‒ Richard Barnfield (1574-1620)
Richard Barnfield 1574-1620 (baptisé le 29 juin 1574-1620) à 46 ans (Oscar Wilde (1854-1900)) était un poète homosexuel anglais qui sera le premier à cette période à afficher ses "préférences" homo-fréquencées.
Il faut bien reconnaître que ce qui l'a fait notamment subsister sur la scène littéraire c'est aussi sa relation obscure mais étroite avec un William Shakespeare (1564-1616) qui n'aurait pas, dit-on, cracher sur le sexe masculin (que ce soit le sien ou ceux des autres) sinon pour les rendre plus glissants. Je dis certes cela de manière cavalière parce qu'on ne s'embarrasse plus de nos jours de pruderies inutiles et qu'au fond, un Shakespeare nu aux mœurs de comédien avait les mêmes demandes qu'un homme d'aujourd'hui vis-à-vis d'autres hommes bien plus enclins à se faire ce qu'il n'était absolument pas envisageable de demander à sa femme. Mais bon, nous n'aurions pas tant glosé sur la bisexualité probable (pour les plus enthousiastes), possible (pour les plus prudents) s'il ne nous avait lui aussi laissé des vers...
Richard Barnfield n'en est pas pour autant un poète mineur puisqu'il a été suggéré qu'il pourrait bien être le « poète rival » mentionné dans les sonnets de Shakespeare.
En novembre 1594, dans sa vingt et unième année, Barnfield publie anonymement un premier ouvrage, The Affectionate Shepherd, traitant de la plainte de Daphnis pour l'amour de Ganymède, bref, deux mecs et pas n'importe lesquels. Dans la mythologie grecque et surtout romaine, Daphnis, fils d'Hermès et d'une nymphe, est un berger de Sicile qui fut divinisé et surtout, protégé des Muses qui lui inspirèrent l'amour de la poésie... Il fut l'éromène du dieu Pan c'est-à-dire celui qui lui a tout apprit et quand je dis tout je dis vraiment qu'il ne lui a pas seulement glissé la main sur l'épaule comme un père mais beaucoup plus bas là où la mousse le rendait nostalgique de la nature et affectueux vis-à-vis de ceux qui la portait avec une telle grâce. En plus c'était une créature chimérique mi-homme mi-bouc dont-il avait les sabots et l'endurance, à l'image des satyres dont il appréciait la compagnie et les vices.
Ganymède lui était un jeune homme mythologique souvent représenté tout nu ce qui bien sûr n'aide pas à rester concentré, du coup, même Zeus a finit par lui montrer son foudre-Pez qui distribuait ses bonbons à tous ceux qui voulaient les-lui sucer tout en le nommant échanson (une autre façon d'employer sa gorge) auprès des autres dieux avant de l'envoyer une dernière fois en l'air sous la forme de la constellation du Verseau, autant dire, toujours entre hommes.
De fait Daphnis se laissa à son tour subjugué par l'infernal adolescent qui inspira plus tard nombre d'artistes. Je l'ai déjà dis mais dans l'histoire de l'art, lorsque le nu était prohibé, il suffisait d'en faire des anges ou des dieux et plus rien n'était à redire. L'homosexualité procédait de la même manière, se dire sodomite, à l'âge où un Richard Barnfield, né en 1574, pouvait de s'en revendiquer, tombait sous le coup de la loi scélérate d’Henri VIII (1491-1509). Votée en 1533 elle qualifié de buggery « bougrerie » ce crime passible de la pendaison (En 1861 l’Offences against the Person Act abolit la peine de mort mais pas les actes sexuels entre hommes qui resteront illégaux et passibles de prison jusqu'en 1885. Sources, Droits LGBT au Royaume-Uni.). Par contre, convoquez la mythologie et là, plus de problème mais ne vous méprenez pas, la même hypocrisie persiste aujourd'hui avec une aussi surprenante santé, mes vers licencieux comme ceux des autres seront assez raisonnablement rangés parmi les pornographies du siècle, alors que ceux de Baudelaire ou Genet redeviendront en formidable talent et Grand-Poésie. Faites-le remarquer et vous voilà conduit devant l'Osiris de l'a priori où votre cœur ensanglanté de pauvre mortel et comparé à l'instant à la plume de Maât du poète.
Publiez sur les réseaux sociaux un de vos aphorismes et peu le partageront quel qu'en soit l'esprit, réitérez l'expérience avec une sommité et tout le monde se ruera dessus. La référence des gens connus devient celle de ceux qui la partagent alors que les loosers qui ont l'impertinence de naître seront ostensiblement snobés (pourquoi citer quelqu'un que personne ne connait ?). Après tout, vous montrerez toujours la photo de vous jeune à côté d'un Marlon Brando que vous avez eu le plaisir d'avoir dans votre lit et serez moins prolixe à afficher celle du voisin de palier qui taillait le double.
If thou wilt come and dwell with me at home,
My sheepcote shall be strowed with new greene rushes;
Weele haunt the trembling prickets as they rome
About the fields, along the hauthorne bushes;
I have a pie-bald curre to hunt the hare,
So we will live with daintie forrest fare.
Pour en revenir à nos Daphnis et Ganymède il faut quand même dire que Richard Barnfield tenta de faire amande honorable dans son ouvrage suivant déclarant dans en Préface qu'on l'avait mal compris au sujet de la nature de l'affection qu'avait développé ce berger pour un garçon. Bon, la mythologie était moins prude et l'imprimerie têtue, ce qui est mis sous presse reste à nos regards rieurs comme la magie de ces temps anciens où l'histoire des mœurs de nos dieux ne change pas plus que le nombre d'amants que nous eûmes depuis eux. Un autre poète homosexuel s'est employé à dessiner Ganymède c'est Michel-Ange (1475-1564) en 1533 l'année de sa rencontre avec ce Thomas Cavalieri son probable amant ou homme aimé.
Rebelote, si vous avez une traduction en français, un texte coquin de ce Richard, je suis preneur.
A. C.-M
30/11/20
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