‒ Jean Sénac (1926-1973)

   Jean Sénac, (1926-1973) né à Béni-Saf en Oranie (Algérie) le 29 novembre 1926 il sera assassiné à Alger le 30 août 1973 (sans que l'affaire ne soit élucidée). Il s'engagea dès 1955 en faveur de la cause de l'indépendance algérienne et à ce titre, je le placerai donc en tant que poète algérien homosexuel de langue française, chrétien, socialiste et libertaire.

   Poète magrhébin et pédé, un chrétien homosexuel dès les années 40, ado il sait déjà, il sent, il veut. Sénac était un poète en faveur des luttes mais aussi, un poète assassiné à 46 ans à l'arme blanche dans la nuit du 29 au 30 août 1973. Son corps est découvert entre 2 lits, sur le sol de la cave qu'il habitait. Le fut-il à cause de ses engagements politiques, de son orientation sexuelle, était-ce la panique d'un amant ? Quoi qu'il en soit, "Sous le soleil de la parole", texte de lui que j'avais lu en 2017, quelle tuille est-ce encore pour ses assassins (qui probablement vivent encore en 2020) de savoir que c'est lui que nous aimons et pas eux, et qu'à chaque fois que nous le lisons, en parlons, l'écoutons, l'évoquons, on l'éveille tout à notre passion pour l'aimer encore davantage. Alors si il y en a qui se demandent encore à quoi sert la poésie, et bien elle sert à cela, à exprimer la liberté des choses qui se plaisent à être dites, et faire rimer dans l’absolu ce qui pour beaucoup ne rime encore à rien, même si cela ne saurait durer.

  Fuyons mes ami-es, fuyons un monde sans poésie, sans promesses de quatrains, sans ces mots légers comme les pattes d'un oiseau dans la neige. Et n'oublions pas qu'il fut tué comme d'autres poètes homosexuels Pasolini, García Lorca et justement, de la poésie il en parlait en ces termes :

   "La poésie ne peut avoir de répit ni se limiter à ses circonstances. Le langage est l'instrument le plus inouï d'exploration et de connaissance du temps. Par sa perturbation présente, il nous fait contemporain de tout le passé et de tout l'avenir du monde. Le poète est condamné à tout dire, à avouer le monde depuis le fœtus où tout fut gravé. Mais transcrire c'est aussi déchiffrer, ordonner le message et lui restituer son feu."

Jean Sénac - Préface pour "Avant-corps" ( Février 1967)

Approcher lentement mon désir de tes lèvres,
Les effleurer, garder ton haleine sur moi,
Agrandir ta pupille au-delà de la fièvre
Et que ton œil si grand soudain paraisse étroit.

Jean Sénac / Les leçons d’Edgard

Page créée par A. C.-M. le 15/12/20