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POÉSIES HOMOSEXUELLES : Gay, Lesbienne, Trans, Bi

‒ Marbodius de Rennes (1040-1123)

POÈTES HOMOSEXUELS FRANCAIS

Marbodius de Rennes (1040-1123) ou encore Marbode, anciennement Marbœuf, (en latin Marbodus), né vers 1040 et, après s'être retiré à l'abbaye Saint-Aubin d'Angers, où il reprend l'habit monastique et meurt le 11 septembre 1123 à Angers où il aura été évêque de Rennes de 1096 à sa mort.
L'écolâtre Marbode accède au siège épiscopal de Rennes après le mariage du duc de Bretagne Alain IV Fergent avec Ermengarde d'Anjou, dont il fait partie de l'entourage.

Ce qui nous intéresse ici ce n'est pas son parcours ecclésial ni la graduation des degrés de l'escalier épiscopal qui l'aura hissé dans l'histoire, par contre, ce qui serait de nature à plaire davantage à mon gaydar, ce serait de connaître le nom des garçons que son imagination se prenait à convoquer lorsque ses yeux observaient plume et feuille lors de ses compositions poétiques. Alors bien sûr on ne le saura probablement jamais, par contre, sur la nature du sexe de celui ou de ceux auxquels il pensait, là j'ai quelques informations que mon esprit déviant et pourrit par le vice ne va certainement pas se priver de vous communiquer.
Je suis tellement pressé de décocher mes toutes premières flammes de vouivre "dont le corps est souvent de feu", que je n'y mettrais même pas d’armoiries, de formes littéraires. En effet, n'est-ce pas cruellement vengeur pour nous LGBT et délicieusement ironique pour l'institution religieuse, de voir en tête de liste des POÈTES BISEXUELS FRANCAIS que je dresse, cet équivoque évêque faisant de la braie des autres le labret de ses lèvres ? Vous voyez ce que je veux dire ? Je vous parle de la fibule de la bite, de de de de cette épingle de chair que l'on enfonce dans nos linges de maison afin que notre toge ne disparaisse pas dans les brumes de l'impudeur lorsque quelqu'un s'avise de nous la soulever pour en vérifier les vignes jusqu'aux brans même de nos lunes.

Marbodius semble avoir aimé indifféremment hommes et femmes puisqu'il laisse derrière lui tout un florilège de poèmes très explicitement érotiques aussi dédiés à la gente féminine à moins que ce ne soit qu'un stratagème de plus pour dissimuler l’intérêt manifeste qu'il portait à la joliesse des hommes de son temps.

 

Si l'homosexualité n'a toujours pas d'évêché, les évêchés eurent leurs lots d'homosexuels.
ou, la trilogie des trois évêques

Comme pour les produits de contraste utilisés en imagerie médicale, il existe plusieurs manières de repérer les plus légères particules élémentaires lgbt dans un parcours quelconque en observant, ici une correspondance, là d'éventuelles rumeurs d'invertisme, l'absence de partenaires du sexe opposé (fiable et sur toute sa vie), un texte, une chanson, un poème, une œuvre d'art allusive, les procès minutés, les condamnations éventuelles, les publications journalistiques, mais on n'imaginerait pas aller chercher dans les archives des évêchés, et pourtant, je viens de vous dégoter trois évêques pour le prix d'un seul, tous parlant d'homosexualité.

