⏏ A mort Buffet à mort Bontems !
Poème-réquisitoire contre les prisons
Hugo, où es-tu ?
Réquisitoire contre la prison (vers octosyllabiques "8 pieds")
Quand je vois l'état des prisons françaises je me dis souvent : Hugo, où es-tu ?
En Aparté historique :
L'affaire Buffet-Bontems est ce procès aux assises du 26 au 29 juin 1972 pour une prise d'otages de deux personnes qui seront toutes les deux tuées par Buffet. La cour juge que, bien que n'ayant pas tué, Bontems est complice d'assassinat et guillotiné avec Buffet le 28 novembre 1972.
Cette exécution est la dernière à avoir eu lieu à Paris. Après Buffet et Bontems, quatre condamnés seront encore guillotinés en France.
Les prisons française restent, encore aujourd'hui en 2017, une guillotine sociale, une honte nationale qui fait que quotidiennement nous nions l'esprit d'une République que nous nous efforçons à construire ensemble.
Maître Leclerc
A mort Buffet à mort Bontems
A nous, les meurtriers de tous A mort Buffet A mort Bontems Nous sommes celui en qui pousse A mort Buffet A mort Bontems
Les germes de nos jugements Ils y fleurissent follement Ensemble contre nos enfants Vengeance au droit, n’est pas parent
Un détenu sans dignité Il n'y a rien qui soit choquant Un quart de tour tout est réglé Le droit toujours est trop clément
Nous voulons plus de ses prisons Bon peuple dehors eux dedans L'estomac de nos Nations Digère l'homme vaillamment
On-t-ils pensé aux victimes Quand ils devinrent violents A nous de prendre leurs opimes Puisque penser avons le temps
S'ils sont là ce n'est pas pour rien Il n'y a pas, dit-on souvent De fumée sans feu, mal éteint Donne ces Buffet ces Bontems
Restaurons peine capitale Ce que le droit est croustillant Que tous ces corps on les empale Prévenu craque sous la dent |
Dressons gibet de Montfaucon Afin de vivre bonnes gens Terreur de Révolution en sécurité comme avant
Au diable nos philosophies Trahisons et renoncements Mais quand le diable s'y est mis Bonjour l'enfer et nous dedans
Alors tu cris "à mort Buffet" Alors tu cris "à mort Bontems" Quand tu chasses la liberté Elle s'en va pour un moment
Victor Hugo, toi où es-tu ? Viens à ma voix de juif errant Badinter et d'autres recrues Fermer ces prisons hors de temps
Des prévenus toujours s'y pendent Des chagrins des acharnements Entrez libertés et prébendes Et que notre droit soit dedans
Par le poète queer Alain Cabello Mosnier vendredi 22 septembre 2017
PS Avant d'être un mort qui s'enfonce Je veux être homme qui dénonce |
En Aparté poétique :
Peuple, que veux-tu faire de ta vengeance ? La vengeance n'est qu'un amour qui déborde, une réponse qui s'extrait du droit qui lui-même doit faire l'effort d'être juste.
La dernière tête qu'il te reste à faire tomber, c'est celle de ta colère qui toujours repoussera.
Nous ne nous constituons pas en démocratie parce que nous nous en réclamons.
Le suffrage universel n'est pas suffisant
L'enfermement n'est qu'une orchestration de plus, une administration de la peine, pas une réponse adéquate, ce n'est pas un accompagnement seulement un écrasement.
Tu ne règles rien, tu entasses.
Si on veut que nos détenus réfléchissent à leurs erreurs en prison, alors il serait bon que l'on en fasse de-même alors que nous sommes en liberté.
Leurs conditions de détentions illustrent l'idée même que nous nous faisons des impératifs de dignités auxquels un pays doit répondre.
Ne pas le faire c'est nous détruire collectivement et durablement dans quelqu'un d'autre.
Nous ne sommes même pas encore capables de récupérer les élèves qui décrochent de leur scolarité, alors comment pourrait-il en être autrement des adultes que nos prisons maintiennent sous l'eau ?
Note de proximité poétique : 20/20
Il s'agit d'une note subjective que je m’octroie.
Celui-ci est un de mes poèmes préférés au regard de mon engagement en faveur d'une humanisation des prisons et de la nécessité de toujours condamner la peine de mort, même lorsqu'elle est abolie parce qu'il y aura toujours des gens horribles pour souhaiter rétablir des idées horribles.