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POÉSIES HOMOSEXUELLES : Gay, Lesbienne, Trans, Bi
18 octobre 2018

Vous n'avez pas besoin de la tristesse pour vivre, seule la tristesse à besoin de vous

Pour rendre le chagrin infini, mettez-lui un plongeoir et, supportable, les brassards de l'indifférence. Sinon, vous avez le sourire qui constitue une petite crique, un bon début de plage, le temps de vous reposer.

Vous n'avez pas besoin de la tristesse pour vivre, seule la tristesse à besoin de vous. Vous savez, de ces moments dans votre vie où tout se suspend, où vous paraissez vous mouvoir dans un gel, dans un espace qui a la grandeur de vos yeux écarquillés comme une planète sans gravité, les paupières pour horizon.

Je me demande si, quand on meurt, ce ne serait pas le chagrin que l’on quitte le plus à regret ? L’amour n’est qu’un soleil qu’on ne voit jamais. En tout cas moi je ne l’ai jamais vu, j’ai toujours vécu derrière les montagnes. L’amour n’est qu’un mot qui ne peut pas à lui seul résumer l’intensité de ce que nous vivons, ce substituer à la vie toute entière, en devenir le projet. Ou alors le chagrin en est un aussi, une version d’orage ; et la solitude, la part aride d’un renoncement. On s’isole comme un pierre parmi les cailloux et on attend avec eux que la terre meurt. Que notre nuit vienne quand d’autres matins émergent de partout dans les yeux des nouveaux-nés. La terre tourne follement et toi tu restes immobile, le gnomon d’une nécessité qui indique l’heure sans même savoir qu’elle existe.

Tu comptes les jours comme un mort, et les nuits comme une absence.

S’éteindre est la plus belle des choses, puis gésir quelque part.

Infiniment parvenu à n'être rien devenu.

Et les autres, et cent, et mille sont là à chuchoter au sujet de cette carambole

Quelle amande que la vie

Quel étrange fruit

érythrothorax

pandémique

“Donner sa vie”

“Perdre la vie”

“Renoncer à la vie”

“Avancer”

“s’égarer”

“Faire avec”

Que d’expression pour dire cette desquamation de la douleur

Tout ce qui coule de l’homme n’est pas sang. Vas savoir toi, qui dans le métro se balade avec une plaie ouverte ?

La solitude est un espace où l’autre est trop loin ou trop impuissant pour pouvoir t'en sortir, et où soi est trop prêt, trop prêt de la terre, trop prêt du ciel, et l’océan aussi est trop prêt, trop prêt des arbres et trop prêt des forets

Tu glisses et hop, tu te retrouves dans le siècle précédent

On a tous une vie intérieure, mais certains n’ont plus que cela. Ils s’attendent eux-même pour manger le soir. S’invitent et se sourient péniblement. Ils sont isolés mais jamais seuls car il se savent bien à eux.

Et puis il y a ceux qui sombrent, les dépressifs qui en viennent à accepter ce mot comme le synonyme d’un mal-être que l’on nomme doute.

La tristesse est une saison qui reste seulement plus longue chez certains, le sage les auraient appelés des inuits en terre arctiques, l’homme pressé et conforme les traites de malades que l’on va s’employer à soigner pour que leurs nuits ne durent pas six mois.

 

On ne peut pas vivre ainsi en creusant dans la neige, c’est eux qui l’on dit.

Le solitaire lui, celui qui sais qu’être seul n’est parfois qu’une oreille collée au sol pour écouter la vie autrement et que l’impatience des autres est l’orage de nos sourires. Toi tu regardes dans le vide et eux pensent qu’il n’y a rien, tu ne fais rien, donc tu ne penses à rien. Rien devient la pierre angulaire de toute déconstruction. Tu dois faire ta vie, tu dois rejoindre leur colonie et ne pas vivre dans le feuillage de ton inertie. Écrire c’est inventer l’écriture, c’est faire danser les lettres ensembles comme de micros amis dont chaque mot se connaît une histoire, devient un méfait ou une joie. C’est à partir de là que tu deviens magique, sorcier à la tribu parce que l’immobilité t’anime les mains et que l’on sait que tout cela te vient de la tête, de l’esprit ou de ceux qui viennent d’ailleurs, un poltergeist de la ponctuation, le ghost du style.

