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POÉSIES HOMOSEXUELLES : Gay, Lesbienne, Trans, Bi

‒ 👍 Yukio Mishima (1925-1970) Japon

 

Yukio-Mishima

 

Yukio Mishima (1925-1970) (三島 由紀夫, Mishima Yukio), nom de plume de Kimitake Hiraoka (平岡 公威, Hiraoka Kimitake), est un écrivain homosexuel japonais, marié par convention et désir maternelle, né le 14 janvier 1925, et qui s'est donné la mort par seppuku le 25 novembre 1970 à 45 ans.

Donc en ce jour anniversaire commémorant la cinquantième année de sa mort j'initie cette page puisque l'homme s'était aussi essayé à la poésie même si pour l'heure je n'en connais pas la teneur ni l’intensité homosexuelle qu'elle peut contenir.

La poésie de Mishima Yukio
Je veux faire de ma vie un poème. Yukio Mishima / Confessions d’un masque.

Celle que Wikipédia mentionne comme étant ses deux derniers poèmes de 1970 (en date de sa mort) publiés en mars 1971 dans La Nouvelle Revue Française fondée en novembre 1908 n° 219 (p.52) traduits par Yuge Mitsuo et adaptés par Jean Pérol, suppose une tessiture naturellement plus propice à l'esprit de fin que l'auteur veut lui donner. En effet, le Djisei (辞世の句), est traditionnellement un poème d'adieu (絶命詩) très prisé des intellectuels et destiné à être rédigé peu de temps avant leur mort, notamment dans la culture Coréenne dont le Japon est très proche avec cette pratique de la période Joseon nommé au Japon jisei no ku (辞世の句?).

Que ses deux derniers poèmes, alors-même qu'il planifiait sa fin et probablement le seppuku qui s'en suivrait ne pouvait qu'être qu'associé aux valeurs traditionnelle, à la mort comme finalité, à l'honneur comme transcendance etc. mais "deux derniers poèmes" suppose qu'il y en eut d'autres nécessairement plus inscrit dans un désir de vie. Un homme comme lui ayant vécu aussi intérieurement son homosexualité n'a pu qu'écrire dessus et, que sa poésie le manifeste ou pas d'ailleurs, reste toujours la question des archives et de leurs exploitation par les ayant-droits. Les proches, ont souvent tendance à détruire ce qui peut entacher, selon eux, l’œuvre du défunt et corrélativement les déranger eux en se retrouvant en situation d'être interroger à son sujet. Rappelons que Mishima est issu d'une famille de la paysannerie de la région de Kobe et que son grand-père, Jotarō Hiraoka, fut gouverneur des îles Sakhaline à l'ère Meiji qui est une période historique du Japon allant de 1868 à 1912. Donc ce parcours singulier vient en rupture avec le récit familial impliquant son lot de mensonge, de dissimulation, de recomposition de la vérité.

Il n'est pas impossible que l'auteur ait écrit des textes plus légers, voir érotiques pour ne pas dire pornographiques puisque le poème se place par son format comme un puissant médiateur du désir, après tout, quel art la sexualité n'a-elle pas investie jusqu'aux mangas japonais rédigés pour la plupart, à l'image de la poésie que nous écrivons, noir sur blanc ? Imaginez ce qu'aurait pu donner une poésie trash sortant de la bouche, de la main gauche d'un Mishima Yukio utilisant tous les codes du manga, de la narration japonaise et de la crudité asiatique ?

 

Un seppuku et son kaishaku lourds de significations homosexuelles

Kiki-

 

Mishima Yukio était homo-fréquencé (1), même s'il se résigna à se marier par convention et désir maternelle mais sa fin n'est pas sans reproduire tout un spectre symbolique de diverses charges homosexuelles que j'aimerais aborder.

Bien-sûr il ne me revient pas de juger ni l'homme (la vie appartient à celui qui la porte mais aussi à la culture qui l'irrigue), ni le suicide que je respecte profondément, il n'est d'ailleurs pas improbable que j'y ai recours moi-même, ni enfin le procédé qui pour ancestral qu'il soit n'en reste pas moins l'expression d'une histoire de la mort qu'il ne s'agit pas de porter en dérision.

