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POÉSIES HOMOSEXUELLES : Gay, Lesbienne, Trans, Bi
9 janvier 2022

Les chaussons de Noël

Synopsis : Petite historiette pour enfants à l'attention de couples homo parentaux et parsemée d'érotismes si légers qu'ils en restent charmants. (l’histoire s'allongera peut-être)

 

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Il neigeait de forte abondance depuis le matin d'énormes étoupes de laines blanches et si douillettes que l'on aurait aisément pu les confondre avec une myriade de tout petits chaussons dodelinants à souhait et oscillants féeriquement en tombant ainsi du ciel puisque c'est bien à de charmants souliers d'enfants qu'ils ressemblaient tous aussi bien les uns que les autres.
Mais à quels adorables petits pieds désormais nus pouvaient-ils bien appartenir ? Et puis d'ailleurs, qui pouvait avoir une marmaille si nombreuse et la laisser sans surveillance, turbulente et douce ? Le mystère restait entier pendant que le couple homo-parentale laissait le garçonnet rêver tout son saoul derrière une fenêtre à double rideaux _ceux de neige dehors, ceux de dentelle dedans, et les deux dissimulant leur part d'oiseaux_.

De l'extérieur, les carreaux givrés paraissaient être des mares gelées par l'hiver et, sous la glace de l'un d'entre eux, nageait, trouble et lointain, le visage éblouit de Louis, un petit d'homme.
Mais, nom d'un Playmobil, se demandait l'enfant, d'où pouvaient bien venir une telle quantité de chaussons et tous identiques, par-dessus le marché ?

Les cheveux en bataille du petits garçon formaient des épis aussi pointus que ceux d'une feuille de houx ponctuée par un nez rond et rougit à force de rester appuyé sur la vitre, avant que ses deux papas ne viennent y ajouter les baies, non moins érythrocarpes, de leurs lèvres gourmandes.

Bon, il réglerait cette question une prochaine fois, en attendant, il avait trop envie de bisous et ces deux-là étaient bien décidés à lui en donner autant qu'il en voudrait ce qui tombait à pique... Louis raffolait des bisous.

Le menton de son papa Maxime était roux comme une escarbille de cheminée à la braise incandescente qui roulait au-dessus des deux tétons roses d'un torse rufus, toujours nu, et balayés d'yeux whiskys. Son papa Théo lui avait le menton façon large boule-de-Noël toute gainée de cuir et de fossettes sous des yeux de cristal mangés de bleu, un granité d'améthystes bordé de cils blonds. Ces deux là riaient tout le temps, lorsque l'un ne m'embrassait pas, c'est l'autre qui s'y mettait, et quand j'échappais à leurs câlins fusionnels, c'est à l'autre qu'ils les faisaient. Ces deux là étaient fait pour l'amour, pour que notre famille soit plus heureuse de jour en jour. Notre joyeuse famille était si complète et si permanente, que la question-même de sa structure ne se posait jamais qu'à ceux qui n'aimaient pas autant.

Noël était déjà bien avancé et, si je n'avais certes pas la taille du petit Jésus, j'avais celle de toute la crèche dans laquelle il dormait paisiblement à ceci près qu'à tout prendre, je préférais à sa paillasse, le lit qui me servait de navire, de nacelle de montgolfière.

Peut-être que ces chaussons étaient des invendus jetés par les magasins négligents des Grands Boulevards du ciel ? poursuivait l'enfant que la question taraudait visiblement. C'est vrai quoi, ils étaient si légers, si langoureusement soyeux qu'il se demandait s'ils avaient pu être chaussés un jour, ne serait-ce que le temps d'une matinée, par un petit pied tel que le sien ? Ce fut un de ses grands-parents qui lui apporta un jour la réponse qui lui parue longtemps la plus crédible :

_ « Les flocons de neige étaient des bisous non distribués destinés à fondre sur la joue de ceux qui les recevaient et ce, soit en filament d'étoile, tels que se présentaient les flocons seuls, soit en pelotes jetées par les enfants. ».

Quelle chance se disait Louis pour ceux qui sont dehors ? Et quelle chance pour celles et ceux qui comme moi sont dedans, que d'avoir deux mamans ou papas qui nous les fabriquent inlassablement « Vous êtes de sacré.es bosseur.se.s ». Louis trouvait juste dommage qu'autant de bisous ne soient pas distribués et qu'une telle quantité reste parterre.

_ Oh mais, ils ne sont pas perdus, le rassuraient ses grands-parents, ils ne tombent au sol que pour embrasser la terre.

_ « Moi, disait Louis, j'aime les bisous rouges de mes papas et les bisous blancs de la neige. Les chauds et les tous froids et particulièrement ceux bien froids immédiatement remplacés par les tous chauds de Maxime et de Théo lorsqu'ils m'embrassent par-dessus. ». Et il faut bien reconnaître que certains flocons fondaient au contact des lèvres charnues des deux hommes bien avant qu'ils n'aient eu le temps de fondre sur la joue de l'enfant.

_ Tu es un petit garçon avisé. Disaient ses mamies.

_ Tu es un petit garçon malin. Disaient ses papys.

_ Tu es notre petit garçon. Disaient ses papas.

Pour l'instant il n'était pas question de sortir avec ce froid de canard dont l'expression venait de la période qui figeait leurs lacs et les faisaient se résoudre à entamer leur migration vers le Sud ; en attendant, tous les orteils de la maisonnée étaient quant-à eux gaillardement bien à l'air et Louis était persuadé que les trois gars qui y déambulaient, arboraient tous... une couche-culotte ! Elles n'étaient juste pas rembourrées du même côtés, Louis n'avait pas remarqué ce détail mais Maxime et Théo eux, semblaient apprécier cette différence.

Devant le sapin de Noël, les trois nombrils de leur ventre nu se confondaient avec les étoiles creuses accrochées dans l'arbre, en leur centre partait, égueulée d'or, de marbre ou de rouille, une druse scintillante qui se prolongeait en pointe comme l'aiguille d'une boussole. Celui de l'enfant se marquait d'un doigt d'ange, une goutte dans un bol de lait, peut-être-même la larme d'un oiseau ne trouvant plus sa mère, alors que celui des deux hommes, lui s'ourlait de vairs blonds et viriles sur des gouffres larges, et des cuivres à brusc dont les genêts servaient à l'artisanat délicieux de leur balai d'hommes perfectibles.

 

_

dimanche 9 Janvier 2022 par Alain Cabello-Mosnier
(poète gay & masseur à Paris) ⚣

Note de proximité poétique : 17/20
Il s'agit d'une note purement subjective que j’octroie à mes textes.

 

 

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