Canalblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
POÉSIES HOMOSEXUELLES : Gay, Lesbienne, Trans, Bi

‒ 👍 Attila József (1905-1937)

Attila József (1905-1937)

 

Attila József (1905-1937), né le 11 avril 1905 à Ferencváros, un quartier pauvre de Budapest avant de mourir tragiquement le 3 décembre 1937 à Balatonszárszó au bord du lac Balaton. C'était un poète hongrois emblématique d'un certain esprit de révolte politique pour lequel on érigea plusieurs statues, dont une près du Parlement, Budapest, Hongrie.

Il écrira De l'air !, composé avant la Seconde Guerre mondiale pendant le régime dictatorial de Horthy, ce poème fut repris par nombre des révoltés hongrois d'octobre 1956. La même année, il fit la Une de la revue estudiantine Po Prostu publiée de 1947 à 1957.

Son père, Áron József d'origine roumaine était un simple ouvrier dans l'industrie du savon alors que sa mère, Borbála Pőcze, était une tranquille laborieuse des terres hongroises ; le couple donnera naissance à deux filles puis à cet Attila.

Leur condition de vie est tellement précaire que la famille est contrainte de placer deux de leurs enfants, Etelka et lui chez des parents adoptifs avec lesquels cela ne se passera pas idéalement. Sa mère meurt en 1919 à 43 ans, sa sœur Jolán et son mari avocat offre à Attila les moyens de s'instruire dans les meilleurs établissements jusqu'à intégrer la Faculté des lettres de l'université de Szeged.

Poète et traducteur Attila entretenait une relation privilégiée avec la France, sa culture et sa littérature, il adorait Villon mais faisait montre d'une trop grande liberté de ton allant jusqu'à scandaliser un de ses professeurs. Seulement voilà, ce qui dérange l'intelligentsia du Parti Communiste hongrois nous fait rapidement blacklister un peu partout avant d'être définitivement exclu du parti pour crime d'"idéalisme" ». Privé de ressources, il continue à publier tant bien que mal ses poèmes de ses propres deniers, mais à sa déchéance sociale s'ajoute les premières manifestations d'épuisement psychique, puis de  schizophrénie.

J'essaye d'être le plus factuel possible au sujet de son parcours tout en étant partagé à la fois sur le misérabilisme que l'on peut être tenté de mettre en avant pour faire vendre ou lire, et la cruauté de la vie qui correspondait aux standards de l'époque. Là où ça devient systématiquement gênant pour moi, c'est l'estimation du gap qui s'opère entre la peine qu'il eut de vivre de son œuvre et la désinvolture que nous avons d'empocher sans ciller les droits d'auteur auxquels il n'a plus droit puisque tombé dans le domaine public.

A cet instant, je me sens cumulativement un peu criminel, abuseur patenté d'écrivain et aussi gravement immoral que les autres le sont à ne pas disposer d'un mécanisme international permettant de rémunérer, ne serait-ce qu'aux administrations des pays de naissance ou d'adoption, les auteur-rices dont on tire avantage.

L'autre question qui se pose c'est, quelle part de liberté suis-je fondé à me réserver en associant l'écriture d'une personne en la corrélant invariablement à sa sexualité qu'elle à mis beaucoup de soin à cacher et/ou à ne pas vivre au grand jour (lorsque ce ne fut pas à l'origine de son suicide) et de la surjouer, comme j'aime parfois le faire ? Est-ce une atteinte à l'intégrité d'un mort qui n'aurait peut-être pas apprécié d'être décrit comme cela (même si cela n'a plus d'implications sociales ou familiales), ou est-ce une revanche postdatée lui permettant de réinvestir un corps qu'il aurait pu adorer voir détourner. Perso, je sais que mort, j'aimerai beaucoup que l'on continue à me baiser à travers des vers, des œuvres diverses et variées en me faisant boire post-mortem l'urine des autres. Donc là la question est de se demander si il est à la fois légitime, élégant de la rajouter et de jouer avec ?

Attila József

Vie intime

L'homme meurt jeune, à 32 ans, autant dire qu'il est dans la force de l'âge et au fait de sa tout-puissance sexuelle mais aussi de ses interrogations existentielles et ses difficultés matérielles. La photo ci-contre nous le montre le front reste plissé, soucieux et aux prises avec ses propres tourments. En tout cas, je trouve que dans l'amour il devait être très joli à regarder dans tous ses détails de félin noir aux arcades montueuses.