Là il ne s'agit pas d'un suicide par barbiturique mais mais d'une éventration volontaire avec un sabre court, ritualisée vers la fin du 17ème siècle et qu'on appelle (切腹, littéralement « coupure au ventre »), soit en long, soit en large, soit en croix. Recevoir la mort par quelqu'un d'autre est une forme de mise en infériorité, quelque chose qui nous échappe alors que se faire harakiri laisse à la personne la main sur le rite qu'elle veut suivre puisqu'il y en plusieurs, n'étant n'est plus maître de sa vie elle peut l'être de sa mort en lui conférant un statut d'éternité par le sabre. Le ventre en Asie est le siège de la volonté, du courage et des émotions d'où les représentations de Bouddhas obèses, de sumos etc.

Mishima Yukio s'est non seulement donné la mort par seppuku mais a aussi opté pour le kaishaku qui est l'art de se faire trancher la tête par un disciple.

Mishima achève sa tétralogie La Mer de la fertilité avec son quatrième tome, étrangement prémonitoire L'Ange en décomposition. Le 25 novembre 1970, il envoie à son éditeur la fin de son manuscrit, puis se rend au ministère des Armées avec quatre autres personnes, prend en otage le général commandant en chef des forces d'autodéfense et devant 800 soldats tient un discours plein de ferveur pour l'empereur et pour un Japon résolument traditionnel, mais ils ne le suivent pas ; se retire vers 11h et se suicide dans les règles. La pratique est d'autant plus troublante et homo-érotique que les femmes n'y ont pas recourt, elles se tranche la carotide au niveau du cou.

Ce qui passe à première vue pour un soi-disant coup d’État ça ressemblait plus à une mise en scène orchestrée de longue date et formidablement romantique de la part de quelqu'un qui voulait se donner la mort avec panache. Donc pour moi c'était pas tant un projet politique qu'il envisageait vraiment de réussir mais davantage sur une histoire personnelle qu'il voulait conclure. Alors bien-sûr je en connais pas suffisamment en profondeur Mishima Yukio et ses opinions politiques, mais il était très occidentalisé portant des complets vestons, vivant au Japon dans une maison moderne et lisant Jean Racine, Raymond Radiguet, Madame de La Fayette, Georges Bataille... De plus il est associé à quatre films dont le dernier sera tourné en 1969 le rendant coutumier des scénarios et visiblement, celui qu'il s'est écrit transpire l'homosexualité.

 

Yukio Mishima 2

  Pensez donc, il intitule son dernier ouvrage L'Ange en décomposition, entité céleste pour le moins érotique. Il se déplace nu, allant du ciel à la terre, côtoyant les dieux, les hommes, venant jusque dans leur sommeil, beauté suprême et plumes dans le dos et, qu'y a-t-il de plus libidineux qu'un ange déchu que plus personne ne surveille ? Seulement ici il n'est pas qu'ange, on insiste sur sa décomposition entrant en résonance avec l'idée de corps après l'amour, de sueur, de sperme, de pourriture, de tout ce que l'on convoque de l'autre et/ou de soi pour lui ajouter du piment.

  Mishima s'infiltre dans l'École militaire du quartier général du ministère de la Défense avec ce que cela suppose d'élèves militaires, de jeunes recrues, de puissance érotique. L'armée est un condensée de toutes les homosexualité, des armes, des gardes-à-vous, le principes d'obéissance, de soumission, d'ordre, de hiérarchie, de vie en commun. Et de qui s'empare-t-il ? D'un général commandant en chef qui est l'emblème du phallus ! Il harangue ces hommes comme s'il les masturbait un par un, convaincre n'est pas séduire ? Pourtant il ne parvient pas à s'imposer comme le mâle dominant devant ces 800 soldats qui lui font face, vous vous rendez compte, 800 hommes de pure énergie testiculaire qui vous rejette en tant qu'alpha. Il se retire alors (comme une épouse) et s'inflige cette douloureuse mais nécessaire auto-pénétration abdominale par éventration avec l'aide d'un poignard-phallus, quelque part il s'élargit, s'ouvre le vagin ombilical pour être pris, rompt l'hymen de la peau, la perfore, la baise. Son compatriote désigné comme kaishakunin doit ensuite lui trancher la tête 'sexe masculin symbolique'. Personnellement je serais plus tenté de parler de coup d’État coïtal, de suicide arrangé, stylisé, scénarisé et destiné à marquer les esprits. Soit tu meurs comme un moine dans le silence de ta cellule, seul et pénitent, soit tu meurs en guerrier, les armes à la main, allégorie de ton homosexualié.