La genèse de cette découverte qui en sera sûrement aussi surprenante pour vous qu'elle le fut pour moi, c'est une restitution de texte de Artfang David Roux avec lequel j'ai parfois des échanges passionnants tant il ne rechigne ni au texte, ni à la prolixité des détails et des sources. Il mentionnait parmi d'autres ce personnage mais associé au terme de "poésie". Je suis donc immédiatement allé sur Wikipédia où je lu ce qui a l'art de me mettre en mode LGBTiquement vénère : "Si Marbode écrit des poèmes homoérotiques, il n'existe pas de preuves qu'il ait lui-même eu des relations homosexuelles. Cependant, il était notoirement proche d'autres hommes connus pour avoir écrit des poèmes parlant d'homosexualité, notamment Baudri de Bourgueil (vers 1045) et Hildebert de Lavardin (1056-1133) [tous évêques], à qui il dédie bon nombre de ses œuvres." Au passage donc, la célèbre encyclopédie me livrait ainsi deux hommes d'église empilés l'un sur l'autre et en même temps, ah je ris, je ris, de les voir si convenus derrière leur miroir hétéro-déformo-condéscendant car, dans les fait, ce n'est pas Wikipédia qui rédige ce qui s'y trouve, mais des hommes et des femmes aux convictions religieuses, politiques, parfois marquées. Se basent-ils sur des sources fiables pour affirmer cela ? Sont-ils des universitaires à l'objectivité scrupuleuse ou des croyants contestant le fait homosexuel ? De plus, affirmer qu'"il n'existe pas de preuves qu'il ait lui-même eu des relations homosexuelles" ne signifie ni qu'il n'en ait pas eu, ni qu'il ne l'ai pas été, que les organes sur lesquels son œil s'est un peu trop régulièrement arrêté pendant les offices n'étaient pas toujours les pieds du Christ, et qu'il existe entre l'orgue et la bite des similitudes qui font que, lorsque l'on ne pense sincèrement qu'à l'un (au Christ "transpercé"), on écrit pas sur l'autre (la bite "transperçante").
Avoir ou ne pas avoir de relations sexuelles n'empêche pas l'orientation de se formuler inexorablement, mais, quoi que l'on affirme, l'orientation n'est jamais sans lien avec la nature des écrits que l'on commet et ce, surtout lorsqu'ils sont récurrents. Si ces scories scripturales persistent, si la loupe de dentelière amène son halo sur les textes que nous recherchons, c'est peut-être bien parce qu'ils ont existé.

Les évêques ne furent pas à la traîne avant Latran.
Je rappelle accessoirement que les mœurs de l'église du XIIe siècle ne sont pas celles d'aujourd'hui. Hormisdas (514-523), avant de recevoir les ordres se marie et son fils devient, par la suite, pape sous le nom de Silvère (536-537). Plus contemporain de Marbœuf, Jean XVII (1003) fut le père de trois jolis poupons qui devinrent les trois petites poupées du Vatican (tous prêtres).
Si le Synode de Latran (1059) mettra un terme aux mariages officiels, il ne stoppera ni l'érection sous la soutane, ni la facilité déconcertante avec laquelle nos communautés masculines savaient se montrer complaisantes et bon public avec elle-même. Ce "synode" (qui est un organe consultatif à destination du pape contrairement au "concile" qui associe les évêques à la décision) condamnera la simonie et surtout le nicolaïsme qui désigne, surtout dans l'Église latine du Moyen Âge, le concubinage, tout commerce sexuel, le mariage, ou encore le fait de prêcher la luxure, ce que notre évêque ne respectera visiblement pas.

Je tire de L'homosexualité dans l'Europe Médiévale par Tobias Lanslor Ed. Cambrige Stanford Books ces quelques exemples d'homosexualité chez Marbodius de Rennes : "Un beau visage exige un bon esprit et une âme qui cède... Cette chair est si lisse, si laiteuse, si sans tache, si bonne, si glissante, si belle, si tendre. Pourtant, le temps viendra... quand cette chair, chère chair de garçon, n'aura plus de valeur... ne tarde pas à céder la place à un amoureux passionné". Pour l'instant, aucune trace de poème coquin ou de rimes sur le vice florentin _en Allemagne, dès le Moyen Âge, le verbe florenzen, dont la racine est Firenze, était employé comme synonyme de sodomiser_.

Que sait-on de l'amour homosexuel en France au XIIe siècle ? Déjà il faut vous rappeler que l'homosexualité en tant que terme n'existe pas, donc l'on parlera davantage de "bougrerie", de "sodomie", entendez toutes pratiques impliquant deux hommes et pas nécessairement l'acte exclusivement anal et pénétratif auquel il est aujourd'hui réduit et que l'église qualifiait joliment de, péchés silencieux. Néanmoins, prendre une femme par derrière, est aussi sodomique et vu comme un des nombreux contraceptifs que permet le corps mais pas l'église. Néanmoins, si c'est interdit pour les deux sexes, ça reste réversible dans l'hétérosexualité, alors que forniquer avec quelqu'un de son genre, c'est installer dans la durée l'échec de la génération. Comme de bien entendu, ce n'est pas parce qu'il n'y avait pas de gay prides, qu'il n'y avait pas de désirs entre personnes de même sexe et pas d'actes, l'homosexualité existe a mundo condito.