Tes doigts deviennent aussi inquiétants pour eux qu’un piano mécanique dont la musique s’emballe au rythme des touches qui s’enfoncent toutes seules. De tes doigts de pomologistes naissent des jardins, d’érythrocarpes majestés, juteuses et délirantes mais d’autres fois, leur goût de terre, d’inachevé laisse les genets au sol. Comme pour vivre il faut avoir quelque chose à faire, écrire ne se suffit pas à lui-même, ils veulent du talent. Le talent est une vertu qui plaît aux autres par convenance sociale en cela qu’ils la découvrent postérieurement par un art auquel ils accèdent. Ils sont la boucle d’un ceinturon qui s’en allait d’un côté et c’est au hasard d’un bassin qu’ils découvrent le trou d’une écriture et lui trouvent une fonction. Parfois la personne est morte bien avant, d’autres encore sont malheureusement en vie pour assister à un tel acharnement. Elles deviennent les esclaves des éditeurs, de leurs royalties, de leurs espoirs de réussite que l’écriture avait pourtant toujours fui pour y parvenir. L’écrivain connu est un paria flatté que le succès rend lépreux. Le triste inconnu en son art, quel qu’il soit, c’est lui le vrai Seigneur, le roi n’est pas le roi, le roi c’est l’ermite. L’expert en renoncement qui se flagelle de ses incompétences.

 

Le livre est une prison qui libère les autres et toi, ben te voilà pris dans un vulgaire piège de braconnier posé par un éditeur. Tu as sué pour dire, et tu livres à bonne date la couleur de ton hermine. Ton nom claque sur un parallélépipède pleins de tes mots morts que chaque lecteur naturalise et te voilà devenu le fantôme d’un opéra de cellulose. Célèbre ou illustre inconnu, connard toujours, flashé par ton orgueil qui ne voulait pas rester seul.

Écrire c’est marcher, dormir c’est se reposer, douter c’est attendre que la colère du verbe devienne plus forte que le silence, mais publier c’est terminer.

Celui qui te lira ne sera jamais qu’un infirmier qui se croira obliger de te dire que tu as du talent, cent milligramme, et puis il y aura ceux qui on aimé parce que toi ce seront des malades, des arpenteur de toutes injustices que seuls les mots soignent.

Être publié c’est rentrer en psychiatrie, ne jamais l’être c’est continuer ses balancements rythmo-catéchistiques, c’est accepter de voir ce que tu vois et savoir que jamais personne ne pourra les voir.

Artiste c’est l’autre terme pour malade mental, pervers à terme.

Tant pis si personne ne peut partager avec toi cette part profonde de toi et si tu parles tout seul et que les autres t’entendent et bien, c’est la preuve que ce sont eux les fous, parce que les vrais perturbés ne s’émeuvent pas de ces logorrhées verbales, de tes monologues de rêveur, depuis quand parler nécessiterait une réponse ? Et surtout depuis quand cette réponse serait-elle naturelle à ton désert ?

Ce n’est pas parce que ceux qui t’entoure ne voient rien qu’il n’y a rien, sinon, comment expliqué la naissance d’un livre qui, par vocation, est né de ces absences, de ces doigts tout pressés de livrer ce que l’esprit leurs offre comme cadeau de l’imagination.

Écrire c’est, s’enchanter tout seul. C’est danser comme une petite vieille qui pense encore avoir vingt ans et avoir encore sur sà la taille les mains de son mari. Vous croyez que c’est juste ça n'est-ce pas ? Hein, vous croyez que c’est juste de rire d’elle ? De lui dire que c’est faux ? Qu’il est mort depuis longtemps ? Qu’est-ce que vous en savez hein ? Qu’est-ce que vous en savez qu’il est aussi mort que vous êtes vide ?

La preuve n’est qu’une détresse qu’on assène pour faire pleurer l’autre davantage que pour lui prouver qu’il a tord alors qu’il ne lui reste que ce souvenir, et vous de cette raison n’en faisait qu’une cruauté. Son petit mari n’existe pas davantage que le talent d'au mauvais écrivain ? Et bien lui sais que vous avez tord mais lui au moins, à la délicatesse de ne pas vous le dire, c’est la pudeur de la solitude, de celle des gens qui meurent

 

Tes besoins ne sont que le résultat de tes erreurs, n'en avoir aucun, c'est juste que tu as renoncé à vivre avant les autres

Dans les cercueils, il y a jamais personne, ce ne sont que des porteurs d'enveloppes, des gens anciens.

 

Alain Cabello-Mosnier
mardi 31 octobre 2017

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