 

  L'homosexualité de Mishima Yukio

  Nous l'avons dit, Mishima Yukio était homo-fréquencé (1), sûrement bien plus attiré par les garçons que par les filles, un hétéro-fréquencé dont la pratique se tourne spontanément plus vers les femmes investira sans se poser plus de question cet espace mythologique et n'ira pas se faire photographier en Saint Sébastien ceint d'un pagne que rien n'attache que lui-même. Ici, deux trait l'atteignent comme autant de verges tendues infligées par les hommes qui ont tiré... Une dans le côté, une autre dans l'aisselle toute vacillante comme une flamme sur le cœur de Jésus.

Yukio Mishima  La photographie ci-contre est de Eikō Hosoe qui représente Mishima Yukio dans cette même posture dans l'album Ordalie par les roses (Barakei) en 1963.

  Mishima se disait envoûté par le tableau de Guido Reni (1575-1642) qui représente le martyr de Saint Sébastien. L'homme à demi-nu est percé de flèches dont la symbolique phallique l'a fait devenir une icône gay et ceux, dès la rennaissance où, sous couvert de mythologie et de religion on peint des nus que n'auraient tolléré la censure. Saint Sébastien est à chaque fois un très bel homme qui fini par se confondre avec Antinoüs, le fameux amant de l'empereur romain Hadrien.

  Dès le règne d’Henri VIII (1491-1509) le droit anglais crée un crime de sodomie en 1533 qualifié de buggery « bougrerie » très utile pour dissoudre les monastères et passible de pendaison. En 1861 l’Offences against the Person Act abolit la peine de mort mais pas les actes sexuels entre hommes qui resteront illégaux et passibles de prison jusqu'en 1885. Droits LGBT au Royaume-Uni.

 Pas étonnant que les anglais de riche extraction aient dès le début du XIXe siècle trouvé à Saint Sébastien des qualités suffisamment ambiguës pour lancer cet icône originelle ?

 L'homosexualité dans les pays occidentaux restait aux prises avec les conservatismes religieux, les a priori qui en découlaient, donc pensez quelle place elle pouvait bien avoir dans un Japon impérial extrêmement contraint dans les années 1970 ? Je trouve au demeurant que la présentation qu'en fait Wikipédia est passablement biaisée en écrivant "Mishima fréquente les bars homosexuels en observateur et aurait eu quelques liaisons avec des étrangers de passage, avec des Français à Paris." Cela semble initier l'idée que le fait orientatif n'était pas établi. Non, on ne fréquence pas des bars gays en observateur mais en consommateur. Le bar est un espace social de rencontre et nécessairement de sexe, qu'il soit consommé ou pas. Néanmoins le poids du tabou peut clairement réduire les échanges et c'est ce qui peut expliqué le désir de Mishima Yukio de se conformer aux attendus familiaux en se mariant avec Yoko Sugiyama en 1958 et avec laquelle il aura deux enfants. Cette vie nouvellement rangée traduit surtout une volonté contrainte pour l'écrivain de satisfaire sa mère qui ne sera peu-être pas étrangère avec sa fin on ne peut plus violente.

 

(1), associer la sexualité à un principe de radio-fréquence suppose non plus d'être soit l'une, soit l'autre mais toutes les deux en même temps au gré de nos rencontres, de notre vie, de nos opportunité faisant de nous des Êtres homo-fréquencé ET hétéro-fréquencé.

 

Écrit par A. CA.-M. le rose (Alain Cabello-Mosnier)

▌jeudi 26 novembre 2020 Paris

(poète gay & masseur à Paris)

 

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