Lisez la poésie de François Villon (1431-1463), alors qu'il est encore plus tardif que notre évêque est déjà incompréhensible, mais quoi que l'on en dise, la langue de Marbode était certainement plus différente que ce que les gens faisaient avec celle qu'ils se fourraient dans la bouche ou dans le cul, que ce soit dans les étuves, les étables, les champs, les buissons, sur les paillasses, bref, partout où l'amour, le besoin et le viol pouvaient se glisser et s'assouvir.

C'est bien connu, nous adorons faire l'amour avec toutes sortes de trous-du-cul, c'est ce qui nous distingue, et probablement la plus agréable des vengeances puisqu'elle ne fait de mal à personne et jouir tout le monde. Dans les campagnes on ne s'en formalise pas plus que cela, c'est juste la nature qui s'éprend de la nature et de la même manière que l'on a vu des paysans baiser leurs animaux d'élevage (Cyparisse ne pleure-t-il pas la mort de son cerf ? Allégorie hautement homoérotique issue de la mythologie grecque), pas de raison de se priver d'un garçon de ferme disponible ou pas qui soit issu de son espèce, ou de l'orphelin égaré sur lequel ne veillait plus aucun parent et qu'un protecteur de passage caressait tout en le faisant abondamment couiner, corail aux lèvres.
Ça c'est pour le bucolisme du côté jardin, mais côté cour, les villes segmentaient aussi de plus en plus péniblement (pour les libertés privées) l'espace public ce qui aboutissait à perclure ou à délimiter celui de l'individu. Et je ne vous parle que d'urbanisme car à cela il faut ajouter le pouvoir régalien et
religieux qui venaient tour à tour brimer l'individu. Seulement, les moments endo-sexe n'étaient pas rares, ce qui l'était, c'était d'avoir un lit pour soi tout seul, ou même l'une de ces immenses louches de cuivre pour baignoire qui ne soient pas la rivière ou le fleuve dans lequel venaient se jeter tout les hommes des environs pour s'y baigner. Nul n'est besoin de préciser qu'à plusieurs, les pugilats affectueux et autres regroupements curieux prenaient souvent un caractère clairement confusif. Dans la fable hétéro Loup ET l'Agneau que l'on récite aux enfants, les homos préfèrent Le Loup EST l'Agneau raconté aux adultes, et si les premiers sont au coin du feu en train de trembler, les seconds sont sur le tapis en train de se réchauffer.

L'homosexualité dans les écrits du XIIe siècle
Si vous avez toujours aussi peu de gens pour se conformer aux règles c'est peut-être parce que très peu de règles cherchent à se conformer aux gens. Alors bien-sûr ils se disent que si ce qu'ils ont fait est interdit, il suffit de ne pas le dire, ce qui revient à synthétiser le tabou, puisqu'ils finissent par se persuader qu'ils ne l'on pas réellement fait. Sans compter que la culpabilité le disputant inextricablement à la satisfaction, il y a toujours moins de risque de se faire prendre que de plaisir à l'avoir été...


Concernant homosexualité dans les écrits du XIIe siècle, là c'était plus délusoire, il fallait naturellement finasser. En ce temps là, ni le papier qui n'arrive qu'en 1056 en Al-Andalus (l'Andalousie actuelle au sud de l'Espagne) à Xàtiva, ni les procédés d'imprimeries (la
Bible de Gutenberg date de 1455) ne sont connus des occidentaux. Le vélin est cher, peu de gens savent écrire et les livres édités parlent de droit, de religion, de médecine mais certainement pas d'homosexualité. Les religieux disposent, et de l'érudition nécessaire pour formuler sa pensée par l'écrit, et du matériel qui permet sa diffusion, ce qui explique que Marbodius de Rennes, Baudri de Bourgueil et Hildebert de Lavardin aient pu laisser quelques traces bénurées de leurs incandescences discrètes et encore, beaucoup furent sûrement détruites. N'oubliez jamais, chèr-es contemporain-nes de vos époques que de la plus fluette flamme de nos chandelles en passant par nos plus illustres incendies, qu'il s'agisse d'âtres domestiques ou de bûchers politiques, ce sont bien ces institutions de flammes qui contiennent le plus de bibliothèques aux inédits de feux.

