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POÉSIES HOMOSEXUELLES : Gay, Lesbienne, Trans, Bi

‒ 👍 Stephen Spender (1909-1995)

Stephen Spender par Herbert List

 

Stephen Spender, né le 28 février 1909 à Kensington et mort le 16 juillet 1995 à Westminster, est un poète bisexuel, un romancier et un essayiste britannique connu pour ces engagements sociaux en faveur et ses idées sur la lutte des classes. Ses études supérieures le menèrent au University College de Londres puis à University College (Oxford) un des collèges constituant l'université d'Oxford au Royaume-Uni, qui elle-même lui délivrera en 1973 le titre convoité par beaucoup de membre honoraire.
La photo ci-dessus photo nous montre un Stephen Spender pris par le photographe Herbert List (1903-1975) en excellente compagnie masculine. Ils sont tous deux au bord et de l'eau et du plaisir, leur sexe et fesses à peine contenu par la voile d'un maillot de bain gonflé par le vent de nos imaginaires de mecs. Le garçon assis, ses testicules posées sur un rochers, tient sa main posée sur la peau de Stephen. Oh certes, à cet instant-là elle reste sûrement chaude au contact de ses doigts, de sa paume et lui ne s'en aperçoit peut-être même pas, elle est là, juste toute accompagnée des bruits de la mer, seulement voilà, la vie a d'autres histoires à raconter. Quoi qu'il en soit, c'est en tant que poète homosexuel que j'aimerais retrouver ce lieu, baiser cette pierre pour avoir tenue cet ô céans de garçons aujourd'hui disparus...

Études terminées il part pour l'Allemagne et rejoint toute une tripoté d'amis comme les deux poètes homosexuels Wystan Hugh Auden (1907-1973) et Christopher Isherwood (1904-1986), sans oublier Louis MacNeice, Cecil Day-Lewis avec lesquels il participe dès les années 1930 à la création d'un groupe intitulé « MacSpaunday » sorte d'acronyme que Roy Campbell avait formé à partir de leurs noms : MACNeice, SPender, AUdeN, DAY-Lewis.

Stephen Spender croisera aussi le chemin d'Allen Ginsberg (1926-1997) autre poète gay et W. B. Yeats, Ted Hughes, Joseph Brodsky, Isaiah Berlin, Mary McCarthy, Raymond Chandler, Dylan Thomas, Jean-Paul Sartre, T. S. Eliot, sans oublier plusieurs membres du Bloomsbury Group, en particulier Virginia Woolf (réputée bisexuelle mais je ne sais pas si elle a écrit de la poésie comme le fit son amante et poétesse Vita Sackville-West (1892-1962).

 

Bisexualité versus homo-fréquence

Parmi les exégètes de la distribution des sexualités, je ne suis certainement pas le plus assidu ni le spécialiste de celle pour le moins erratique de Stephen Spender. D'ailleurs, il n'est même pas certain que lui-même se soit spontanément qualifié de bisexuel et s'il le fît, je suppose que son affichage variait comme souvent en fonction de ses interlocuteurs et la période de sa vie où celle-ci s'est le plus exprimée. Bi signifie "également parfois homo" et donc cumuler l'absence d'exclusivité non seulement à un individu (pour la vie), mais aussi à aucune sexualité, ce qui oblige à surveiller la personne sur les deux flans. Hétéro et homo segmentent, clive mais circonscrit aussi alors que bi rassemble les pratiques, les cumules, rend plus riche mais disperse également. La bisexualité se pose donc comme une hétérosexualité certes mais résolument excursive (excursus homosexuel).

Que l'on soit clair, dans notre distribution sociologique, l'hétérosexualité étant le mètre-étalon dans un idéal d'exclusion, la bisexualité qui se revendiquerait hétéro-fréquencée, _son point de départ étant celui nativement reconnu et d'ailleurs socialement plébiscitée_ ne présentera pas le même type d'inflorescence qu'une bisexualité homo-fréquencée puisque l'une part de la norme, l'autre d'une digression.

Partir d'une homosexualité des champs pour investir une hétérosexualité des villes ne sera jamais perçu de la même manière qu'une hétérosexualité réglementaire qui part d'abord de son schéma castral classique, pour aller vers des expériences homosexuelles toujours considérées comme plus undergrounds, digressives. L'hétérosexualité est source de félicitations, de clin d’œil complices, d'une réjouissance sincère et partagée dans une sorte de sedia gestatoria accompagnée des hourras de la foule, alors que l'homosexualité, par nature plus éristique, récolte plus d’incrédulités, de gênes ou de désapprobations et son florilège de discrétions plus ou moins conditionnelles. Dans la bisexualité, le versant hétérosexuel pose moins problème lorsque celui-ci est revendiqué au nom d'une escapade homosexuelle récréative que son versant homo-fréquencé qui présente toutes les caractéristiques d'une extravagance formelle, le tacite affichage d'une absence de code connu qui, et quoi qu'il en soit, jamais l'hétéro-curieux n'aura aussi bien mérité l'expression là où le roi va seul, à savoir les chiottes, les PD et les putes.

