‒ 😕 Renaud Icard (1886-1971)

Renaud Icard, né le 13 mai 1886 à Vaulx-Milieu (Isère) et mort à Caluire-et-Cuire (Rhône) le 26 mars 1971 est un écrivain, sculpteur et galeriste français.

La danse, exécutée nu, par «le garçon» de l’abbé Calès, et dont Renaud Icard fait le récit dans un chapitre des ses mémoires (cf. le Bulletin du mois d’avril), nous a fait nous souvenir d’un poème paru dans un recueil de Georges de Manthé sur lequel un lecteur néerlandais francophone et bibliophile avait attiré notre attention.

En 1937, dans sa pièce de théâtre Hors Jeu, Renaud Icard, très en avance sur les mœurs de son temps, expose le thème de l'homoparentalité. Vers la fin de sa vie, il devient sculpteur, sans obtenir la notoriété qu'il souhaitait.

Avec Marguerite Chaîne, Renaud Icard a quatre enfants. Mais son orientation sexuelle ultérieurement avérée lui vaut l'opprobre de ses concitoyens, y compris dans sa belle-famille. Son petit-fils et exécuteur testamentaire, Jean-Loup Salètes, rendit publique la correspondance et les photographies personnelles de Renaud Icard, prouvant ainsi sa double vie et son attirance pour les garçons. Source Quintes fueilles.

Renaud naquit la même année que le poète britannique Siegfried Loraine Sassoon (1886-1967) et l'année de la mort de Emily Dickinson (1830-1886) et il meurt la même année que François Augiéras (1925-1971).

Le recueil, Poèmes Païens (1930), préfacé par Maurice Rostand, contient ces vers:

La Danse d’Akleiüs

Sur un fond de cyprès et sous la lune pâle Akleiüs danse nu! Des yeux couleur d’opaleplus profonds que la mer... aussi mystérieuxéclairent sa beauté qui l’apparente aux dieux.Ses cheveux noirs bouclés sont couronnés de rosesqui, pour son front charmant, tout exprès sont écloses.Son corps d’éphèbe est pur, le galbe en est divin,sa chair de nacre exhale un parfum de jasmin...Il danse dans la nuit comme une tache blanchedevant les arbres noirs dont les rameaux se penchentvers sa jeune beauté!Comme pour un envol,ses pieds de dieu léger semblent quitter le sol!Akleiüs danse nu pour la nuit, son amantedont le silence bleu l’enveloppe et l’enchante.Il danse dans l’air pur! Il danse sous le cieldans la splendeur d’un corps presqu’immatériel!Mais... voici que bientôt, son geste se préciseet qu’il mime l’amour!... Le voici qui se grise!Ce n’est plus pour la nuit qu’il danse éperdumentC’est la danse du rut qu’il danse en sanglotantpuisque son corps en feu est seul dans la nuit sombreet que, sur sa chair nue, il n’étreindra que l’ombre!Possédé du démon des charnelles délicesqui, tel un doux poison, dans ses veines se glisse,sur le sol embaumé roulant sa nudité,Akleiüs lance au ciel son cri de volupté! Georges de Manthé