‒ Rachilde (1860-1954)

Marguerite Eymery, Madame Alfred Vallette, dite Rachilde (adopté lors d´une séance de table tournante), fille unique née dans la vieille demeure familiale du Cros située entre Périgueux et Château-Lévêque (Dordogne) le 11 février 1860 et meurt à Paris le 4 avril 1953 à l'âge vénérable de 93 ans. C'est une femme de lettres française, lesbienne, travestie, romancière de plus de soixante-cinq ouvrages publiés sous des pseudonymes masculins comme Jean de Childra ou Jean de Chibra (faisant furieusement penser à ce chibre de garçon qu'elle n'avait pas et qui aurait tant plu à son père).

De ce père devenu taciturne et violent après la défaite de 1870 et une mère dont l’excentricité confinait parfois à la folie naîtra une personnalité forte, s'arrogeant la liberté des hommes et le charme des femmes.

Sa boulimie de lecture lui fait croiser entre autres ouvrages celui d'un gentilhomme suédois du 16e siècle, un dénommé Rachilde, dont les relations de voyage l'inspirent au point de lui emprunter le nom et un goût certain pour l'écriture. Ainsi, entre 1877 et 1880, près d'une centaine de ses écrits paraîtront dans les journaux locaux : L'Echo de la Dordogne, L'Union Nontronnaise, Le Périgord, Le Réveil de la Dordogne.

Elle passe deux ans dans un couvent puis arrive à Paris à l’âge de 18 ans. S´habillant et se coiffant à la garçonne (elle fait même graver des cartes de visite au nom de « Rachilde, homme de lettres »), elle s´intéressa très tôt aux questions d´identité sexuelle et d´inversion, que reflète son roman le plus célèbre, Monsieur Vénus (1884), qui lui valut une célébrité immédiate et largement sulfureuse. Cette œuvre raconte l´étrange liaison d'une femme aristocrate, excentrique et dominatrice, et d´un ouvrier fleuriste féminisé par sa belle avant qu´elle ne consente à l´amour. La Tour d´Amour, publié en 1899 réédité chez Flammarion, autre roman sulfureux, met en scène un vieux gardien de phare (le Phare d´Ar-Men dont la construction fut sanglante), qui voit arriver le Maleux qui vient le seconder. Le Maleux se retrouve dans une ambiance confinée et morbide face au vieux gardien de phare qui guette les noyées pour pouvoir les aimer.

En 1885 elle demande et obtient une permission de travestissement de la préfecture de police. En 1889, elle consentit, après différentes aventures amoureuses (notamment Gisèle d'Estoc), à un mariage de raison avec Alfred Vallette, directeur de la revue symboliste du Mercure de France. Ce mariage fut un mariage civil. Le couple a une fille.

Concernant sa poésie elle fera parraître un reccueil à la Libération Survie, Paris, Messein,1945.

Page créé le lundi 21 décembre 2020 à quatre jours de Noël par A. C.-M., Paris.