‒ Michel Journiac (1935-1995)

  La page reste à créer mais Michel Journiac (1935-1995) fut un personnage homosexuel bouillonnant. Né le 7 octobre 1935 à Paris et mort le 15 octobre 1995 (à 60 ans) du SIDA dans la même ville, il fut un artiste plasticien français particulièrement emblématique de l'art corporel en France allant jusqu'à consommer son propre sang sous forme d'hostie de boudin. Alors on aime ou on aime pas, perso, je n'aime pas du tout à part sa poésie mais qui, même mauvaise aurait eu sa place ici puisque pour entrer dans ce petit Panthéon, il suffit d'être pédé ou lesbos.

  Dans la production artistique qu'il aura laissé il y a de nombreux écrits parmi lesquels une poésie que je trouve très forte publiée dans Le sang nu le 15 mars 1968 aux Editions Rougerie et dont vous pouvez retrouver de plus longs extraits sur Google-Livre.

Le sang nu Du hasard aboli au sextant des vertiges se brise l'arceau meurtri des mains défrichées trébuche la violence aux taillis échoués vestiges des poitrines roncées de dents où plus furieux le lacéré du doute au ventre des tués te déchire Gardien des lèvres qui s'ouvraient *                             Demeurent des questions ébréchée de vertiges Se dévêt des ferrures du piège l'étranger livré nu où s'abandonnent les miracles aux crochets des serrures mortes Déserteur naufragé du masque à l'étal des idoles droguées de peurs en vérité de foire la horde au ventre tiède dérouille ses prisons et te cercle un mur où la langue clouée

la stridence des fusils dénoue l'écorce de tes chairs en prières calcinées *                                         Ton nom derrière mes mains brûlé aux armes de ton sexe dérive et s'il n'est établi forteresse de jeu où ta morsure me cloue lambeau charnu du vivre entr'ouvert de silence Aux fibrilles des chair je lécherai le sang où je triche ma mort Piège pour l'homme au regard ébauché en de souterraines demeures durant qu'un film lent abat ton corps serré de cuir à la nuque brisée Rien que le cri et ton visage qui tresse l'air en grillage de chair où s'effacent mes graffitis fétiches des caresses peintes * Extraits du recueil de poèmes de Michel Journiac "Le sang nu" publié le 15 mars 1968 par les Editions Rougerie.