‒ Steve Abbott (1943-1992) - US

En cours d'écriture, ne pas lire.

Stephen Eugene Abbott (1943-1992) était un poète, dessinateur, critique, éditeur et romancier qui a animé nombre de revues homosexuelles dans les années 1970. Il fait vraiment partie de la scène gay de San Francisco avant de décéder comme beaucoup du sida le 2 décembre 1992, enterré le 11.

Il a grandi à Lincoln, Nebraska où il fut diplômé de l'Université et a fréquenté celle d'Emory. En février 1969 il épouse Barbara Binder, l'année suivante en décembre 1970 leur fille, Alysia, est née. En août 1973, Barbara se tue dans un accident de voiture en allant chercher Wolf, "patient à tendance suicidaire p.30" dont elle avait fait son amant et arrêté dans le nord du Michigan pour trafique de drogue et d'armes à la frontière canadienne.
Le duo, ouvert, sera à l'image de cette liberté de moeurs en cours dans ces années de libération sexuelle et Steve se conformera à celle de nombres de ces homos qui, tout en ayant eu une expérience hétérosexuelle, ne se réaliseront jamais complètement qu'avec des hommes et ce, indépendamment des aléas affectifs qu'implique le trip communautaire (trop de choix épuise le corps, pas les yeux) et puis, la propension que l'Amour a de fugitiviser le bonheur, cet idéal collectif qui croit en la transcendance du couple là où les Hommes ne jurent souvent que par leurs besoins traversés d'idéaux physiologiques, performanciels. Vous connaissez la vie ou peut-être pas encore, parfois rien ne se résout vraiment, _le fils sur lequel vous tirez dénoue quelque chose d'autre_ lorsque l'on est assouvit par un homme on recherche ce qui continue à nous manquer avec les femmes, et quand c'est avec l'une d'elle que l'on partage notre vie, c’est vers les hommes que l'on se tourne parce que, l'un ne peut pas être simultanément l'autre, surtout quand on a connu les deux. L'indécision est aussi un narratif subliminal, hésiter, c'est faire de son ou sa partenaire de vie une variable d'ajustement que la séparation vient congédier le temps d'une nouvelle promesse de bonheur vite hypothéqué.

Pour rédigé ce papier, je me suis appuyé sur "Fairyland : un poète homosexuel et sa fille à San Francisco dans les années 1970, Edition globe 2015" qui est une biographie d'autant mieux autorisée qu'elle fut rédigée par Alysia Abbott, une hétéro qui raconte, de l'intérieur, la vie d'un père gay. En plus je trouve cela délicieusement paradoxale que d'être la fille d'un poète homosexuel. A la base je ne l'avais acquit que parce que son titre parlait d'un poète homosexuel que je ne connaissais pas. Pourtant, au-delà de mon sujet de travail, ce qui est intéressant dans ce livre c'est qu'il n'essaye pas d'enjoliver la réalité, Alysia balance tout avec une crudité parfois déconcertante, elle parle de l’absence pesante de sa mère défunte, de son incapacité à sympathiser avec les amants successifs de son père qui restaient quelques jours, ou quelques mois dans son giron en manque d'affections pour lui et de repaires pour eux, les trips sous acide, les soirées interminables dans le milieu. L'homosexualité de ce père aussi lui posera problème (impossibilité de le dire à ses professeurs, à ses camarades de classe qui tous avaient un papa et une maman), sans parler de sa séropositivité (maladie non déclarée), puis de son sida qui l'emportera ironiquement moins de deux ans après l'arrivée des inhibiteurs de protéases qui changeront la vie des sidéen-nes et dont-il n'aura eu le temps de bénéficier. Il allait veiller sur les gays en soins palliatif, sur leur lit de mort jusqu'à ce qu'à leurs tours, d'autres gays viennent le veiller sur le sien, des amis en rupture d'enchantements se prenant dans les bras, jadis pour baiser, et à présent pour se consoler. Je n'ai acheté et lu ce livre que parce que son titre comportait le mot poète et que ça me permettait d’accéder à un milieu littéraire pour moi méconnu.

