⏏ Ce qu'aimer
Vers en 11 pieds
Genre : érotique
Ce qu'aimer ses lourdes ailes déployées
Sous ses bras, ses jardins, ses pieux prieurés
Des cimetières où je vais me cacher
Respirer ses enfers ses rudes fossés
Puis voir s'en aller charrettes de damnés
Ce qu'aimer ces pines d'hétéros sucer 1
Qui jurent sur enfants n'être point pédés
Alors que chausses encore sur souliers
Et dont l'eau des foutres à peine avalée
En gorge toujours en sentez l'âcreté
Ce qu'aimer, l'accusateur index levé
Ses airs inquiets de sale meurtrier
Chez lequel ne subsiste d'humanité
Mais aimerait-on seulement en trouver
Il ne vous éventre que pour se bercer
Ce qu'aimer, sexes pieusement respirés
Ces piétas éperdument éplorées
Au-dessus d'un suaire suant penchées
Cœurs de Jésus et Vierges à l’œil mouillé
Toutes molles aux parfums lourds et suspects
Ce qu'aimer, et par plus que tout attiré
Large baptistère au petit bénitier
Ceux sentant la merde me sont préférés
Car enfin du cul il faut bien assumer
Cet émonctoire si joliment tracé
Ce qu'aimer mon nez à leurs pieds promené
Respirer aux trous des chaussettes portées
Les puanteurs de l'infâme forcené
A qui l'humide orteil il faut nettoyer
Langue, souple souillon qui doit s'affairer
Ce qu'aimer à rien du garçon renoncer
Jamais de celui-ci pourrai me passer
Et si la mort des corps devait me priver
De tombes en tombes j'irais les chercher
Jusque dans leur cercueil les dénicherai
Ce qu'aimer devenir de tous les pédés
Le premier en terre à se les déterrer
Inventer pour eux un amour endogés
Leur adipocire leur enlèverai
Même aux noyés fleurette leur conterai
Ce qu'aimer, leurs ossements déshabiller
et qu'en moult foramens puisse les doigter
Dedans leurs entrailles aller fourailler
Exploser fondements pour y forniquer
Sans que tout cela ne soit plus imagé
Ce qu'aimer si Dieu se devait d'exister
Me demandant bonne action à trouver
Répondre que par bouche commencerai
Car si aux anges sexe leur fut gommé
N'en conservent pas moins tendres annelets
Ce qu'aimer à se priver qui le pourrait
Déjà que mort si en plus gars n’existaient
Même si cendres bûcher me réduisait
Au vent quelques-unes laisserai porter
Sur mentule qui contre un mur pisserait
Poète queer Alain Cabello-Mosnier
Samedi 10 juin 2017
Paris
1 La deuxième strophe fut écrite justement en pensant à Henri, si tranquille dans son hétérosexualité supposée et primale arborant cette extraordinaire masculinité qu'il trimbalait avec lui comme l'insolent archétype d'un sexe sûr de lui. Et justement, il m'avait adorablement dit cela _Tu sais je ne suis pas gay_ alors qu'il se rhabillait et que lune non douchée et sexe offert en d'atroces turgescences avait finit par s'orgasmer de lui-même en ma bouche de gars révolté de désir pour lui depuis si longtemps. C'est aussi pour lui j'ai écris La pine d’Henri.