 

Comment les conséquences d'une éducation britanico-allamande rigide, installe aussi dans la bisexualité les germes d'une homophobie systémique ?

On a pu reprocher Stephen Spender de jouer la carte de l’ambiguïté le faisant parfois passer pour un bisexuel "réprimé", voir un homophobe répondant peut-être de sa part à un mécanisme de défense plus complexe qui doit nous inciter à rester mesuré.

Lorsque notre attirance est l'objet de quolibets de la part de détracteurs, la seule chose qui puisse être raisonnablement vraie, c'est l'effectivité de ce qu'ils nous reprochent mais pas qu'ils puissent le faire ou que nous le méritions. Que l'homosexualité ou l'image qu'ils s'en font soit "mal" dans leur tête ne signifie pas que ça le soit dans la nature et n'oublions pas que souvent, derrière les insultes à caractère sexuel, il y a le reflet de leur propre désir.

Donc, lorsque que j'entends qu'une orientation, un sentiment est "réprimé" par quelqu'un, la première chose que je me demande c'est : "oui mais réprimé par qui ?". Parce que personne ne cache ce que son environnement lui permet librement d'exprimer. Si l'homosexualité est un tabou c'est parce que sa condamnation est aussi le fruit d'un excès de désir refoulé que l'interdit tente de résoudre par la loi, plutôt qu'un dégoût sincère et justifié par l'abjection avérée de nos pratiques qui, sommes toutes, diffèrent peu dans les grandes lignes de celles des hétéro-fréquencés. Si l'invectivé se cache, dissimule, c'est qu'il détecte consciemment ou non un danger. Se taire c'est se méfier des autres, de leurs réactions et des conséquences que cela pourrait avoir sur les intimités plus anciennes que l'on entretient avec ceux-là même qui réprimeraient ce que nous sommes s'ils le savaient (parents, ami-e).

Souvenons-nous que le climat qui régnait en Grande-Bretagne dans les années 30 n’était pas particulièrement favorable aux homosexuels ou aux bi qui en adoptaient les pratiques. Si aucune législation n'était accueillante, certaines étaient clairement moins stigmatisantes que d'autres et l'environnement urbain rendait le quotidien des gays et des lesbiennes plus vivable ce qui n'est probablement pas sans lien avec son départ pour une Allemagne réputée plus permissive.
De plus, La maison de Hanovre fondée en 1692 est une dynastie royale allemande qui se maintient en Grande-Bretagne jusqu'à la mort de la Reine Victoria en 1901.

 

L'homophobie de Spender coïncide aussi avec un idéal arien ambiant

Quand je parle d'homophobie anglaise je parle de lois répressives, de travaux forcés, de pendaison voir la page Wiki dédiée aux Droits LGBT au Royaume-Uni. L'évêque John Atherton (1598-1640), convaincu de sodomie en 1641, est pendu avec son amant John Childe (16?-1640). L'homophobie de la loi anglaise est plus ancienne que Stephen Spender lui-même, donc il est normal que le terreau social dans lequel il grandi l'ai inévitablement contaminé.

StephenSpender-FranzBüchner-1929Beaucoup des amis que Stephen se fera au sortir de ses études étaient homosexuels et l'archive retient que l'homme collectionna pas mal d'amants, en 1929 ci-contre nous le retrouvons follement proche d'un bien joli Franz Büchner.

De 1935 à 1936 il vit en couple avec Tony Hyndman "qu'il appelait Jimmy Younger dans ses mémoires Monde dans le monde World Within World (1951)" Le site glbtqarchive.com écrit qu'après une liaison avec Muriel Gardiner (1901-1985), il se serait plutôt dirigé vers l'hétérosexualité, mais sa relation avec Hyndman a compliqué à la fois cette relation et son mariage de courte durée avec Inez Pearn.

