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POÉSIES HOMOSEXUELLES : Gay, Lesbienne, Trans, Bi
16 janvier 2018

Osculum infâme

“Texte littéraire sur le massage.”
Vous saviez que j'étais une des constantes de votre vertu ?
Quand l'on est aux prises avec quelque chose d'aussi puissant que l'argent la chose est aisé lorsqu'on le méprise tout-à-fait mais, sous les faux empires du désir, masser devient un tombeau où l'on s'ensevelit soi-même en disant oui à celui à qui il fallait dire non.
Rarement je m'y consumais et n'y mourut que par l'effet de ces passions passagères qui s'engouffrent à torrents dans vos interstices singuliers. Viennent vous chercher à l'intérieur comme l’Ankoù amusé par vos larmes de perdant, harponnent vos fascias tendus en papiers peints de vous et que leurs dire non est un cri si grand que résister fit de moi bien souvent un héro, plus rarement un martyre. Dilaceratio corporis de nos convictions profondes mais comme le saint-Jean Porte Latine je deviens le porte la tine de ces rondeurs géminées, ah l’effluve-cadeau qui pue la mort de nos arts anciens, bref, celui qui plongé dans un bain d’huile aussi chaudes que ces pines de Domitien je finissais toujours par en tirait autre chose que l’évanescence des saveurs passées à ces frôlements de peaux.
Certes, j’en fut plus riche mais plus seul que jamais. Défait dans mes os. Les foramens nus comme ces cratères à la surface des terres mortes, bombardé de vous, lacéré par vos doigts. Alors je me retire dans le couvent de ma bibliothèque, au méchant acier de ces lignes tellement certaines de tout savoir qu’elles en sont une prison. J’ai les pieds dans la boue de vos souvenirs désordonnant et tristement captieux. Parmi les encres et les mots l’aisselle se déploie idémiste. Je suis un orant massant un gisant, une veuve des noirs, des gris stannifères, des verts molequins pourris à l’oignon des rustres percés de fange, rehaussés de godrons paillés de retards.
Que défaisait vraiment Pénélope ? Qui nous dit qu’elle ne se détissait pas elle-même de ses propres doigts pareil à un inconscient qui s’entoure de subterfuges ? Un motif = un souvenir, une couleur = un motif. Le masseur est un tisserand, un tisseur de massé à la nudité féconde attaché au fil du temps, des fuseaux modeleur des laines, des iris aux violets indiscrets, des affres de nuit faites de pietà déjà noires.
Qui sait ce que savent ces hymnaires de la peau ? Qui se souci de ces hommes-canuts, de ce que contiennent vraiment ces châsses dénuées de reliques valables, ces églises de spectres qui se déplacent éternellement autour de leur table de massage dressée comme des hôtels ? Tous ces Saints touchés par des suppliants mornes et effondrés sur leurs peurs. Ennuyés par les faux dévots, les moines défroqués, les caresseurs d’ithyphalles la main décharnée à travers les chancels comme dans une scène de Dante.
Mos Teutonicus « usage teuton » ; ce que je masse, je l’enlève, mes mains ne suffisent pas et s’ordonnent autour des ôteurs de chairs, de crimes des fins ordres, de ce noviciat prêcheur de l’osculum infâme « le baisé de l’anus » à la puanteur secrète, ineffable et géniale. Où ? Où se trouve le sede vacante de mon art ? Quand ais-je dis que je renonçais ? Quand est-ce que la Curie a élu un moi devenu imposteur à ma charge ? Qui a brisé le sceau du pêcheur de mon Pape mort ?
J’aime, quelque part, vous savoir massé par moi au vif des ombres, vous ramener à la vie de ces horizons faits de vous. Avoir pu, le temps maigre d’une décennie me donner à ma fonction de masseur et démérité si peu, qu’à l’aune de l’erreur, j’en prend ma part d’homme ordonné par l’existence et mangé au tombeau. Mon cercueil comme le dernier des salons de massages putréfactif, comme ma dernière écriture poétique, de pédé malvenu et poète devenu.
Aucun nu ne me fut plus sublime que votre pal écueil, que ma crypte d’officiant, que ma mantille d’extinction au falot de nos clartés de peau.
Que la nuit s’en vienne ensevelir le souvenir de vos atours, de vos silences, de vos sommeils.
Les miens, sont déjà marqueurs de lois.
Alain Cabello Mosnier (masseur et poète homosexuel)
mardi 16 Janvier 2018
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