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POÉSIES HOMOSEXUELLES : Gay, Lesbienne, Trans, Bi
22 novembre 2017

⏏ Opisthoproctus

Opisthoproctus

Dans le clocher de mes orbites

se balancent imperceptiblement

les cloches molles de mes globes oculaires à peine éveillés

ils tintent de mollesse

Sous l’abat-son, l’abat-vent, l’abat-jour de mes paupières

 

Ça y tintinnabulait humidement derrière le papier japonais et huilé de mes nénuphars clos

Pourquoi ne s’entrouvrent-ils pas alors que nous nous agitons

Que nous nous déplaçons dextre en senestre

Impatients de voir l'aube

 

L’œil inquiet des derniers jours

Jusqu'à ce qu'il se vitrifie

Blanches perles qui riaient encore hier des printemps qui s’allongeaient sur des étés ensoleillés

 

Deux petites logettes fétidées

attendent mornes et vides que l'on viennent les remplir y remettre dedans ce qui leurs permettra de revoir le jour

Elles en sont sûr

A la volée de nos plateaux cémétériaux

dans ces milliers de coffrets alignés

Gît la jonchée perlière de nos crânes de nacre

Posés tout au fond d’un tapis de désarroi

Ils attendent que la soie de Nona

Ré-articule ces sphères ossifiées

Et grises, et blanches, et noir des nuit encore chevelu pour certains

Enfile leur calvaria

Et rose, et bleu, et jaune
Par le trou de l’œil, le foramen occipital
En orange peut-être, en vermeille

Et même en collier mais non abandonnés à ce triste radeau au quaternaire exode

 

Et de ses dents ?

Vous souvenez-vous de ses dents

Des fruits qu'il fit gicler dans sa bouche jusque sur sa chemise avec un mouvement de recule

 

Vous souvenez-vous de ses mains qu'il tenait au chaud sous son blouson fermé alors que le froid le suivait comme un mendiant qu’il tenait à distance de ses chaleurs quand l’hiver venait lui en quémander un peu au nom des morts qu’il couvrait

Mandaté par eux pour aller leur chercher la monnaie des vivants

 

Et de ses caresses

Vous souvenez-vous de ses caresses ?

L'homme était masseur de profession

Il encula des hommes, en but les improbables liqueurs

Ouvrit bien des livres

Vit bien des Noël

 

Il n’est pas question que je renonce à la vie sans chanter les louanges

de l’homosexualité masculine,

de son verger de pommes violettes

Puis pourrir comme elles

Exsudant la dernière semence

 

Un cercueil est un cul aux tapisseries identiques, cryptique, thanatique
Un tombeau de salops dans lequel on a finit par tomber
A force d'y mettre sa bite, il finit par laisser choir son corps et le sphincter de pierre se referma sur lui
Ce sera bien la première pute qui ne rouvrira pas sa chatte
M'y gardera tout dedans

 

Croyez-vous que j’aurais attendu d’être mort pour me pisser dessus ?

La passagère putréfaction des chairs faisandées pour être dégueulasse ?

 

Le poète est né pour pourrir
et montrer à tout le monde, la beauté de ses vers...

 

 

Alain Cabello Mosnier

mercredi 22 novembre 2017 Paris

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