‒ A venir : Hart Crane (1899-1932) - USA
La page reste à créer mais à vingt-quatre ans, il tombe amoureux d'Emil Opffer, un marin qui lui inspire son cycle de poèmes intitulé Voyages.
L’Épisode des mains
L’intérêt inespéré le fit rougir.
Soudain il sembla oublier la douleur, —
accepta, — et tendit
Un doigt entre les autres.
La chair saignait, et une flèche de soleil
Scintillant & s’éteignant parmi les roues,
Tombait doucement, chaudement, dans la blessure
profonde
Et comme les doigts du fils du patron de l’usine
Qui connaissait une prise pour les livres et le tennis
Et une autre prise pour l’acier et le cuir, —
Comme ses doigts secs, osseux, enroulaient la gaze
Autour du lit épais de la blessure,
Ses propres mains lui semblèrent
Des ailes de papillon
Changeantes dans la lumière sur les champs de l’été.
Les cals et les croûtes, — si nombreux dans la main
Large et profonde déposée dans la sienne, — paraissaient merveilleux.
Ils étaient les taches d’un jeu de poneys sauvages, —
Des touffes de vert nouveau brisant un sol solide.
Et les bruits de l’usine et les pensées de l’usine
Furent bannis de lui par cette main plus large,
Plus calme déposée dans la sienne avec le soleil dessus.
Et alors que le bandage était noué serré
Les deux hommes se sourirent dans les yeux.