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POÉSIES HOMOSEXUELLES : Gay, Lesbienne, Trans, Bi

‒ A venir : Guy Lévis Mano (1904-1980)

Guy Lévis Mano Les Ephèbes

Guy Lévis Mano est né le 15 décembre 1904 à Salonique en Grèce, il meurt le 25 juillet 1980 à Vendranges dans la Loire en France. C'est un poète homo-fréquencé, un traducteur, un typographe, un éditeur français. Il est connu aussi sous le pseudonyme de Jean Garamond.

Aujourd'hui encore sur le site de l'association qui perpétue son œuvre comme sur sa page wikipédia aucune mention n'est faite de son homosexualité.

En 1924, à 19 ans, il publie un recueil de poésies d'amours homosexuelles dans la revue qu'il a fondée avec quelques amis : La Revue sans Titre qui n'aura à ma connaissance que 2 numéros.

Ce recueil contient 13 poèmes écrit par un jeune espagnol qui se donnera la mort et dont la nature des relations ne fait guère de doute :

« Je connus son corps impeccable, tout ce que contient d'épuisant, d'âpre, la caresse de mâle à mâle.

Il a mis dans ses poèmes toute sa sensualité frémissante, tout le tumulte des spasmes qui s'impatientaient en lui.

J'ai fait mon œuvre d'ami. »

L'ouvrage est précédé d'une préface signée par Guy Lévis Mano le 10 janvier 1924 et c'est en tant qu'ami qu'il se fait un devoir de le publier sous l'égide de Baudelaire et d'Oscar Wilde.

 

Demain ou après demain...
un jour... nous nous croiserons sur le même chemin.
Tu pinceras avec effort tes lèvres...
sur ta joue, rien... peut-être une rougeur brève...
Tu me cacheras froidement ton regard,
oubliant que nos corps pleins de désirs hagards
se sont connus, que le spasme suprême
a fait profondément vibrer de la même
étreinte, nos chairs et nos membres collés,
que dans nos bouches crispées, se sont mêlés
les soupirs de nos deux êtres énervés,
que nos haleines n'en faisaient qu'une
sous le halètement des jouissances communes.
Tu oublieras tout cela... Tu diras, penchant
vers ton compagnon, sans doute mon remplaçant,
ton mélancolique et gracieux visage :
"Tu sais, celui-là, c'est un ancien collage."
Ainsi on donne le plus intime de son moi,
le plus fragile de son être : sa foi,
pour arriver à ça!... Dieu que c'est bête!
Allons ne te fâches pas, laisse ta tête
sur moi... Dire qu'un jour je ne serai rien
pour toi, rien qu'un peu de ton passé... Allons, viens,
donne-moi tes lèvres.. . Je suis méchant, hein!
Pardonne-moi, c'est un peu de nervosité.
Ne pensons plus qu'à la seule volupté
de nous sentir nous aimer... J'éteins la lumière?...
Mais oui, je te crois, il faut bien, puisque je t'aime.
Je plaisantai, vois-tu. Je ne pense pas un mot
de ce que je viens de dire... Suis-je sot!
Mais si, je suis un sot... Embrasse-moi encore...
Tu m'aimes bien?... vrai !... Moi, tu sais, je t'adore,
et nous nous aimerons longtemps tu verras,
aussi longtemps que nous pourrons, pas?...

Voici le poème préféré d'un autre poète homosexuel Yeram Fariv (1974-)

 

Mal à l’homme

J’ai mal à la vie j’ai mal à l’homme
j’ai mal aux années que je n’ai pas vécues
j’ai mal à ma flamme moribonde
et aux hirondelles qui volent trop bas

J’ai mal à mes pavés qui ont des arêtes
aux vagabondages sans auberge
aux nuits qui n’éclairent pas leurs portes
et aux routes que barrent des écriteaux

J’ai mal aux bouches où s’égare le rire
aux chants qui cherchent des clairières
j’ai mal à la lourdeur de leurs pas
et à nos différences

J’ai mal à leurs ventres qui sont vides
j’ai mal aux creux qu’ils ont dans la joue
j’ai mal à notre liberté qui s’effile
à la haine qui va consumer
à l’amour aux rives du désert

J’ai mal aux couleurs qu’ils n’aiment pas
j’ai mal aux frontières en uniforme
au répit qu’ils ne savent pas prendre
à la joie esseulée et folle sur terre
qui n’arrive pas à pavoiser leurs dents

J’ai mal au monde entier
qui oublie l’exemple des moissons
et la liesse des guirlandes
j’ai mal à toutes les vies
parce qu’elles sont coiffées de mort

J’ai mal à l’avenir coincé dans les cavernes
à mon âme qui n’accepte pas
à mon corps qui n’a pas tout son soûl
et à ceux qui vont venir
et à ceux qui vont partir

car ils laissent les champs aux broussailles
et les oiseaux avoir peur du ciel

Guy Lévis-Mano in Mal à l’homme, GLM, 1948

Il écrira également Captivité de la CHAIR par Jean Garamon de 1942

 

 

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