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POÉSIES HOMOSEXUELLES : Gay, Lesbienne, Trans, Bi

‒ Louis-Hyacinthe Bouilhet (1821-1869)

 

Louis-Hyacinthe Bouilhet (1821-1869)

 

Louis-Hyacinthe Bouilhet (1821-1869), né à Cany (Seine-Maritime, arrondissement de Dieppe), le 27 mai 1821 et mort à Rouen le 18 juillet 1869, à dix heures du matin, est un poète et dramaturge français bisexuel, français, chevalier de la Légion d’honneur par décret du 15 août 1859 plus pour son œuvre que pour sa bisexualité.

Le buste de Louis Bouilhet situé dans le square René-Coty.

La première chose qui, dans sa biographie le marque à la culotte, ce qui est toujours mieux qu'un trou, et autant dire plus proche du sceau que d'un rapiéçage de l'histoire, c'est qu'il est d'abord l'ami irremplaçable d'un Gustave Flaubert (1821-1880), cet autre grand mais discret et assez chaste homo de la littérature_ qui faisait de Louis son premier lecteur, correcteur, conseilleur et ami de voyage. Ça tombe bien, Louis était Gémeaux, il avait besoin d'avoir un binôme duquel il fut proche même s'il semble que leur amitié, au gré de leurs correspondances conservées à la Bibliothèque de l'Institut à Chantilly, paraît avoir été platonique ce qui ne lui empêche pas d'écrire le 1er décembre 1849 « Nous t'embrassons, pioche raide. » et d'y tenir des propos privés. Louis vécu longtemps 131 rue Beauvoisine et c'est l'une d'entre-elle, en la personne de Léonie Leparfait qu'il prit pour compagne, finissant même par reconnaître comme son propre fils Philippe Leparfait.

En 1857, Louis-Hyacinthe Bouilhet commet un premier ouvrage, Melaenis, une sorte de conte romain en forme de poème historique en cinq chants décrivant les mœurs sous l’empereur Commode. Il le dédie à son ami Gustave et l'ouvrage ne passe d'autant pas inaperçu qu'il est professeur de littérature et dix ans plus tard, conservateur à la bibliothèque de Rouen. C'est donc une oreille sure et un Priape patenté follement grivois qui adore les jeunes hommes dont le pubis à peine plus léger qu'un sourcil s'affecte d’oriflammes et le sexe vif, tel un éclat de marbre sauté des burins de Michel-Ange se transforme en enfant fait d'ultimes promesses.

Si Louis était tout en queue, Gustave lui était tout en bouche, enfin, surtout celle de son fameux gueuloir, lieu dans lequel il lisait et relisait à haute voix ses pages noircies comme des bas-ventres d'hommes alignés nus en manuscrits incertains. Dévoré par le doute, se plaignant souvent de n'arriver à rien, c'est à Louis qu'il faisait voir ses premiers jets, (je veux dire littéraires) afin qu'il lui donne son avis technique (l'oeil exercé, la bite au repos).

 

La poésie de Louis

Deux ans plus tard il publie un recueil intitulé Fossiles particulièrement audacieux puisqu'il y essaie d'utiliser les découvertes de la science pour sujet de poésie. Avant de se lancer dans une carrière d'écrivains, il entreprend des études de médecine, et a pour professeur Achille Cléophas Flaubert (1784-1846) qui n'est autre que le père de Gustave. Ses vers furent ensuite inclus dans Festons et astragales de 1859 suscitant, entre autres, l'admiration de Maupassant (1850-1893), d'abord tenté par la poésie. Louis-Hyacinthe a appartenu aux mouvements littéraires communément appelés romantique et parnassien.

