‒ Jean Ristat (1943)

Sa page wikipédia nous dit qu'il est né le 1er juin 1943 à Argent-sur-Sauldre (Cher), qu'il est écrivain, un directeur de revues, un éditeur français et un poète homosexuel, ce qui tombe bien puisque c'est justement ce que cette page tente de référencer.

Jean Ristat est toujours directeur des Lettres françaises, le supplément littéraire du quotidien l'Humanité du Parti communiste français tout du moins jusqu'à cette fin août 2021 mais aussi un ami proche d'Aragon (1897-1982 - conscrit avec les poètes homosexuels Gustave Roud et Edmond-Henri Crisinel). Leur amitié passe pour avoir été beaucoup plus qu'amicale et en tout cas suffisamment profonde et durable pour être devenu l'exécuteur testamentaire du grand homme à supposer qu'il en existe de grands puisqu'en regard cela impliquerait qu'il y en auraient de petits, comme sur les tapisseries du moyen âge.
En aparté, le poète communiste Jean Ristat partage les mêmes convictions qu'un autre grand arpenteur du communisme, lui aussi poète homosexuel, sinon sur le même période, en tout cas sur une partie non négligeable du siècle qu'il partagea avec l'étonnant Daniel Guérin (1904-1988).

Basilica major et minor des homosexualités aragoniènes et ristatiennes.

Le son de cloche tenant à la répartition des homosexualités varie comme souvent selon les allusions et les déductions faites par ceux que ces questions intéressent. Je n'ai pas la version du grand bourdon Emmanuel versus Louis à ce sujet, nonobstant celle que j'ai ne vient pas non plus d'une des fonderies de la vallée mais bien du clocher lui-même à savoir, celui de la basilica minore Jean Ristat. Alors l'homme a démenti la rumeur mais d'une manière si dolente que l'on se demande toujours si c'était volontairement évasif pour en récolter les lauriers venus de l'imagination des autres ou si c'était sincère, entre agacement et indifférence. Il faut aussi reconnaître que la génération de Jean Ristat n'est pas celle des chères têtes, pubis et aisselles blondes que nous sommes aujourd'hui mettant en ligne nos ébats amoureux sans filtre et joignant au moindre message un sextape. A cet âge, la sexualité même htérosexuelle n'était pas un sujet de conversation avec ses parents alors imaginez celle qui concernait l'homosexuelité, non, on cultivait autant la discrétion que l'art de l'ambiguïté, et je rappelle que le bonhomme est écrivain...

En même temps, il faut bien reconnaître que dès que l'homosexualité de quelqu'un est sue et ce, encore plus en période de prohibition, avec une vie sociale un tant soit peu étoffée (j'en ai fais l’expérience), il ne tarde pas à recevoir les demandes insistantes d'hétéro désireux de bénéficier de son retour d’expériences.

Il reste toujours à déterminer le degré ou l'intensité de l'engagement homosexuel des personnes dont on aborde la biographie dès lors que l'on aborde des thématiques telles que celle-ci et donc d'Aragon. Il s'agit de savoir s'il serait fondé de le mettre ou pas d'ailleurs parmi les poètes clairement bi ou, raisonnablement bi, en tentant de retrouver des éléments matériels qui puissent nous mettre en situation de savoir si sa pratique de l'homosexualité était revendiquée, assumée ou discrète, rapportée par des tiers ou découverte après coups grâce aux susurrement des archives, des indiscrétions de papiers.

Selon qu'il est établit que cette homosexualité était ouverte à l'expérience, c'est-à-dire cumulant à travers divers pratiques réitérées ou pas ou limitées à quelques excursions passagères destinées à se faire bouffer la quenouille par quelques chevaliers d'Éon réputés plus conciliants que les femmes puisqu'ils en présentaient l'aspect et la disponibilité des voies anatomiques volontiers à ces l'hétéro-fréquencés en période de fraye pour s'y assouvir, change le notablement relief de nos affirmations. Est-ce un éclectisme sexuel relevant d'un art de vivre ou un échappement, angle de fuite du tabou et quel impact cela à eu sur la production littéraire de la personne ?

Aragon avait été le compagnon ardent d'Elsa Triolet ce qui ne l'empêcha pas d'envoyer cette superbe dédicace à Jean Ristat :

Parce que j’ai voulu te redire je t’aime
Et que ce mot fait mal
quand il est dit sans toi

Louis Aragon

(Dessin de Louis Aragon 1975 à Jean Ristat)

Alors voici un poème de Jean Ristat issus de La Mort de l'aimé, tombeau, Stock, 1998 qui sera réédité dans la collection de poche « Poésie », chez Gallimard, 2008, avec l'Ode.

« Il est trois heures l’horloge s’est arrêtée
Il n’y a plus que le silence
Comme un signet dans un livre inachevé
Tu as la beauté tranquille d’un bouddha
Et la paix des images
Je t’aime »

Jean Ristat – Poème IV : La mort de l’aimé, in « La mort de l’aimé »

Ecrit par le A. CA.-M. le rose (Alain Cabello-Mosnier (1968))

▌Paris

(poète gay & masseur à Paris) ⚣