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POÉSIES HOMOSEXUELLES : Gay, Lesbienne, Trans, Bi

‒ Alfred Douglas (1870-1945)

 

Oscar Wilde et Lord Alfred Douglas en 1891

Lord Alfred Douglas (1870-1945) né à Powick dans le Worcestershire le 22 octobre 1870 et mort à Lancing dans le Sussex de l'Ouest le 20 mars 1945, est un poète anglais, fils de John Douglas, 9e marquis de Queensberry.

Ses proches le surnommaient « Bosie » qui en anglais signifie « joli garçon » ou « adorable garçon » ce qui semble avoir été un avis partagé par Oscar Wilde (1854-1900), qu'il rencontre en 1891.
Les deux jeunes hommes affichant clairement en public leur homosexualité d'ailleurs, le cliché en est ci-contre avec un Lord Alfred Douglas à gauche posant tête contre tête avec un Oscar Wilde vraiment très beau constituera leur premier affichage en tant qu'"amant".

 

POÉSIES

Il publie ses premiers poèmes : Autumn Days, dans The Oxford en 1890 (la même année que Le Portrait de Dorian Gray - qui fera scandale), rencontre Wilde en 1891 et publie en 1892 son poème Deux amours, (Two Loves "ci-dessous") qui fait le plus allusion à l'homosexualité s'achevant par ce vers célèbre : l'amour qui n'ose pas dire son nom.
[Si l'un d'entre-vous en possède une traduction, je suis preneur.]

Là aussi progressivement au gré de mes recherches, de mes lectures, j’ajouterai les poèmes que je rencontre.

 

Lorsqu'il rencontre Oscar Wilde celui-ci est devenu une vraie rock-star tant il saura se mettre en avant, exploiter son image, diffuser ses photos et s'habiller de manière particulièrement suffisamment sophistiquer pour se faire remarquer.
Ainsi, l'homosexualité des deux hommes, même si elle est connue, affichée et nous leurs en saurons éternellement gré, elle l'est sans trop s'éloigner des codes de bienséance de l'époque victorienne et n’a pas l'amplitude quasi pornographique qu'adoptera le couple Verlaine/Rimbaud dont les textes témoignent d'un réalisme sexuel échevelé bien plus proche de celle que nous connaissons au XXI siècle. Néanmoins, la sphère sociale des quatre hommes n'est pas du tout la même.

Dans le couple homo-formé, Verlaine est le plus bourgeois des deux, il est marié avec Mathilde Sophie Marie Mauté (1853-1914) avec laquelle il aura un fils Georges, Wilde aussi du reste à Constance Lloyd (1858-1898) le 29 mai 1884 à 30 ans [tous les deux divorceront] et lui aura une fille Isola. Verlaine convolera plus par dépit que par amour à l'âge de 26 ans le 11 août 1870 mais rencontre l'année suivante ce Rimbaud solaire, et contre toute attente, alors-même que sa femme est enceinte, ils s'installent une relation homosexuelle non dissimulée aussi passionnée et désordonnées que leur poésie.

Le Rimbaud pauvre de 17 ans n'est pas le « Bosie » richissime de 21 ans, il en est même l'antithèse, c'est un immense ardennais châtain, un pouilleux, grossier et avec un fort accent visiblement plus volontiers à cheval sur Verlaine ou les autres garçons qu'il rencontre que sur l'hygiène ce qui ne semblait pas déplaire à son ainé. Rimbaud pue du cul et parle de cul et avec Verlaine de merde (dans leur poésie commune) alors que Wilde est né dans la bourgeoisie irlandaise et Lord Alfred Douglas avait reçu une éducation aristocratique, britannique et huppée.

Verlaine est fasciné par la beauté et intelligence poétique de Rimbaud, il y a entre les deux hommes une émulation certaines et Verlaine aime à s'encanailler avec ce tendre gamin nu de 17 ans. Wilde est séduit par ce « joli garçon » qu'est Alfred Douglas mais l'échange générationnel est plus proche de ce qu'il doit être pour que l'un devient le mentor de l'autre, les deux hommes ont seize ans d'écart alors que notre griffon à deux têtes national n'en ont que dix mais la rencontre des français se fait en 1871, celle de nos deux anglais, vingt ans plus tard en 1891.