Pour mémoire, remettons la période dans son contexte politique, en 1933, l'Institut de sexologie (Institut für Sexualwissenschaft) fondé par Magnus Hirschfeld (1868-1935), référence mondiale incontestable au sujet des transsexualités et où l'homosexualité tenait une bonne place est détruit.
L'année suivant en 1934, le sinistre
Ernst Röhm, fondateur de la Sturmabteilung (SA) nazie est officiellement exécuté pour homosexualité pendant la Nuit des Longs Couteaux. En décembre 1936 Stephen Spender épouse Inez Maria Pearn (1913–1976) et ses propos contre l'homosexualité deviennent de plus en plus durs au point de passer pour carrément homophobes lorsqu'il se marie avec la pianiste concertiste juive Natasha Litvin (1919-2010) en 1941 jusqu'à sa mort. C'est ironique, bisexuel et homme de gauche, il semble se défier de l'homosexualité au fur et à mesure que le national-socialisme pour finir par épouser une juive dans un environnement européen homophobe et antisémite. Ça me fait penser à un effet Bruce "cognitif" (avorter mécaniquement en présence d'un nouveau mâle) transposé à l'interruption des processus de prises de consciences politiques, transversales lorsque celle-ci est violemment perturbée, puis contrée par l'émergence d'un virilisme exacerbé plus puissant capable de convertir, ne serait-ce que momentanément, aux thèses les plus morbifiques, d'avorter sa pensée.

Dans le cas de Stephen Spender, si cela signe la fin de ses relations amoureuses avec d'autres hommes, ça ne l'empêche pourtant pas d'avoir de multiples aventures avec eux si l'on en juge par les versions non expurgées de ses journaux intimes. D'ailleurs, même dans sa poésie, il semble la réédition de certains de ses poèmes homosexuels, les allusions gays aient été atténuées, passant par exemple de « Quoi qu'il arrive, je ne serai jamais seul. J'aurai toujours un garçon, un billet de train, ou une révolution » à « Quoi qu'il arrive, je ne serai jamais seul. J'aurai toujours une affaire, un tarif ferroviaire ou une révolution ».

Homophobie mais sans militantisme gay

Il n'en reste pas moins que Stephen Spender était aussi un des fondateurs de la Société de réforme du droit homosexuel, qui faisait pression pour l'abrogation de la lois sur la sodomie pénalisant tous les types de rapports sexuels entre hommes. Si l’Offences against the Person Act de 1861 abolit la peine de mort pour le crime de sodomie, celle de 1885 aggrave les actes sexuels entre hommes. Il faudra attendre le rapport Wolfenden sortie en 1957 recommandant que les relations homosexuelles en privé entre adultes consentants ne soient plus considérées comme des délits criminels pour que le droit anglais évolue très progressivement.

Spender n'en poursuivra pas moins l'auteur David Leavitt pour avoir prétendument utilisé sa relation avec "Jimmy Younger" dans Leavitt's Pendant que l'Angleterre dort en 1994. L'affaire a été réglée à l'amiable, Leavitt supprimant certaines parties de son texte.

La photo ci-contre agrémente son livre intitulé Temple (écrit en 1929 mais parut qu'en 1988) avec une autre photo de Stephen Spender également prise par Herbert List (1903-1975).

Stephen Spender - TempleDans ce roman, il raconte l'histoire d'un jeune homme qui quitte une Angleterre sclérosée par le puritanisme notamment envers l'homosexualité pour la liberté d'une Allemagne en train de sombrer dans l'idéologie nazie à la fin des années 1920 évoquant 1929 comme « la dernière année de cet étrange été indien que fut la République de Weimar ».

 

Poésie

Après avoir enseigné dans diverses institutions américaines, il accepta la chaire de poésie Elliston à l'université de Cincinnati en 1954, puis devint en 1961 professeur de rhétorique au Gresham College de Londres. Spender participa ensuite à la création du magazine Index on Censorship et de la Poetry Book Society, et travailla pour l'UNESCO.

Ses premières œuvres sont toutes de la poésie dont certaines reflètent bien ses engagements politiques et sociaux. Là aussi, au fur et à mesure que je lirai sa poésie, je vous la partagerai mais en attendant, voici la liste de celle-ci :

  • Nine Experiments (1928)
  • Twenty Poems (1930)
  • Poems (1933) aborde ses convictions politiques
  • Vienna (1934) ses convictions politiques deviennent plus incisives, c'est un long poème à la gloire des socialistes viennois.
  • The Still Centre (1939)
  • Ruins and Visions (1942)
  • Spiritual Exercises (1943)
  • Poems of Dedication (1947)
  • The Edge of Being (1949)
  • Collected Poems, 1928-1953 (1955)
  • Selected Poems (1965)
  • The Express (1966)
  • The Generous Days (1971)
  • Selected Poems (1974)
  • Recent Poems (1978)
  • Collected Poems 1928-1985 (1986)
  • Dolphins (1994)
  • New Collected Poems, éd. Michael Brett (2004)

Trial of a Judge (1938), est une pièce antifasciste en vers.

 

Stephen Spender 🌈 ᴩᴏèᴛᴇ bi 

Page créée le 20 septembre 2021
Par A. CA.-M. le rose

 

 

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