⏏ Poésies arabes
Poèmes arabes
Poèmes arabes
Source en ligne sur Youtube ;
Recueillis par Shihâb al-Abchîhî dans Al-Mostratraf d’après la trad. de G. Rat. et lu par le poète homo-fréquencé Alain Cabello-Mosnier mais je voudrais m'excuser d'heurter les Noms de ces auteurs :
Collection poésie homosexuelle arabe.
Voir aussi ‒ Abd al-Ghani al-Nabulsi (1641-1731), ou Roumi/Rumi.
Le jeune mendiant
- Je me suis épris d’un mendiant,
mais d’un jeune mendiant si beau
que son visage est un trésor.
Je me déshonore, dit-on :
mais non, car c’est moi qui suis pauvre
et qui mendie son amour.
Le jeune chasseur
- Pour un jeune chasseur je brûle de désir,
il me fait fondre les membres.
Je ne m’étonne pas que les bêtes sauvages
poursuivent ce jeune faon !
Le jeune écrivain public
- Qu’il est charmant ! que je voudrais
poser un baiser sur ses lèvres !
Au milieu de tous ses papiers,
c’est une rose dans les feuilles.
Le jeune tondeur de moutons
- Je crie à Dieu merci d’un tondeur de moutons
qui m’accable de ses dédains.
Certes, sa main excelle à tondre les toisons,
mais il tond encor mieux les cœurs.
Le jeune imam
- Pour présider à la prière,
il arrive d’un pas pressé ;
la pleine lune, en le voyant,
se cache, rouge de dépit.
J’eusse voulu que mon visage
fût le sol où il s’inclinait,
pour qu’en se prosternant à terre
il me fît le don d’un baiser.
Le jeune nageur
- Sa taille mince et souple ondule
comme un arbuste au bord de l’eau,
mais il décourage l’amour
et repousse les soupirants.
C’est tout juste si, en nageant,
il montre à ses admirateurs
qui le contemplent de la rive
le trésor charmant de ses fesses.
Le jeune boulanger
- Beau boulanger, pour toi je donnerais ma vie !
mais ta froideur, hélas, glace les plus ardents.
Ta boutique est le ciel, tu es la pleine lune,
et tes pains à l’entour sont les étoiles d’or - Abû Nûwas (747-815)
Voici un autre « gongorisme » dans le style précieux écrit par un poète arabe mais d’Espagne, Ibrahim Ibn Sahl (Séville, xiie s.) :
- Moïse ! sur ta joue un grain de beauté sombre
est l’ombre du reproche auprès de la lumière, —
ou plutôt, comme sur un parchemin bien blanc,
il est la lettre wâw* et son point d’encre noire
* wâw, 27e lettre de l'alphabet arabe
Variation sur un même poème, un même sujet :
- Moïse ! enfer des cœurs et paradis des yeux !
le grain de beauté noir sur ta joue éclatante
n’est pas la nuit auprès de l’aube,
mais bien plutôt un astre imprudent en sa course
qui s’est trop approché du soleil embrasé
et s’est brûlé à son contact
De Behâ Ed-Din Zoheir (Syrie, xiie s.)
Par Allâh, ton beau visage
est maintenant bien barbu.
Où est ta grâce enfantine
qui nous séduisait si fort ?
pleurons ta beauté enfuie :
tu es mûr pour d’autres jeux
Le jeune mendiant
- Je me suis épris d’un mendiant,
mais d’un jeune mendiant si beau
que son visage est un trésor.
Je me déshonore, dit-on :
mais non, car c’est moi qui suis pauvre
et qui mendie son amour.
- Je me suis épris d’un mendiant,
- Pour un jeune chasseur je brûle de désir,
il me fait fondre les membres.
Je ne m’étonne pas que les bêtes sauvages
poursuivent ce jeune faon !
- Qu’il est charmant ! que je voudrais
poser un baiser sur ses lèvres !
Au milieu de tous ses papiers,
c’est une rose dans les feuilles.
- Qu’il est charmant ! que je voudrais
- Je crie à Dieu merci d’un tondeur de moutons
qui m’accable de ses dédains.
Certes, sa main excelle à tondre les toisons,
mais il tond encor mieux les cœurs.
- Pour présider à la prière,
il arrive d’un pas pressé ;
la pleine lune, en le voyant,
se cache, rouge de dépit.
J’eusse voulu que mon visage
fût le sol où il s’inclinait,
pour qu’en se prosternant à terre
il me fît le don d’un baiser.
- Pour présider à la prière,
- Sa taille mince et souple ondule
comme un arbuste au bord de l’eau,
mais il décourage l’amour
et repousse les soupirants.
C’est tout juste si, en nageant,
il montre à ses admirateurs
qui le contemplent de la rive
le trésor charmant de ses fesses.
- Sa taille mince et souple ondule
- Beau boulanger, pour toi je donnerais ma vie !
mais ta froideur, hélas, glace les plus ardents.
Ta boutique est le ciel, tu es la pleine lune,
et tes pains à l’entour sont les étoiles d’or.
Voici encore un exemple de cette préciosité descriptive — nous dirions volontiers de « gongorisme », d’autant plus qu’il s’agit précisément d’un poète d’Espagne :
- Moïse ! sur ta joue un grain de beauté sombre
est l’ombre du reproche auprès de la lumière, —
ou plutôt, comme sur un parchemin bien blanc,
il est la lettre wâw et son point d’encre noire.
Sur le même sujet, cette autre variation :
- Moïse ! enfer des cœurs et paradis des yeux !
le grain de beauté noir sur ta joue éclatante
n’est pas la nuit auprès de l’aube,
mais bien plutôt un astre imprudent en sa course
qui s’est trop approché du soleil embrasé
et s’est brûlé à son contact.
Nous avons dit que, comme chez les Grecs, l’aimé des poètes arabes est toujours un jeune garçon ; comme chez les Grecs aussi, il est souvent invité à profiter de sa jeunesse pendant qu’il en est temps, et le spectre de la maturité, sinon de la vieillesse, est agité devant lui :
- Par Allâh, ton beau visage
est maintenant bien barbu.
Où est ta grâce enfantine
qui nous séduisait si fort ?
pleurons ta beauté enfuie :
tu es mûr pour d’autres jeux.
- Par Allâh, ton beau visage
Au reste, pas plus que chez les Grecs, l’apparition du premier duvet sur la joue du garçon aimé ne signifie automatiquement la fin des relations amoureuses avec lui :
- Jaloux et médisants m’accablent de sarcasmes
parce que mon ami commence à se raser.
Je leur réponds : amis, quelle erreur est la vôtre !
depuis quand le duvet est-il donc un défaut ?
Il relève l’éclat des lèvres et des dents
comme un tissu de soie où s’avivent les perles.
Moi, je m’estime heureux que le poil qui lui pousse
préserve sa beauté des regards indiscrets :
il donne à ses baisers une saveur nouvelle
et fait luire un reflet sur l’argent de ses joues.
Cependant, l’apologie de ces relations avec un garçon dont la barbe commence à pousser n’est pas exempte d’embarras, preuve qu’il s’agissait bien là d’une « limite » à ne pas dépasser, au moins en poésie :
Les jaloux ont crié au scandale : quoi, j’ose
aimer un beau garçon à qui pousse la barbe !
Eh bien, oui, j’ose. Eh quoi ? Si l’on aime un jardin
stérile et nu au temps de l’âpre sécheresse,
le délaissera-t-on quand l’herbe y poussera ?