‒ 👍 Le Tasse (1544-1595)

Torquato Tasso, dit Le Tasse en français (en italien, il Tasso), est un poète bisexuel italien, né le 11 mars 1544 à Sorrente (région de Campanie, Italie), mort le 25 avril 1595 à Rome (à 51 ans). Sa disparition survient alors que le pape Clément VIII, monté sur le trône en 1592, voulait organiser son triomphe littéraire en le couronnant « roi des poètes » afin qu'il reçoive la couronne de lauriers au pied du Capitole comme Pétrarque plus de deux cents ans avant lui. Ce que l'église comptait encenser alors, c'était à la fois pour son indéniable talent, et surtout sa verve religieuse pétrie de foi et d'exaltation.
Jusqu'au début du XIXe siècle, Le Tasse sera l'un des poètes les plus lus d'Europe.

L’enfant précoce sut très tôt le grec et le latin, écrivait en prose et en vers dans un style de poésie épique mais son inclination naturelle le portait à la poésie amoureuse.

Sa bisexualité
...avec des femmes

Elle s'exprime lors des années 1565-1570 présentées comme les plus heureuses de sa vie, malgré le chagrin que lui avait causé la disparition de son père en 1569.
A Padoue il rencontre Lucrezia Bendidio, une jeune femme de la noblesse italienne et à Padoue, Laura Peverara, reste à savoir ce qu'il était concrètement possible de faire avec des personnes de ce rang à cette époque. Je ne connais pas le degré d'implication physique qu'il a peut avoir avec ces deux femmes ou avec d'autres, péripatéticien.nes compri.ses, si ce n'était que de la posture sociale, de l'affichage où l'avènement d'un désir profond qui irradiait à travers les deux sexe, mais quoi qu'il en soit, cela fut suffisant pour qu'il souhaite dédier à ces deux jeunes personnes ses deux premiers recueils des cinq-cents odes dont-il est l'auteur.

...avec des hommes

Là ça semble plus définit, nous avons des traces flagrantes d'amants. A l’automne 1576, alors âgé de 32 ans, les expériences et les aventures intimes avec des hommes s'étaient suffisamment succédé et ébruité pour qu'un gentilhomme de Ferrare, Maddalo, s'en fasse l'écho et « raille perfidement cette prodigalité féroce à l'attention de ces armoiries masculines que les hommes exhibent en tous sens et toutes dédiées à la guerre de l'amour » en des termes visiblement différents de la prose que j'emploie pour que cela froisse notre nu et susceptible dédicataire. De plus, nous ne pouvons que constater que cela fit assez de bruit pour être venu se ficher durablement dans sa mémoire biographique.

Il n'y a pas que la rumeur qui parle, la même année, il reproche à un amant bien réel, Luca Scalabrino, l'intérêt par trop pressant dont-il fait preuve pour un Orazio Ariosto, jeune homme de 21 ans.

Poésie homosexuelle
Là nous n'avons pas la poésie mais nous n'avons le poète.

Mais il ne faut pas résolument y compter, les compositions de Torquato Tasso sont trop religieuses et trop remarquées pour l'être ou le rester, donc je suppose que sa poésie homosexuelle a été perdue ou méthodiquement détruite.

L’Italie ne dispose pas d'un mécanisme comme celui de la BNF en France qui collige depuis 1537 l'ensemble des publications imprimées sur son territoire, elle regorge donc de manuscrits disséminés dans un nombre incalculable des fonds d'archives, de bibliothèques, il n'est donc pas impossible qu'un jour émerge un de ses poèmes d'amour. En effet, comment imaginer qu'un garçon s'exprimant avec autant de facilité dans l'art de la versification et dévoré par la foi et le sexe ait pu écrire sur l'une et jamais sur l'autre ?

Là encore, en 1580 Le Tasse vit son œuvre exploitée et publiée par ses supposés amis et ce, sans son consentement alors-même qu'il été interné en raison de son instabilité mentale. Ses odes, sonnets, pièces lyriques et compliments officiels firent l’objet un recueil. Donc comment voulez-vous être sûr que ses poèmes plus sulfureux n'aient pas été censurés, détruits ? Idem de la part de l'entourage religieux qui l'accueillit au moment de sa mort alors qu'il était invité à Rome par le Pape en personne. Le couvent Sant'Onofrio, où il s’éteint n'aurait sûrement pas conservé une correspondance homosexuelle soutenue ou quelques poèmes que ce soit à destinations d'amants perdus, si tant est que malade et sur son lit de finitude il en ait gardé encore quelque-uns par devers lui.

Pourtant le style du Tasse est celui d'une poésie follement amoureuse et donc des corps, des ombres, des passions. Donc comment, pris dans les injonctions de l'amour, a-t-il pu ne pas composer sur lui ? Poète moi-même, ne suis-je pas irrésistiblement poussé à hurler mon désir, à le marquer de mots, à les voir nus en toutes choses ? Le photographe ne fait-il pas la même chose, capter l'instant c'est l'ADN de l'amour ? Et le peintre ? Et le sculpteur ? L'artiste fait souvent de l'amant son œuvre, de son œuvre son sujet, une personnalité quasi vivante qu'il anime de couleurs, de tropes, de déclarations littéraires. Le Tasse (1544-1595) à nécessairement écrit sur le vice florentin qui fut un des nombreux nom donné à l'homosexualité, il ne peut pas en être autrement.

Page publiée par le poète gay Alain Cabello-Mosnier ⚣ le mardi 20 juillet 2021, Paris.