⏏ Opisthoproctus
Opisthoproctus
Dans le clocher de mes orbites
se balancent imperceptiblement
les cloches molles de mes globes oculaires à peine éveillés
ils tintent de mollesse
Sous l’abat-son, l’abat-vent, l’abat-jour de mes paupières
Ça y tintinnabulait humidement derrière le papier japonais et huilé de mes nénuphars clos
Pourquoi ne s’entrouvrent-ils pas alors que nous nous agitons
Que nous nous déplaçons dextre en senestre
Impatients de voir l'aube
L’œil inquiet des derniers jours
Jusqu'à ce qu'il se vitrifie
Blanches perles qui riaient encore hier des printemps qui s’allongeaient sur des étés ensoleillés
Deux petites logettes fétidées
attendent mornes et vides que l'on viennent les remplir y remettre dedans ce qui leurs permettra de revoir le jour
Elles en sont sûr
A la volée de nos plateaux cémétériaux
dans ces milliers de coffrets alignés
Gît la jonchée perlière de nos crânes de nacre
Posés tout au fond d’un tapis de désarroi
Ils attendent que la soie de Nona
Ré-articule ces sphères ossifiées
Et grises, et blanches, et noir des nuit encore chevelu pour certains
Enfile leur calvaria
Et rose, et bleu, et jaune
Par le trou de l’œil, le foramen occipital
En orange peut-être, en vermeille
Et même en collier mais non abandonnés à ce triste radeau au quaternaire exode
Et de ses dents ?
Vous souvenez-vous de ses dents
Des fruits qu'il fit gicler dans sa bouche jusque sur sa chemise avec un mouvement de recule
Vous souvenez-vous de ses mains qu'il tenait au chaud sous son blouson fermé alors que le froid le suivait comme un mendiant qu’il tenait à distance de ses chaleurs quand l’hiver venait lui en quémander un peu au nom des morts qu’il couvrait
Mandaté par eux pour aller leur chercher la monnaie des vivants
Et de ses caresses
Vous souvenez-vous de ses caresses ?
L'homme était masseur de profession
Il encula des hommes, en but les improbables liqueurs
Ouvrit bien des livres
Vit bien des Noël
Il n’est pas question que je renonce à la vie sans chanter les louanges
de l’homosexualité masculine,
de son verger de pommes violettes
Puis pourrir comme elles
Exsudant la dernière semence
Un cercueil est un cul aux tapisseries identiques, cryptique, thanatique
Un tombeau de salops dans lequel on a finit par tomber
A force d'y mettre sa bite, il finit par laisser choir son corps et le sphincter de pierre se referma sur lui
Ce sera bien la première pute qui ne rouvrira pas sa chatte
M'y gardera tout dedans
Croyez-vous que j’aurais attendu d’être mort pour me pisser dessus ?
La passagère putréfaction des chairs faisandées pour être dégueulasse ?
Le poète est né pour pourrir
et montrer à tout le monde, la beauté de ses vers...
Alain Cabello Mosnier
mercredi 22 novembre 2017 Paris