‒ Jean-Paul Daoust (1946)
Jean-Paul Daoust, né à Salaberry-de-Valleyfield le 30 janvier 1946, est un poète et essayiste québécois. Jean-Paul Daoust a publié une trentaine de recueils de poésie et deux romans depuis 1976. Il a collaboré à de nombreuses revues de poésie et a lui-même dirigé la revue Estuaire de 1993 à 2003. Chroniqueur de poésie pour Télé-Québec puis Radio-Canada, il est membre de l'Union des écrivaines et des écrivains québécois. Il est le poète en résidence, depuis août 2011, de l'émission Plus on est de fous, Plus on lit ! sur Radio-Canada.
La poésie homosexuelle de Jean-Paul Daoust, j'ai trouvé ce texte qui est
J’avais un fantôme dans le cœur
Sans cesse je murmurais son nom
Une prière pour nous exorciser
Je le traînais tout le temps
Du lit au bar j’essayais en vain
De le noyer dans l’alcool la fête
La luxure les voyages
Il restait toujours là
De l’autre côté du miroir
À me narguer
Souvenir virtuel tellement live
Alors j’ai décidé d’essayer de vivre avec
Mes yeux comme des valises fermées
Sur son image tatouée à l’envers des paupières
Mais je ne m’habituais pas à sa présence continue
Où était donc le corps tant convoité ?
La chaleur de ses yeux le parfum de sa voix ?
Et la douceur oh ! la douceur de ses lèvres ?
Les années ont passé
Comme dans une chanson de Dalida
Il restait là
Occupant toutes les chambres de mon cœur
Je ne savais plus où aller
Pour goûter un peu de répit
Il me dictait des poèmes
Que les autres s’appropriaient
Il était l’ombre grise de ma solitude
La nef d’une cathédrale infernale
Parfois l’écho rose de son rire me surprenait
Quand nous étions dans la douche
Moi qui chantais Gigi l’Amoroso
Comment le rejoindre ?
Traverser le Styx ?
Pourtant ce fantôme-là existait
Ailleurs dans une chair triomphante
À chaque battement de cœur la folie me menaçait
Alors les dépressions se manifestèrent
Avec leur cortège d’émotions maudites
Son fantôme restait là
Fidèle au poste à me tourmenter
J’étais devenu une crypte digne de Roméo
Puis un jour le fantôme disparut
Pour réapparaître à mes côtés
Plus arc-en-ciel qu’un collage de chakras
L’enfer s’était éteint
Le ciel dehors devenu mien
Comme lui
À en douter de la réalité