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POÉSIES HOMOSEXUELLES : Gay, Lesbienne, Trans, Bi
25 février 2018

⏏ La solitude, c'est se jeter dans le vide qui règne en nous !

La solitude, c'est se jeter dans le vide qui règne en nous !

Je ne sais plus si c’est moi qui suis au bord de la fenêtre ou si c’est la fenêtre qui est au bord de moi. Chacune d’elle est une tesselle d’oubli, rangée côte-à-côte par étages, l’important c’est que ce soit vertigineux et aux normes non ? Tout ça forme une mosaïque sociale entre dalles de béton et anthropologie. Qu’importe que l’on s’y soit accoudé pour fumer une clope ou baiser l’anus de son copain.

Qu’est-ce qu’il en reste à la fin ?

La solitude, c’est comme se jeter dans le vide qui règne en nous. Marcher sur le bord des autres. De fenêtre en fenêtre. Se dire que l’on peut tomber. Que l’on aimerait tomber et s’aimer le temps de la chute avec celui dont on rêve et qui n’existe pas. En fait, ce qui se passe c’est que je ne suis pas sûr de moi, remarques la vie n’est pas sûr de moi non plus donc, sur qui compter, pour croire en ce laps de temps qui s’échappe ? Des diplômes que je n’ai pas et me diraient, “tu as ta place parmi-nous.”

Je ne suis pas triste, je suis juste horrifié, interdit, lointain, constant.

Le temps s’écoule comme une hémorragie. Chaque seconde est une goutte de sang dans une vie où vous allez, blessé, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus une seule pour que se forme la dernière, celle dans laquelle votre vie défile. Elle reflète une de ces fenêtres que vous aurez rencontré partout. Trémulescentes. A quoi bon se créer un être intime si c’est pour y renoncer comme ça ? A petites foulées. A l’ombre d’une sépulture dont le temps là aussi lui sera compté. Vous avez juste finit par vider votre existence dont tous le monde se branle et de laquelle il ne restera plus qu’un individu mort, inanimé, relayé par d’autres, indifférents, aussi perdu que vous. Faisant de ses épanchements des selfies. Parfois je me demande si c’est moi qui ai profité de la vie ou si c’est la vie qui a profité de moi ! On est tous le Branle-souliers de quelqu’un : celui qui ne fait rien que de se les frotter l’un contre l’autre, qui passe son temps à mesurer le trou-du-cul des grives avec un pied à coulisse.

Putain la force qu’il y a à être un PUTAIN d’immense pédé, d’énergies sublimes, de fulgurances. Et vous aimeriez être comme les autres ? Non, non surement pas. Quitte à mourir seul vaut mieux mourir unique. Je préfère perdre ma route en chemin que mon chemin en route parce qu’au moins ça aura voulu dire que quelque part j’étais sur ceux de ma propre petite campagne nocturne et non sur les agglomérations des autres. Brisé par l’expérience je briserai mes infinis. Je les allongerait. L’art d’être inexistant chez les autre et ceux, pour toujours ou pour le toujours que je présuppose. Plus de pines qui puent dans la bouche. De petits anus violemment odorants, fendus comme une noix pourrie et merveilleuse. De rires qui s’échappent des bouches.

Ce n’est pas parce que la vie n’est pas du gâteau que vous devez renoncer à vous en couper une tranche disait le Grand-Père que j’aurais été à ses enfants gourgandins qui se seraient auto-ajoutés.

En fait, je me demande si ces poèmes ne froment pas des petits bouts de roman. Mise à part que je ne sais même pas ce qu’il doit y avoir dans un roman. Une histoire ? Alors ce n’en est pas un, parce que d’histoire moi je n’en sais pas écrire.

