‒ Mikhaïl Kouzmine (1872-1936) RU

Mikhaïl Alekseïevitch Kouzmine (en russe : Mihail Alekseevič Kuzmin) est un poète et un romancier phare des homosexualité, un dramaturge, un critique littéraire mais aussi un novéliste russe né le 6 octobre 1872 (18 octobre dans le calendrier grégorien) à Iaroslavl, il meurt le 1er mars 1936 à Leningrad.

Il faut savoir que Kouzmine s'intéresse d'abord à la mystique, puis à la musique (traducteur de livrets d’opéras) avant d'opter pour la littérature. Il commence par suivre des études religieuses avant de devenir l'élève de Nikolaï Rimski-Korsakov (un des plus grands compositeurs russes de la seconde moitié du XIXe siècle) et d'Anatoli Liadov. A trente ans, il se lance dans une carrière littéraire dite acméiste, un mouvement poétique russe qui a connu son apogée au début des années 1910 sous la houlette de Nikolaï Goumilev et Sergueï Gorodetski.

Ci-contre, Mikhaïl Alekseïevitch Kouzmine (1872-1936) par Constantin Somov (1909).

En 1906, il publie un roman, intitulé Les Ailes, traduit en français en 2000, aux Éd. Ombres dont l'onde de choc sera considérable. En effet, c'était la première fois qu'un écrivain russe, produisait une œuvre abordant de ouvertement l'homosexualité. La critique conservatrice frôla la crise d'apoplexie avec d'autant plus de sincérité hypocritement fautives que nombres de ses contempteurs étaient eux-mêmes probablement homosexuels ou bi, et qu'ils voyaient enfin dans leur diatribes l'occasion rêvée de parler de la perversion des autres tout en ayant l'occasion d'approcher là-leur, de se vautrer dans de coupables frissons. Car enfin, pour écrire sur elle il a bien fallu lire le livre, et en même temps que leur homosexualité s'en délectait, leur image publique s'astreignait à dire l'inverse à savoir, du mal de ce qui leurs faisaient du bien.

Pour d'autres au contraire, il fut une véritable libération à propos d'un sujet qui demeurait sensible et, pour moi, à posteriori, je le perçois comme le clavigero des coming out, le maître des clés du Vatican des orthodoxies gay. Ce livre raconte l'histoire d'un jeune homme qui fait ses expériences aux grès de ses rencontres, découvrant la sensualité, le potentiel de ce que la vie a à lui offrir jusque dans les bras d'autres garçons curieux et affamés. Ce n'est pas pour rien si Mikhaïl Kouzmine fut surnommé par les historiens de la littérature russe le Wilde russe de Petersbourg aussi bien au regard de son talent décalé et provocateur, que par le sort que finira par celer pour lui, destinées et sœurs des gémonies. A l'instar du Grand homme irlandais que perdit idiotement la Grande-Bretagne, il termina ses jours vilipendé par la bien-pensance des sectateurs du stalinisme.

Une poésie homo-dynamique

Si Les Ailes, abordait sans embarra la question d'une orientation différente de la sexualité d’État, le fait qu'il la vive de l'intérieur, de s'y adonner, de découvrir des anatomies diverses et variées d'hommes nus, c'est tout naturellement qu'il l'aborda de la même manière, dans sa poésie. En 1929, il publie La Truite casse la glace (« Форель разбивает лёд ») qui est le plus conséquent de ses poèmes traitant d'homosexualité.

Mikhaïl Kouzmine est plus qu'un écrivain-poète homosexuel, il est celui qui l'amorce dans son œuvre, il en est l'introducteur dans la littérature russe.

Liste de poètes russes homosexuels ou bi : Nicolas Gogol (1809-1852) ; Mikhaïl Kouzmine (1872-1936) ; Nikolaï Kliouïev (1884-1937) Sophia Parnok (1885-1933) ; Marina Tsvétaïeva (1892-1941) ; Georges Adamovitch 1892-1972 ; Sergueï Essénine (1895-1925) ;