‒ Sebastian Droste (1892 ou 1898-1927) All.

Sebastian Droste, (1892-1927), (né Willy Knobloch en 1892 ou 1898 à Hambourg, mort dans la même ville le 27 juin 1927 était un danseur, acteur et poète allemand lié à l'underground et au milieu homosexuel berlinois des années 1920. Son nom d'emprunt est tout un poème puisqu'il lie l'origan et la marjolaine.
En effet, Droste est une allusion directe à la toxicomanie puisqu'il signifie origan, herbe médicinale appelée au Bas Moyen Âge mariolaine (marjolaine), c'est-à-dire petite image sainte de Marie, et qualifiée de remède majeur  moins sainte que la personnalité mystique qu'elle incarne et qui, elle sera plus vierge que Sebastian n'aura su le rester.
Ci-contre nous le trouvons photographié par Francis Joseph Bruguière (1879-1945)

En 1922 ou 23, il éprouve brièvement la sulfureuse Anita Berber (1899-1928) actrice et danseuse bisexuelle (qui entretiendra nombres de liaisons saphiques, notamment avec Marlene Dietrich), elle finira par épouser, quinze jours après l'avoir rencontré en 1924, le danseur américain Henri Châtin Hofmann avant de mourir à 29 ans dévorée par l'alcool et la drogue.
Petite aparté lesbienne, elle posera lascivement avec la sculptrice et graveuse allemande Renée Sintenis (1888-1965), deuxième femme élue à l'Académie des arts de Berlin qui sera rangée parmi les artistes dégénérés par les nazis. Si je fais cette incise, c'est que j'adore les couples gays qui se font enterrer ensemble. A la mort du mari de cette Renée en 1942, elle se retire avec sa bonne, Magdalena Goldmann... Elles deviendront tellement intimes qu'elles resteront ensembles dans la mort, lesbiennes et unies jusque dans leurs ossements.

Sur cette photo nous entrevoyons son merveilleux pubis, les franges de son écharpe sur ses bruyères, posant devant l'objectif d'un homme tout aussi mort que lui comme le sont désormais tous ceux qui marchent à cet instant dans la rue. L'immeuble lui-même n'existe peut-être déjà plus, détruit par les bombes des Alliés en 39/45. Lorsque l'on est un hyper sensualiste comme moi, un masseur plus que passionné, un poète, c'est toujours troublant de scruter l'intime de ceux qui ont aujourd'hui disparu.

Sebastian Droste publie sa poésie dans le journal 'Die Sturm' en 1919 et c'est avec plaisir que j'ai tenter de lui redonner vie par ce court encart, ne serait-ce qu'un frêle instant, avant que je ne devienne à mon tour l'archive d'un autre qui sera l'archive d'un autre, qui sera l'archive d'un autre...
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Alain Cabello-Mosnier
23 juin 2023