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POÉSIES HOMOSEXUELLES : Gay, Lesbienne, Trans, Bi
30 juin 2022

⏏ L’homme dont-on voyait à travers

⏏ Synopsis : Crime poétique en vers de 10 pieds. Durée 2:38.

J'ai donc imaginé un homme d'une infinie beauté qui venait se faire masser et à travers lequel on pouvait voir les mécanismes les plus fins, les couleurs les plus douces, la perfection la plus aboutie. Un jour, par jalousie, je le précipitais dans la mort.

 

L’homme dont-on voyait à travers, texte intégral.

 

J’eus un jour à masser les transparences

D'un homme dont-on voyait à travers

Qui de toujours avec force prudence

Mouvait sa frêle économie de verre

 

Ses organes formaient mille couleurs

Spectre de toute son anatomie

Irradiant une douce langueur

hypnotisante radiographie

 

D'une vulgaire silice épanchée

Dans les entrailles d'un four rougeoyant

Avait finit par laisser s'échapper

Cet homme joliment iridescent

 

Son cœur provenait de chez Baccara

Ses deux reins, guillochés à Saint-Louis

Ainsi pouvait-on voir tous ses abats

Soufflés par les plus belles verreries

 

Il fallut les plus grands souffleurs de verre

Leur infinie patience et maîtrise

Des siècles d’art à ces fines viscères

Pour qu'elles papillonnent et s'irisent

 

Sous sa peau de jade et de verres blonds

Courait un fin réseau de veines roses

Notre Arlequin à la treille de plomb

Mariait le silicate et l'orthose

 

Ses mains fraîches comme le Pacifique

Présentaient doigts et paumes de verres

Des veinules plongées dans la baltique

Parcouraient ce singulier planisphère

 

Un jour pourtant je le fit chanceler

Le bousculais, affreuse inadvertance

Je ne voulais pas le faire tomber

En tout cas pas en toute conscience

 

Pas volontairement, pas comme ça

Je méprisais la beauté de sa vie

Ses mouvements empruntés, délicats

Mièvres reflets de millefiori

 

Il me regarda tout en basculant

Coupé d'effroi précieux Murano

Je revois son ralenti de vivant

Qui fit du carrelage son tombeau

 

Dans sa chute qui n'en finissait pas

Ses yeux prirent le temps de se fermer

Pour une fois qu'un poète pourra

Dire que sciemment il a trucidé

 

Tout autant cette ode filée de vers

Écrite pour la mémoire d'un crime

Que cet exubérant homme de verre

Tous deux sombrant à jamais dans l'abîme

 

Par le poète queer ⚣ Alain Cabello-Mosnier

Le mardi 6 juin 2017 à Paris

 

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Commentaires
H
"Homme au travers duquel (through which) on voyait". C'est comme ça qu'il faudrait dire grammaticalement. Désolé pour le poème qui en serait perturbé. Maintenant je le lis, j'en ai bien envie. J'ai été attiré dans le blog par son sujet général et sur la page de ce poème par la construction de son titre. On pourrait dire "l'homme dont (whom) on voyait, à travers une crinière noire, les yeux impudiques". Dont est C. O. I. ou complètement DU C. O. D. du verbe de la relative. Poésie sauvage vaut mieux avec une coquille ou une entorse aux bonnes règles que synthèse de réunion sans faute. Feu doux sur toi, poète, cet été. Et huile d'olive sur tes amours.
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