Romancier. Voilà quelque chose que je détesterai être. Même écrire m’emmerde si ce n’est que pour entretenir le mythe de la publication, foutaise du nombrilisme. Tu cours après un sujet, tu cours après le talent, tu cours après des éditeurs, tu cours après des lecteurs, tu cours après le succès, tu cours après l’argent, tu cours après la médiatisation, tu cours après la reconnaissance et enfin, tu cours après la renommée pour un bout d’immortalité. Franchement, quand tu regardes comme se place la cosmogonie et le concept d’infini, l’immortalité humaine devient vite relative, suspecte d’ignorance. Ce qu’on peut être con parfois. Publier n’est jamais qu’un échec, une répétition de soi, un soliloque absurde. Un tendre éjaculat. Tu tentes juste de multiplier tes orgasmes. Tu te persuades de quelque chose qui pourrait te convenir comme l’exploitation commerciale de ta déchéance. Si les gens lisent tes textes, c’est juste parce qu’ils sont comme toi : en train de partir avec l’eau des chiottes, la nouvelle génération a déjà la main déjà sur la chasse-d’eau. Le livre c’est juste le bois-flotté des tibias de ceux qui sont morts, un répit, une usurpation de force qui finira autour du cou d’une vahiné. C’est de la tisane de texte que tu pourras bouffer pendant le voyage alors qu’infusent nos erreurs qui se propagent patiemment sur la planète.

A force de reculer dans l’ombre on finit par ne plus retrouver la lumière. A force de rechercher la lumière, on finit par oublier la nature de l’ombre. Sa spiritualité. Ses silences et peut-être aussi ses nécessités.

Non. Non, moi c’est poète que je veux être. Oui, poète. Poète en roman. Un genre de truc dans lequel il n’y aurait pas de visages débiles à décrire. De suspens. Juste de petits passages qui s’en vont. Un paragraphe de rien du tout, écrit comme une stèle. Faudrait que ce soit écrit comme on se promène en forêt. Un truc sans étonnement, juste de la tendresse. Des sourires à peines dessinés sur des lèvres qui tournent les pages. Du vert partout. Des futs de différentes essences bien robustes et parterre _un roman poétique a toujours un parterre et s’il n’en a pas alors t’en imagines un de parterre_ il y aurait des feuilles mortes, toutes dessus, ou en train de mourir. J’aimerais écrire un truc qu’on aimerait lâcher où on veut, comme on veut et quand on veut sans se sentir coupable de l’avoir laissé on ne sait plus où. Poser sur une table de nuit, l’histoire toute échevelée d’elle-même. Vous savez pourquoi ? Parce que je ne veux pas que ce que j’ai écrit se constitue en ennui de ce qu’il faudrait lire.

C’est pour ça que je préfère m’imaginer avant tout comme “poète queer” parce que là tu es sûr que tout le monde s’en fout puisque personne n’en lit, et en plus, tu peux parler de la libation des garçons par isolat, de la couleur des strophes. Ah, ah, “la libation des garçons par isolat”, ça, dans un roman, ce n’est pas possible, seule la poésie te pardonne cette extranéité du sens. Libation au sens d’apports culturels, de don spécifiques et immatériels et isolat, parce que seule la folie heurtée à l’enfance de celui qui l’exprime peut offrir ce semblant qu’on nomme poésie, vers. La phrase est une blessure nette, le roman l’art du bandage, la poésie une septicémie devenue folle, le désossé de nos petits cirques intimes et révoltés. La poésie est un art littéraire déjà marginal par nature, les pédés le sont presque autant qu’elle malgré leur belle et récente étiquette d’icône “gay” qu’ils se sont fichus sur la gueule, alors imaginez ce qu’il en est de la poésie homosexuelle ! C’est pour cela que je me revendique “poète queer”, non pas pour préjuger de la qualité de mes écrits _que voulez-vous qu’il puisse sortir de moi qui soit exploitable ?_ mais au nom de la rareté de ceux qui s’affichent comme tel : queer. Fouteur de merde en lettre, voilà ce que j’ai envie d’être. Un bagarreur aux trousses duquel serait la police de l’orthographe et de la sémantique furieuse de ma façon d’écrire. Écrire comme, comme tu respires un cul pas lavé de garçon hétéro qui ne s’attendait pas à ce que sa journée le-lui termine aussi tendrement assis sur un visage d’homo lui offrant l’expérience de la défaite en ses moires, dévoreur, déjà décédé à force d’être, lui-même ou un autre, qu’importe, puisque personne n’en a la mémoire, seul l’homo règne. Le sexe, ce n’est même plus de l’intime, c’est du langage, la poursuite d’une attente à laquelle personne ne répond. C’est pour ça que le pédé a une longueur d’avance sur l’hétéro-fréquencé. Sincèrement ? Vous voulez que je vous dise ? Je crois que ce qu’il restera de moi devrait se réduire à un étron masculin de belle taille, une péripétie de l’outrance mais discrète. De tout ce que j’aurais lu et, laissez-moi vous dire que j’en ai lu du volume, des colonnes grecques de textes, des cartouches de caractères et bien c’est celui d’un bronze d’homme ou du souvenir macérant de son passage récent qui m’aura le plus appris de la vie. C’est à la merde que je renoncerai avec le plus de dépits, parce qu’en cet instant de vérité, vous sentez l’inaccoutumance de ce quelque chose qui vous passe au-dessus au-delà d’un semblant d’être et que vous semblez comprendre plus que tout autres, avant que votre orgasme vienne manger cette fraction de seconde où vous avez cru être.

