‒ 👍 John Gray (1866–1934) †† GB

Le révérend chanoine John Gray, né dans le quartier populaire de Bethnal Green à Londres, le 2 mars 1866, décédé à Edimbourg le 14 juin 1934 était un poète anglais homosexuel doublé d'un prêtre catholique amant jusqu'à la mort d'un autre poète homosexuel Marc-André Raffalovich (1864-1934).

Premier d'une famille de neuf enfants, John Gray quitte l'école dans la puberté de ses 13 ans et, malgré son travail comme apprenti métallier à l'Arsenal Royal, il poursuit ses études tout en continuant à prendre des cours du soir afin d'apprendre le français, l'allemand, le latin, la musique et l'art.
En 1882, il réussit les examens de la fonction publique et, cinq ans plus tard, ceux nécessaires pour s'inscrire à l'Université de Londres. A la fin de ses études, il rejoint le ministère des Affaires étrangères où il devient bibliothécaire.

Alors qu'il fréquente les salons de la cultivée Angleterre, c'est en pénétrant dans l'un d'entre-eux fondé par un jeune poète, Marc-André Raffalovich (né à Paris) et qui deviendra parmi les premiers défenseurs de l'homosexualité en Grand-Bretagne, qu'il rencontrera l'amour avec lequel il terminera sa vie.

Gray est plus connu aujourd'hui pour sa poésie dite esthétique fin de siècle, début XXe que pour ses homélies mais il laisse de très belles traductions de l'œuvre de symbolistes français tels que Stéphane Mallarmé, Paul Verlaine (1844-1896) et Arthur Rimbaud (1854-1891) qu'il proposait en anglais.

Le portrait de Dorian Gray publié en 1890 par Oscar Wilde (1854-1900) vous laisse sûrement croire qu'il y a un lien avec ce Gray-ci et bien vous avez complètement raison ou pas car le principal intéressé l'a toujours nié, mais il faut reconnaître qu'entre ces deux là la relation était très intense, en tout cas jusqu'au moment du procès de 1895. En effet, l'évènement fut considérable et la déflagration à la hauteur de ce que Wilde était devenu, à savoir une rock-star, donc ce fut probablement inconfortable pour celui qui souhaitait s'engager dans la prêtrise.

En 1896 son amant Marc-André se convertit au catholicisme romain, comme beaucoup d'artistes de cette époque d'ailleurs et rejoignit le Tiers-Ordre dominicain en adoptant le nom de « Sébastien » (ah, ces gays) pendant que John John en devenait le doux prêtre. Ce qui est irrésistiblement romantique, c'est que non seulement Marc-André Raffalovich lui paya ses études de séminariste mais contribua généreusement à la construction de l'église qu'il devait investir. Installé non loin de lui, ils vécurent ensembles jusqu'à la mort de l'aînée en 1934. John, dévasté par le chagrin, le suivra dans la tombe quatre mois à peine après celle qui lui fit la disparition de son « Sébastien », qu'il rejoignit dans le même cimetière, allongés, côte-à-côte.

Ses publications poétiques

Elles sont soit l’œuvre de sa propre écriture, soit celle de la traduction des autres

• Points d'argent (1893). Poèmes
• Le calendrier bleu (1895–1897). Poèmes
• Poèmes spirituels, principalement réalisés en plusieurs langues (1896)
• Ad Matrem : quatorze scènes de la vie de la Bienheureuse Vierge Marie (1903). Poèmes
• Vivis (1922). Poèmes
• La longue route (1926). Poèmes (contient son poème le plus connu, "The Flying Fish")
• Poèmes (1931)

 Article écrit par le poète gay Alain Cabello-Mosnier
le mardi 24 Mai 2022.