La photographie de couverture de l'ouvrage nous renseigne d'ailleurs bien sur la liberté de ton qui régnait dans cette micro famille d'épouvantails décousus plus qu'originale avec les couleurs choisies pour le titre qui s'illuminent aux couleurs de la Gay Pride, car le père, Steve Abbott _le père de l'enfant_, est devenu l'un des activistes les plus actifs de la scène gay lorsqu'il est venu s'installer dans le quartier central de Haight-Ashbury de San Francisco.

Steve Abbott fut d'abord le résidentiel d'une multitude de drogues, d’alcools divers, de sexe à risque, de robes chamarrées, de colliers de perles, de tentatives de mise en couple plus ou moins judicieuses avec des colocataires encore plus blinder que lui, mais c'est aussi un homme qui essaye de surnager comme il peut tout en s'occupant de sa fille et en écumant le milieu LGBT de l'époque pour parler de poésie, c'est ce que je retiendrai de sa perspective de vie.

Ce n'est pas qu'un gay qui écrit de la poésie à ses heures perdues _si tant est que l'on puisse en perdre à en écrire, à mon sens, on en égard davantage à ne pas en rédiger_ non, Steve Abbott c'était un gay qui la faisait, qui l’arpentait sans réserve tout en rencontrant une foultitude de sommités de la littérature queer de l'époque, dinant avec Allen Ginsberg (1926-1997), organisant ensemble des évènements à l'université de San Francisco sans oublier la poétesse lesbienne Judy Rae Grahn (1940-/) pp. 12 et 276. Dès ses années universitaires, il l'étudie à l'Université du Nebraska (p. 80), multiplie les petits boulots, fut critique, éditeur, animateur de multiples cercles poétiques, s'essaie à l'illustration dans un style que je qualifiais d'inabouti et d'adolescent, romancier.

Le dessin ci-contre fut fait par Steve Abbott pour illustrer son deuxième recueil de poèmes, Wrecked Hearts par Dancing Rock Press, 1978 p. 107. Son troisième recueil s'intitulait Stretching the Agape Bra p. 121.

Il sera l'un des rédacteurs fondateurs du bulletin de poésie de la région de la baie de San Francisco, Poetry Flash (bulletin de poésie de la côte Ouest), et rédacteur en chef de la revue littéraire SOUP et a notamment publié dans Love Lights de E. David Moe, poète et éditeur gay vers 1976 à San Francisco. David Moe signera la préface de Ransmuting Gold aux éditions Dancing Rock Press, 1978. Steve Abbott, c'est un soc de charrue dans la tourbe que l'on observe grâce aux efforts de sa fille, en train de retourner la terre de l'inculture pour y semer ses propres adventices poétiques tout en parlant de celles des autres. Et c'est précisément ça qui est passionnant chez cet écrivain, c'est qu'il nous confronte parfois à des formes de poésies déconcertantes plus prochent de la mauvaise herbe d'une friche industrielle que des fleurs du jardin des plantes auxquelles nous sommes habitués.

P. 114 il échange avec Aaron Shurin (1947-) auquel il écrit : "Existe-il une poésie gay ou une esthétique gay ? Est-ce que tout poème gay écrit par un poète gay est un poème gay (façonné par une certaine conscience non-hétéro unique) ou bien, est-ce que ce sont seulement le sujet et le point de vue qui font qu'un poème est gay ? " En 1978 lorsque ce dernier organise une lecture de Saint-Valentin pour homme (Alysia Abbott p. 114/115) où il invite des poètes homosexuels Aaron Shurin (1947-), Paul Mariah (1938-1996), Harold Norse (1916-2009), Dennis Cooper (1953-) l'événement est relayé dans le San Francisco Sentinel et le Chronicle.

Dossier afférent : ⌛LIVRES de poésie LGBT

https://www.stophomophobie.com/temoignage-fairyland-mon-pere-cet-homo/

https://oac-cdlib-org.translate.goog/findaid/ark:/13030/c8h41tpt/?_x_tr_sl=auto&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=wapp

 robert hillsborough (GreenJeans) p. 108, voir aussi p.181/184