Écarter les fesses d’un homme c’est l’expérience métaphysique la plus surprenante et la plus douce qui puisse être. Les plus inachevés y verront de la scatologie primitive, les plus lestes, de la conviction que rien de tout cela méritait vraiment d’exister à commencer par la maison d’édition qui l’aura par inadvertance publié comme un aggiornamento possible de ce qui pourrait devenir réalité. Je fais une littérature amensale, commanditaire de quelque chose avenir. La vie a besoin de fumier pour naître, mon fumier à moi, c’est celui des hommes, de leur nudité comme râpée d’eux-même, de leurs testicules, de leurs seins, de trop de noirceur que je n’en pourrais synthétiser, alors je la stock par l’écrit, par un cannibalisme homosexuel qui se mange des autres mais, être aux mots et homo n’est pas suffisant, il faut qu’ils s’alternent dans une réalité singulière, une convivance. Une ordalie spéculaire qui relèverait du jeu de carte et de Janus mais exclusivement entre homosexualité et texte. D’aucun dirait un solipsisme, moi, l’immense pauvreté de ce qui se complet à persister ailleurs que comme ça arrangerait tout le monde que je sois.

J’écris comme on allume la lumière, par peur panique que quelque chose fasse que je réussisse ma vie ce qu’il ne faudrait pas qu’il advienne. Je dirige mon faisceau jaune-délire sur à peu près tous les styles littéraires et je renonce à devenir quelque chose de réalisable. Où que j’aille, j’ai des chevilles jusqu’à l’eau. Mes écritures sont des plaies ouvertes qui ne renoncent que dans le doute. C’est un levé de soleil et de sang pour lequel il n’y a personne parce que ce serait trop tôt et que personne ne veut échapper à la grasse matinée de la littérature. Vaut tout de même mieux se lever avec Harricana de Bernard Clavel et se coucher avec un Faulkner dans les mains, un de ses poètes connu qui nous fait nous pardonner d’en avoir lu pour si peu qu’il nous apporte, sinon, comment expliquer que l’on puisse n’avoir non pas tant si peu de poésies écrites que de poésies lues ? Alors pensez, la queer.

La solitude, c’est se jeter pieds et poings liés dans un espace qui menace de nous rendre la liberté par le cataphractaire du travail et de la raison. Être libre c’est penser par soi-même.

Un trou noir n’est qu’une nuit qui vous absorbe. Le matin est un nouvel univers dans lequel il faut tout recommencer.

Au plus proche, je dirais que je suis une sorte de Bastia dont la peinture antithétique ne fonctionnerait pas ou ne fonctionnera qu’en la laisser se retourner elle-même, j’avance par couleur primaire, par touche fortement contrastée sur une journée, j’écris, je meurs. A toi de lire à présent parce que pour moi, bien, c’est déjà fini. Je trouve déjà assez magique de parler de soi comme le mort que l’on va être pour longtemps.

 

Essai écrits et lu par le poète queer ©Alain Cabello-Mosnier (poète gay & masseur à Paris) ⚣
Dimanche 25 juin 2017, Paris.

 

 

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