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POÉSIES HOMOSEXUELLES : Gay, Lesbienne, Trans, Bi

‒ 👍 Marc-André Raffalovich (1864-1934) ††

Marc-André Raffalovich 1864-1934

 

Marc-André Raffalovich (Paris, 11 septembre 1864 - Edimbourg 14 février 1934) est un journaliste, un essayiste aussi mais surtout un poète de langue française et dont les travaux sur l'homosexualité firent autorité. Né dans le 8e arrondissement de Paris le 11 septembre 1864 il est issu d'une riche famille de banquiers juifs d'Odessa ayant fui la Russie tsariste en 1863 qui lui permis de ne pas avoir à travailler.

South Audley Street, Mayfair, London où vécu un temps Marc-André Raffalovich 1864-1934En 1882, il quitte la France pour aller étudier à Oxford, mais il finit par s'installer à Londres où il vécu un temps dans cette pauvre masure de South Audley Street, Mayfair, London.

 

Cultivé, le jeune homme court les salons de la noblesse anglaise avant d'ouvrir le sien en 1890 que fréquentera un dénommé Oscar Wilde (1854-1900). Leurs rapports parfois orange parfois citron fit dire acidement au grand homme "Pauvre Marc, il était venu à Londres ouvrir un salon et tout ce qu'il a réussi à faire c'est ouvrir un saloon". Un peu cowboy notre Oscar sur ce coup mais bon, à bon-mot mauvais exemple, on ne sait pas qui a tiré le premier et vous conviendrez avec moi que la citation n'est pas la meilleure qu'il ait eu. Quoi qu'il en soit c'est bien dans ce salon qu'est apparu l'Amour de sa vie en la personne de l'homosexuel poète et traducteur John Gray (1866–1934) GB, portrait type du genre de garçon que de nos jours encore nous adorerions croiser, aimer, baiser, sentir au cul. Même Wilde ne fut pas insensible à cette apparition qui se présenta de manière entêtante à son esprit lorsqu'il rédigea Le Portrait de Dorian Gray en le glissant dans ses pages.

Marc-André Raffalovich lui ne se contenta pas du portrait, il déshabilla l'homme jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien d'eux que ce que la nature avait à leurs offrir de lourd, de parfumé et d’épais. Il lui découvrit la pine, là-lui baisa, là-lui branla, là-lui suça et tint parmi les plus singuliers discours du Roi, assis dessus (je sais que c'est cavalier mais je n'ai trouvé que cet emploi).

 

Marc-André Raffalovich (1864-1934)Six ans après leur rencontre il lâche le judaïsme pour le catholicisme romain et finit même par entrer dans le Tiers-Ordre dominicain sous le nom, ça ne s'invente pas venant d'un gay, de « Sébastien »... Gray lui devint prêtre grâce au soutien financier de ce généreux saint Sébastien, qui de plus est, lui paya ses études au séminaire. A partir de là, les deux hommes ne se quittèrent plus, plus souvent à genoux que n'importe quel religieux.

Quand John Gray fut nommé prêtre à Édimbourg, Marc-André lui fit construire rien moins qu'une toute nouvelle église (enfin, je m'emballe, il participa aux frais) mais avec son JohnJohn à l'intérieur comme curé et lui, il s’installa pas loin, pour tout dire, juste à côté afin de célébrer l'amour du culte et le culte de l'Amour jusqu'à leur mort survenue la même année.

Marc-André Raffalovich mourut à Edimbourg 14 février 1934, John Gray, dévasté par la mort de l'homme de sa vie, mourut à son tour quatre mois plus tard alors qu'il lui était deux ans plus jeune. Là où c'est beau comme un roman anglais, c'est que non seulement ils moururent la même année, mais ils furent enterrés dans le même cimetière, côte-à-côte même si les pierres forment parmi les lits les plus terribles.

Si j'avais été une Sœur de la perpétuelle indulgence j'aurais été tenté de leur adresser un "Que dieu les pénis"...

 

Son œuvre

Marc-André Raffalovich est un des auteurs parmi les plus autorisés d'ouvrages traitant des homosexualités et ce, jusqu'à devenir une référence sur tout le continent. Malheureusement, pour parvenir à faire accepter une partie jugée honorable des uranistes qu'il appelle unisexualité, il sacrifia l'autre qualifiée de dégénérée. Cette question d'ailleurs agite encore régulièrement le débat LGBT jusque dans ses troupes à savoir, que faire des folles, des drag qui donnent une couleur inimitable à nos défilés ?