Nos poètes nationaux respectifs, (au moins les-nôtres sont-ils morts en France), firent tous scandale, ce qui est la façon la plus unanime de se faire connaître, choquer fait jaser, jaser fait vendre indépendament du talent qui lui est plus compliqué à imposer, si tout le monde ne sait pas nécessairement comprendre la portée qu'aura une œuvre dans le temps, tous le monde sent l'absence de synchronisation entre une production artistique et les attendus sociaux tels qu'ils doivent être pour rester présentables, et de fait, ce qui est convenable est convenu, sans surprises, ça n'empêche pas le talent mais ça le limite dans ses champs d'explorations. Le talent devance, anticipe quelque chose à venir que l'auteur-e perçoit alors que les mœurs collent à ce qui doit être pour être bien.

 

Jeudi 24 décembre 2015 son œuvre est tombée dans le domaine public.

 

 

Two Loves

par Alfred Douglas (1870-1945) dit « Bosie »
Donc là je vous communique son poème Two Loves publié en 1892 un an après sa rencontre avec Oscar Wilde, (1854-1900) dont je ne dispose pas de traduction française, donc si vous en avez une, n'hésitez pas à me la communiquer poesies.queer@gmail.com.
Ce poème fait allusion à l'homosexualité (nous ne sommes pas sur une crudité rimbaldienne) mais il fera date en formalisant la difficulté de vivre au grand jour l'interminable nuit du tabou dont l'homosexualité est la fille en s'achevant par ce vers célèbre : l'amour qui n'ose pas dire son nom.

I dreamed I stood upon a little hill,
And at my feet there lay a ground, that seemed
Like a waste garden, flowering at its will
With buds and blossoms. There were pools that dreamed
Black and unruffled; there were white lilies
A few, and crocuses, and violets
Purple or pale, snake-like fritillaries
Scarce seen for the rank grass, and through green nets
Blue eyes of shy peryenche winked in the sun.
And there were curious flowers, before unknown,
Flowers that were stained with moonlight, or with shades
Of Nature's willful moods; and here a one
That had drunk in the transitory tone
Of one brief moment in a sunset; blades
Of grass that in an hundred springs had been
Slowly but exquisitely nurtured by the stars,
And watered with the scented dew long cupped
In lilies, that for rays of sun had seen
Only God's glory, for never a sunrise mars
The luminous air of Heaven. Beyond, abrupt,
A grey stone wall. o'ergrown with velvet moss
Uprose; and gazing I stood long, all mazed
To see a place so strange, so sweet, so fair.
And as I stood and marvelled, lo! across
The garden came a youth; one hand he raised
To shield him from the sun, his wind-tossed hair
Was twined with flowers, and in his hand he bore
A purple bunch of bursting grapes, his eyes
Were clear as crystal, naked all was he,
White as the snow on pathless mountains frore,
Red were his lips as red wine-spilith that dyes
A marble floor, his brow chalcedony.
And he came near me, with his lips uncurled
And kind, and caught my hand and kissed my mouth,
And gave me grapes to eat, and said, 'Sweet friend,
Come I will show thee shadows of the world
And images of life. See from the South
Comes the pale pageant that hath never an end.'
And lo! within the garden of my dream
I saw two walking on a shining plain
Of golden light. The one did joyous seem
And fair and blooming, and a sweet refrain
Came from his lips; he sang of pretty maids
And joyous love of comely girl and boy,
His eyes were bright, and 'mid the dancing blades
Of golden grass his feet did trip for joy;
And in his hand he held an ivory lute
With strings of gold that were as maidens' hair,
And sang with voice as tuneful as a flute,
And round his neck three chains of roses were.
But he that was his comrade walked aside;
He was full sad and sweet, and his large eyes
Were strange with wondrous brightness, staring wide
With gazing; and he sighed with many sighs
That moved me, and his cheeks were wan and white
Like pallid lilies, and his lips were red
Like poppies, and his hands he clenched tight,
And yet again unclenched, and his head
Was wreathed with moon-flowers pale as lips of death.
A purple robe he wore, o'erwrought in gold
With the device of a great snake, whose breath
Was fiery flame: which when I did behold
I fell a-weeping, and I cried, 'Sweet youth,
Tell me why, sad and sighing, thou dost rove
These pleasent realms? I pray thee speak me sooth
What is thy name?' He said, 'My name is Love.'
Then straight the first did turn himself to me
And cried, 'He lieth, for his name is Shame,
But I am Love, and I was wont to be
Alone in this fair garden, till he came
Unasked by night; I am true Love, I fill
The hearts of boy and girl with mutual flame.'
Then sighing, said the other, 'Have thy will,
I am the love that dare not speak its name.

 

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