Dans cette trilogie des trois évêques, nous avons rien moins que trois hommes d'église qui, à un haut niveau, même s'il s'agit de littérature privée, se trompent allègrement d'encensoirs et lancent à la volée leur goupillon gorgé de spermes dont quelques gouttes nous sont ici parvenues sous forme de textes, d'allusions à peine voilées. En fait, il fallait juste y goutter et en effet, je vous le confirme, c'est bien du sperme même si ceux qui l'évoquent tentent de nous le faire passer pour de la nacre _si ça en est je suis le patriarche de Constantinople_ et, vu la quantité de nacre dans laquelle j'ai baigné toute ma vie, il est souhaitable pour le grand homme que je ne le soit pas.

Comme le sujet rejoignait à la fois le "tabou" que concrétisait les non-dits, mais aussi le péché en tant que crime religieux, il a bien fallu composer jusqu'aux papiers peints du fine Amor, entendez de l'Amour courtois. Mais que représente cet excès de prudence ? Le fine Amor est l'expression la plus abouti de idéal amoureux en opposition avec l'union maritale, irréfragablement hétérosexuelle puisque consanguine par ses références bibliques. Que l'on mette devant son sexe, des mains, des feuilles ou des mots, le passage est compliqué par l'irruption des autres. La femme cache son prieuré à l'homme, l'homme son campanile à la femme et eux deux ne peuvent découvrir de l'autre que ce que la complicité et le désir consent, alors qu'il est bien connu que deux hommes ou femmes ensembles n'ont plus rien à expliquer.
Dans un contexte littéraire, il suffit de multiplier les tropes, de parler d'une amitié idéale entre deux hommes, d'une indéfectible amitié comme celle qui lie Achille à  Patrocle. D
ans Tristan et Yseult, le roi Marc déclare au héros :
« [...] pour l’amour de toi, je veux rester toute ma vie sans femme épousée. Si tu m’es fidèle comme je te serai fidèle, si tu m’aimes comme je t’aime, nous vivrons heureusement notre vie ensemble. ».

Dans un papier d'Hétéroclite du 14 mars 2017 par Yannick Mur intitulé Tristan et Isolde”, un amour contre-nature, il rappelle cet article de 1979, Le Roi Marke, Kurwenal et Melot ou trois évangiles de l’homosexualité wagnérienne, paru dans la revue Obliques – Numéro Spécial Wagner -1979) et de Jean-Jacques Nattiez dans son Wagner androgyne, dans lequel le musicologue Philippe Olivier proposait une lecture originale de cet opéra. En s’appuyant sur la correspondance de Wagner, sur son mode de vie, sur ses amitiés masculines (surtout celle avec le roi Louis II de Bavière), mais aussi sur le livret et la musique, Philippe Olivier, convaincu de l’homosexualité du compositeur, analysait Tristan et Isolde sous l’angle des amours masculines contrariées. J'aime beaucoup ce titre d'Hétéroclite Le roi Marke, Melot et Kurwenal : tous amoureux de Tristan ?, mais bien-sûr que tous veulent lui baiser la lune.

La censure patriarcale aura toujours beau jeu d'avir le propos, elle est aujourd'hui débordée de toute part et plus rien ne nous empêche d'aller à l'essentialité du sexe. Après, vous pouvez toujours argumenter en disant oui mais il ne l'a peut-être pas sucé, c'est symbolique... Non, moi je vous le dis, il l'a sucé et si ce n'est pas lui, c'est le moine d'à côté qui s'est mis au tricot avec la grosse aiguille des autres mais que vous le vouliez ou non, que vous en soyez ou pas, si vous abordez la thématique de l'homosexualité, si vous en parlez, c'est que ça vous travaille dans un sens ou dans un autre. Sapiens n'écrit pas sur ce qui ne l'intéresse pas, et lorsqu'il se contraint à la convocation douloureuse de la rime, qu'il ressente le besoin de comparer son sexe à l'arbre irminsul, au vieux donjon, à l'église maudite que frappe le vent ou que cercueils frappent contre cercueils poème lesbien de 1178, c'est que l'absolu vient sous nos yeux contrarier l'absintheur. L'interdit est aussi la conjugaison des possibles et là, ce que la religion prohibe en terme de plaisir, de sexualité, au-delà de l'homosexualité, trois évêques viennent l'animer de l'intérieur. Avec ce texte, nous entrevoyons la faible lueur de leur chandelle à travers les cives de leurs fenêtres.

Liste de poètes ayant occupé des fonctions ecclésiales, homosexuels ou bi (hétéro si les poèmes sont LGBT)Eloy d'Amerval (1455-1508) ; Baudri de Bourgueil (1045-1955) ; Hildebert de Lavardin (1056-1133)

 

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