Gustave et Louis voyagent parfois ensemble lorsque Flaubert ne pérégrine pas seul au travers de sa si chaude et chère Orient comme entre 1849 et 1852. Parmi la correspondance studieuse qui nous est restée, se glissent quelques lettres grivoises relatant ses expériences dans des maisons de garçons et autres hammams où il se fait branler la bite (pardon, le vit), sucer et parfois, sodomiser. « On retient le bain pour soi (cinq francs), y compris les masseurs, la pipe, le café, le linge et on enfile son gamin dans une des salles. Tu sauras du reste que tous les garçons de bain sont bardaches [homosexuel]. »

Louis Bouilhet resté en France lui répond par des poèmes chantant l’homosexualité, tel que « Étude antique » qui met en scène un éphèbe et sont amoureux et pleins d’autres jeunes et moins jeunes gens :

Dernières chansons de 1869, ce qui, vous en conviendrez, était une date à ne pas rater lorsqu'on est entre garçons mais là, c'est le chagrin que Flaubert dissimule derrière les zéphyrs orientaux qu'il aimait pourtant enlever et qui, cette année, lui servent à masquer sa peine car, lorsqu'il prend l'initiative de publier ces vers, son ami qui vient de mourir :

 

│ Il est jeune, il est pâle

et beau comme une fille.

Ses longs cheveux flottants d’un noeud d’or sont liés,

la perle orientale à son cothurne brille,

il danse-et, secouant sa torche qui pétille,

à l’entour de son cou fait claquer ses colliers.

 

Tout frotté de parfums et la tête luisante,

il passe en souriant et montre ses bras nus.

Un lait pur a lavé sa main éblouissante,

et de sa joue en fleur la puberté naissante

tombe aux pinces de fer du barbier Licinus.

 

Près des musiciens dont la flûte soupire

De la scène, en rêvant, il écoute le bruit

Ou, laissant sur ses pas les senteurs de la myrrhe,

Il se mêle au troupeau des femmes en délire,

Que le fanal des bains attire dans la nuit.

 

S'il a de ses sourcils peint le cercle d'ébène

Ce n'est pas pour Néëre ou Lesbie aux bras blancs.

Jamais, jamais sa main chaude de votre haleine,

Vierges, n'a dénoué la ceinture de laine

Que la pudeur timide attachait à vos flancs.

 

Pour lui, le proconsul épuisera l’empire ;

le prêtre comme aux dieux lui donnerait l’encens ;

le poète l’appelle ou Mopsus ou Tytire,

et lui glisse en secret, sur ses tables de cire,

le distique amoureux, aux dactyles dansants.

 

Par la ville, en tous lieux, autour de lui bourdonne

l’essaim des jeunes gens aux regards enflammés…

et le sage lui-même, en s’arrêtant, frissonne

quand son ombre chancelle et que son luth résonne

au fauve soupirail des bouges enfumés.

 

La réponse de Louis-Hyacinthe Bouilhet parmi les plus élégantes qu'un homosexuel puisse faire à un autre ne doit pas faire oublier que le garçon a bien plus profité de la chair que notre prudent Flaubert. Quoi qu'il en soit, ce dernier se bat pour qu'à la mort de celui-ci, le Conseil municipal de Rouen érige un monument à sa mémoire, ce qui sera fait rue Jacques Villon à proximité de l'actuel musée des Beaux Arts, une rue lui sera également dédiée dans le quartier Jouvenet sur décision du Conseil Municipal en date du 2 mars 1883.

Les deux amis, Louis et Gustave reposent tous les deux dans le même cimetière de la ville de Rouen, unis par l'amitié que nous recherchons encore ici, car c'est bien de cela dont-il s'agit, nous retrouver ensemble, parmi les ami-es trans, lesbiennes, gays, bi que nous sommes car, s'il est le vice des hommes ce n'est que parce qu'il est, le vœux des dieux.

 

Liste de la poésie de Louis-Hyacinthe Bouilhet :

  • Melaenis, conte romain, Paris, M. Lévy, 1857
  • Les Fossiles (Revue de Paris 1858 ou 1859)
  • Festons et Astragales (1859)
  • Dernières Chansons, posthume, 1872 (avec préface de Flaubert).

 

Merci à Roijoyeux qui m'a alerté sur l'absence insoutenable de cet homme de l'être qui maniait la langue avec plaisir allant jusqu'à corriger les fautes avec sa verge ce qui, bien-sûr, incitait à en faire.

 

Rédigé le 30 Mai 2022, à Paris
Par A. CA.-M. le rose

 

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