Il semble qu'il ait eut à 23 ans une idylle avec une dénommée Márta Vágó vers 1928, mais que les différences de milieux sociaux ont sérieusement compliqué leur projet d'union. La jeune femme venait d'une famille aisée, ses parents étaient issus d'une intelligentsia hongroise visiblement pas suffisamment éclairée pour tolérer les origines modestes d'Attila.

Des sources homo-fréquencées dument vérifiées

Le Centre Interuniversitaire d’Études Hongroises (CIEH), l'Institut de recherche et d'étude des nouvelles institutions et sociétés à l'Est (IRENISE) et l'Institut Hongrois, avaient organisé entre le 25 et 26 novembre 1993 à Paris, le premier colloque international dédié à Attila József. Les plus éminants spécialistes de son oeuvre étaient là et convoquant les travaux de Georges Baal (1938-2013) avec Refoulement, fantasme, désir — ou réalité ? Un regard indiscret sur le jeune Attila József, l'homosexualité de Attila József, consciente ou non, vécue ou refoulée apparait déjà régulièrement de la page 47 à 54 des écrits du psychologue hongrois.

« ...avec moi les femmes n'ont pas joué, et moi, pendant la puberté, je ne voulais pas jouer avec les garçons » (115, p. 444). Donc là nous avons son témoignage comme quoi, à l'adolescence, il n'a pas joué au docteur hongrois avec son jeune patient de Budapest [ce qui ne signifie pas que le texte n'ait pas subit d’autocensures et qu'il ne s'y soit pas en réalité résolu].

Ou : « j'étais terriblement bête d'avoir écouté maman, de me faire avoir par sa mentalité perverse et refusé de suivre les garçons il est vrai qu'alors les garçons, m'auraient exclu, puisque cet imbécile de Gábor Jobbágy s'est tant moqué de moi à cause de ma "relation avec Sztruhala" ».

Je ne sais pas si l'homme eut aisément et régulièrement accès aux femmes, je ne connais pas son ratio de maîtresses ou d'amants, si les travailleur-ses du sexe lui étaient familiers, mais la prostitution est évoquée à travers une expression péjorative : « mon rectum est grand comme celui d'un cheval » (102, p. 441) moi je préfère ce petit aphorisme de mon cru "avoir le cul en hall de gare et les plus équipés annoncent les trains quand ils arrivent".

La question des orgasmes masculins et particulièrement ceux par voie anale (« coït per anum » en latin dans le texte) s'est visiblement imposée à son esprit suffisamment d'insistance pour qu'il les évoque autant :

: « Aujourd'hui je n'aurais même plus peur du coït homosexuel anal peut-être les hommes ne sont-ils pas aussi sauvages que ce que j'imaginais j'ai peur d'eux aussi, pas seulement des femmes » (N.i.l., 98, p. 441).

Alors c'est pas assez pour déclarer que l'homme était sans conteste, homosexuel, mais largement suffisant pour alléguer d'une part significative d'homo-fréquence. « Aujourd'hui je n'aurais même plus peur du coït homosexuel anal » sous entendu, j'ai souvent pensé à ce que les hommes faisaient sexuellement entre eux, et ce, pas seulement avec leur bouche mais aussi avec le petit trou de leurs fesses puis d'ajouter « peut-être les hommes ne sont-ils pas aussi sauvages que ce que j'imaginais », ce que je décris comme "je donnais à la sexualité gay une dimension violente que je pensais systématique, et voilà que je commence à me dire que ça peut aussi être très doux".

Du coup, la première partie de cette phrase devrait être mise en second parce qu'elle témoigne que l'acte le plus emblématique de l'union entre hommes n'est même plus quelque chose qui lui fait peur. Là il dépasse la question de l'homosexualité en tant que mode de vie pour l'associer à la sexualité entre hommes et encore, la plus expressive de toute. L'anus masculin lui paraît être un milieu plus que viable qui fait sens quand on le pénètre naturellement. Il emploie bien le terme de « coït per anum » qui signifie bien qu'il focalise sur la pénétration par l'anus et sur la masturbation qui s'opère jusqu'au fond du bol rectal, raie en pubis et couilles en miroir.

Qu'il ait eut peur des deux sexes, comme il l'affirme, ne signifie pas qu'il n'en ait sollicité aucun ni évidemment pas qu'il a œuvré avec les deux, trouvant en chacun les commodités de la nature et ses effets de révoltes, mais, celui qui a fini par lui donner du plaisir à très bien pu être celui avec lequel il entretenait la même singularité de genre et que le stylos avec lequel il a écrit fut régulièrement remplacé par le perchoir aux garçons.

