Et bien moi je trouve que cela contient une forme de beauté étroite mais décalée, de jeunesse bousculée et bégayeuse, d'imaturité folle que j'appelle mes "peintures sociales inachevées". Ils viennent chez moi peindre leur toile désordonnée, la gribouille d'un côté des couleurs de leurs épanchements et de l'autre, au dos, la mienne reste vide, marquée par quelques traces de doigts, des bleus, des marrons. Derrière, je sens les coups de pinceaux fiévreux, une phalange qui pèse sur la trame et propage une ombre radiaire, leurs mains sur mon chevalet de sodomies.

Ils peignent sur moi ce qu'ils veulent représenter d'eux en Apollon ou en Dieu de la guerre ou à l'intérieur de moi (parce qu'ils ne voulaient qu'y entrer) des dessins eschatologiques à la Jérôme Bosch dans lesquels mon homosexualité est toujours leur enfer, mon cul, leur Géhenne. Ils pénètrent leur Hydre, harangue mon attelage et meurent de leurs orgasmes. Leurs corps disparaissent plus vite qu'il n'en faut pour inhumer celui d'un musulman.

Une "peinture sociale inachevée" consiste à ne jamais terminer ce que l'on est venu faire parce que ce que l'on fait est justement créable qu'inachevé, c'est une picturalité du sexe, un carnet anatomique, une collation de nos perversion, c'est enfin un synonyme de plan cul devenu commun et crée comme une annexe à l'art amoureux non exhaustif. L'amour est exhaustif, la vie, l'amour, la mort, la mort de l'amour est une exhaustivité de celui-ci, là il n'y a que sa mécanique, baiser puis repartir chercher l'inspiration ailleurs et autrement avec quelqu'un d'autre.

Du coup je deviens aussi la putain médiane du moyen-âge à qui on retrousse la babine pour voir si elle a toutes ses dents. Le pédé, pour l'hétéro, est aussi le visuel de sa propre corruption, d'une sexualité débridée dont-il rêve mais qu'il n'a pas. C'est une implémentation organique, une systématique pourvoyeuses des pathologies les plus créatives.

L'argument de la maladie sexuellement transmissible est la justification de sa paranoïa et l'attraper pourrait aboutir à ce que l'on découvre les entrées qu'il dissimule dans les replis de sa robe de désir. Désirer est une politesse qui ne s'exerce pas mais la partie corruptrice de l'envie c'est le vice, la ressentir est un péché, s'y adonner une chute, une invagination sociale. C'est faire ce que l'on réprouve parce que c'est mal justement parce qu'on le réprouve et parce que c'est très mal et plus c'est mal, plus l'interdit devient l'absolu Graal de l'inintéligible devoir que l'on veut retourner pour en observer la décrépitude.

Le paranoïaque se nourrit de ses propres peurs et lorsque vous le rassurez incontestablement sur l'une, il s'empresse avec passion d'aller s'en chercher une autre, pire que la précédente.

Votre liberté de moeurs insulte sa carcéralité sociale, votre impudeur supposée le fascine et le dégoûte à la fois par son indécence mécanique. Alors vient à vous et vous mime, il vous montre sa queue défaite sur le haut et vous devenez l'incube de ses propres faiblesses, pendant ce sommeil de discrétion lors duquel il s'abuse lui-même, il vous baise ou se fait éperonner sans vergogne, branle ou se fait branler, suce ou se fait sucer, outragé par tant d'inconvenance jamais spéculaire, de dissolutions ravageuses, puis il repart insondablement réparti entre hontes et satisfactions. Honte de s'être défait ou de vous avoir défait en vos dedans et satisfait que vous ne soyez qu'un moment d'égarement dans un océan d'hétérosexualité chaude et rassurante.

Et vous, et bien vous êtes un mec, ce genre de postulat vous convient tant que vous ne mobilisez pas trop de réflexions doloristes, que vous ne tentiez jamais de remonter de votre Tartare sexuel, que vous restiez à ces turgescences infernales perpétuellement enchaînés à la colonne des enfers, lié comme Otos et Éphialtès par des serpents.

Lorsque vous rendez à l'incurie et à ses poésies infectes la candeur froide de la pensée, le réveil peut s'avérer douloureux et c'est là que ces scènes mythologiques auxquelles vous aviez toujours pensé participer que vous découvrez ce concept de "peintures sociales inachevées".

 

On ne retourne, jamais, les tableaux !

 

Alain Cabello Mosnier

mardi 24 octobre 2017

Paris

 

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