Lorsque en 1969 la police new-yorkaise procède à une descente dans le très crasseux bar Stonewall inn, alors tenu par la mafia puisqu'elle seule acceptait de contrevenir à la loi interdisant de servir de l'alcool à des personnes jugées "perturbées mentalement" par la nosographie psychiatrique américaine, elle ne s'attendait pas à ce que ça vire en révolte historique au sain de la communauté, ni qu'elle finirait l'année suivante et toutes les autres, et ce, dans des dizaines de pays dans monde entier en Gay Pride.
Évidemment, en tête de ces cortèges clairsemés au départ, nous retrouvions bien-sûr ceux qui les premiers qui étaient prêts à défiler ouvertement la bien-pensance mais il y avait aussi et surtout celles qui étaient toujours les mêmes à être arrêtées dans ces bas clandestins. Les travelos, les trans n'étaient pas les gays habillés comme des hétéro qui eux pouvaient arguer n'être entrés que pour boire un verre, alors que les autres tombait sous le coup d'une autre loi qui interdisait de porter des vêtements appartenant à l'autre sexe. Les folles, les efféminés sont toujours celles qui ont de tout temps, et dérangé les gays pour la mauvaise image supposée qu'elles donnaient de l'homosexualité (comme si les lois discriminantes avaient besoin de cela pour nous agrafer les mains dans le dos), et les hétéro forts de leur droit mâtiné de mépris s'appuyant sur la psychiatrisation des années 1950 par l'OMS.

 

Karl Ulrichs (1825-1895), juriste allemand considéré comme le premier homosexuel à avoir fait son « coming out » et incarcéré pour cela, développe l’idée, dès 1864, que les invertis forment une sorte de troisième sexe, au même rang que les femmes et les hommes. L'homme sortira de prison en 1869, date à laquelle _1868-1869_ le hongrois Karl-Maria Kertbeny (1824-1882) forge le mot "homosexuel" pour définir une sexualité pleine et entière alors qu'elle n'était le plus souvent perçu que comme une perversion, dans l'intention de défendre le droit des homo a vivre leur vie. L'article 143 du code pénal Prussien condamnait déjà à l'époque le crime de sodomie repris par l'article 175 du Code pénal allemand au XXe siècle. Je rappelle que Pétain et Freud sont tous les deux nés en 1856, le premier influencé par cette idée de sexualité contre-nature qu'il fera passer par décret en 1942, et le second, Père de la psychanalyse tentera de définir les mécanismes de ce chevauchement de termes, pourquoi l'un revient vers lui-même alors que la sexologie apparaît en Allemagne et en Autriche vers 1826-1850. Donc tout ce petit monde essaye de savoir ce qui se passe chez ces hommes pauvres puisque la question ne se pose pas pour les femmes et pour les riches. Pas concernés par ce désir, il était facile pour les médecins et les psychiatres hétérosexuels de faire de notre orientation le punching-ball de leurs frustrations sexuelles. Bénédict-Augustin Morel (1809-1873), défendait l'idée de dégénérescence pour les criminels comme pour les homosexuels, Marc-André Raffalovich marque l'histoire de la littérature scientifique en introduisant un premier coin avec l'idée d'« invertis dégénérés supérieurs » (en un mot, pas fluorescents mais éclairés) puis d'« inversion sexuelle sans dégénération ou déséquilibration ». Ses travaux furent beaucoup repris mais si cela a commencé par introduire le doute dans la communauté scientifique, ça revenait aussi à reconnaître qu'en effet, les sujets les plus efféminés, équivoques, posaient problème. Reconnaître qu'il puisse y avoir une homosexualité normale – postulat très neuf à la fin du XIXe siècle – supposait qu'une autre ne l'était pas, en l'occurrence les efféminés que Marc-André Raffalovich, catholique en couple avec un prêtre méprisait sur le plan moral.

J'en profite pour glisser ici que la question des folles à la gay Pride, perché sur des chars rose comme l'avait un jour enregistré le philosophe Michel Onfray ne date pas de 1969 et des premières visibilités LGBT, mais est consubstantielle à l'ontologie de la question gay et de son sujet humain indépendamment de ses déterminations particulières.

Précisons aussi qu'en 1864 sont également nés trois autres poètes homosexuels français Henri de Régnier (1864-1936), Edward Sansot (1864-1926) et Georges Fourest (1864-1945), et que Marc-André Raffalovich et son amant John Gray, moururent la même année que celle de la date de naissance de la poétesse américaine Audre Lorde (1934-1992).

 

Littérature poétique :

  • Cyril and Lionel, and other poems. A volume of sentimental studies, Kegan Paul & Co., Londres, 1884, 102 pp.
  • Tuberose and meadow-sweet [poésie]. D. Boque, Londres, 1885, p. 120.
  • In fancy dress [poésie], Walter Scott, Londres, 1886, p. 148.
  • It is thyself [poésie], Walter Scott, Londres, 1889,p. 146.
  • The thread and the path [poésie], David Nutt, Londres, 1895, p. 106.

 

Article écrit par le poète gay Alain Cabello-Mosnier
le lundi 23 Mai 2022.

 

 

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