Le Paradoxe de Zénon
_ Synopsis : Texte sur le massage.
Un masseur doit être doué de la capacité infinie d'être miroir et conscience, il observe l'inexistence des autres, incapables par nature de se voir dormant et sublimés dans leur absence par une séance qui alors les dédoubles. Il devient une projection astral, la licorne dont on rêve pour soi et avec soi, un mixe entre l'enfance et la souffrance suppositionnelle à devoir se laisser aller pour disparaître dans la mains d'un faiseurs d'attention.
De son rouet de pénombre file le temps à partir de la pelote de peau molle qui dort à ses pieds. Si le souvenir est une pensée contrariée par la mémoire, le masseur est alors celui qui, à cet instant précis, se souvient de vous dans une mémoire sans contrariété. Voilà, c'est cela le temps en massage, le Paradoxe de Zénon, vous ne rattraperez jamais par le silence ce que vous avez abandonné à la parole. Zénon parle de la distance, moi je vous parle de celle qui vous éloigne d'un idéal de repos qui fut autre que la mort et le ponton ultime de ce qui vous rattache encore à quelque chose.
Ainsi, à chaque fois que vous avancez vers le massage et ses impératifs de relaxation, la relaxation s’amenuise par le temps qu’il vous reste parce que ce n’est au temps qu’il faut vous raccrocher mais au renoncement d’éternité.
Le sentiment d'échec sans doute consubstantiel au massage est de n'avoir pu ni ralentir le temps, ni prolonger celui qui restait, mais les reliquats de toute puissance qu'il conservera toujours sont dans sa capacité créatrice et quasi enfantine d'amplifier le subterfuge, il n'est pas ralenti, il est étendu, élastique.
▌Mercredi 5 février 2020 - Paris
Alain Cabello-Mosnier (poète gay & masseur à Paris) ⚣