C'est pour cela que je préfère parler d'homo-fréquence ou de bi-fréquence  afin que nos allégations communes ne se transforment en affirmations mensongères pour finir par assurer sans conteste que Attila József était devenu le Nomi Klaus (1944-1983) hongrois. Mais affirmer le contraire serait tout aussi faut. Le principe de fréquence permet d'installer toutes les latitudes de la sexualité permettant à la fois au doute d'affirmer son scepticisme qu'aux certitudes de s'affronter avec lui. Quoi qu'il en soit, pédé ou pas, ayant passé à l'action ou pas, sa poésie ne peut pas être qualifiée d'homosexuelle et ce d'autant plus qu'aucun poème de lui ne nous est parvenu sur cette thématique. De plus, s'il en avait écrit, il est probable qu'ils aient été consciencieusement détruits. Aujourd'hui encore, des ambivalences homosexuelles notoires, des conflits intérieurs ont été gommés pour donner à nombre de personnalités une couleur sexuelle conforme à ce que l'époque exigeait d'elle.

Sans pouvoir en être sûr, je le place donc parmi "Ceux/celles toujours en discutions".

 

Auteur de nombreux recueils de poésies comme :

  • A semmi ágán / Aux branches du néant : Poèmes d'Attila József (ISBN 963-472-923-1)
  • Poèmes ; Paris ; Les Éditeurs Français Réunis ; 1961; avec une préface de Guillevic.
  • Dans cette banlieue : 50 poèmes hongrois du XXe siècle – A város peremén: egy évszázad félszáz magyar verse franciául (ISBN 963-218-157-3)
Traductions françaises
  • Poèmes, trad. Ladislas Gara, Corvina / Éditeurs français réunis, Budapest-Paris, 1961, 203 p.
  • Le Miroir de l'autre, trad. Gábor Kardos, bilingue, collection Orphée, La Différence, 1997. (ISBN 9232030985)
  • Aimez-moi, L'Œuvre poétique, sous la direction de G. Kassai et J.-P. Sicre, Phébus, 2005 (ISBN 2-85940-588-7)
  • À cœur pur, Poésie rock, livre-CD trad. de Kristina Rady / CD : voix de Denis Lavant et Zsolt Nagy sur des musiques de Serge Teyssot-Gay, Le Seuil, 2008

 

 

Rédigé le dimanche 30 janvier 2022, Paris par le poète gay Alain Cabello-Mosnier.

 

 

A cet instant, je me sens cumulativement un peu criminel, abuseur patenté d'écrivain et aussi gravement immoral que les autres le sont à ne pas disposer d'un mécanisme international permettant de rémunérer, ne serait-ce qu'aux administrations des pays de naissance ou d'adoption, les auteur-rices dont on tire avantage.

 L'autre question qui se pose c'est, quelle part de liberté suis-je fondé à me réserver en associant l'écriture d'une personne en la corrélant invariablement à sa sexualité qu'elle à mis beaucoup de soin à cacher et/ou à ne pas vivre au grand jour (lorsque ce ne fut pas à l'origine de son suicide) et de la surjouer, comme j'aime parfois le faire ? Est-ce une atteinte à l'intégrité d'un mort qui n'aurait peut-être pas apprécié d'être décrit comme cela (même si cela n'a plus d'implications sociales ou familiales), ou est-ce une revanche postdatée lui permettant de réinvestir un corps qu'il aurait pu adorer voir détourner. Perso, je sais que mort, j'aimerai beaucoup que l'on continue à me baiser à travers des vers, des œuvres diverses et variées en me faisant boire post-mortem l'urine des autres. Donc là la question est de se demander si il est à la fois légitime, élégant de la rajouter et de jouer avec ?

Publicité
Publicité
POÉSIES HOMOSEXUELLES : Gay, Lesbienne, Trans, Bi
Publicité
POÉSIES HOMOSEXUELLES : Gay, Lesbienne, Trans, Bi
  • Blog de Poésies LGBT(PIQ+) ouvert aux poètes gays & poétesses connu-es, débutant-es ou anonymes, trans, putes, mais dans une dynamique homosexuelle. Donc si vous voulez partager un des-vôtres 01 42 59 79 36 poesies.queer@gmail.com Alain Cabello-Mosnier
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Visiteurs
Depuis la création 62 574
Pages
Archives
Publicité