‒ 👍 Bella de Vnirfou (vers 70)

Bella de Vnirfou, née en Touraine dans les années 70 (elle ne souhaite pas en dire davantage), écrit depuis l'adolescence poésie, prose et je crois bien que ça s'entend.

Bi assumée elle précise quand même que (beaucoup de ses descriptions poétiques relèvent du pur fantasme et de la littérature), elle aime AUSSI écrire, sécréter une poésie "un peu hard, moderne, queer, lgbt+ etc." Ses influences sont pourtant assez classiques : Baudelaire, Paul Verlaine (1844-1896) (Hombres, Femmes), Apollinaire, Louÿs mais bon, pourrait-on lui en vouloir d'aimer ce qui se fait de mieux en poésie ? Seulement, si j'édite sur ce blog c'est justement pour sortir de ces omniprésences tutélaires pour nous y mettre nous, nous les vivants, nous les modernes qui deviendrons les Classiques de demain.

La nuance entre érotisme et porno me dit-elle, je ne connais pas ! Ca c'est la grande question à chaque fois, est-il déshonorant de donner à la pornographie un écrin de poésie et d'ailleurs, faut-il seulement s'abstraire des horlogeries du corps lorsque toutes les pièces sont démontées des mécanismes de la poésie ? Le sexe et son hystérie créatrice jusque dans la colère de nos caresses, doit-il, mérite-t-il les roseraies à la treille de vers de la poésie que nous érigeons ?

L'érotisme n'est pour moi qu'une pornographie qui n'a pas tout dit, pas tout fait parce qu'on ne lui en a pas laissé le temps, c'est une pornographie sur plan mental et, la différence entre réalité et fantasme n'est que dans l'imagination des autres. C'était Breton qui disait "La pornographie, c'est l'érotisme des autres".

Côté prose, sous le pseudonyme très ambisexe de Jocelyn Witz, elle ne se contente pas de faire dans l'écologie de l'érotique comme avec "Une escapade galante" mais aussi dans les littératures de l'imaginaire, science-fictionnelle avec, entre autres, deux volumes de nouvelles parus chez n'co éditions : Evolution(s) (prix Bob Morane 2022) et Future(s) qui se concentre sur les rapports hommes/femmes. La dernière nouvelle du recueil, par exemple, intitulée "La bête qui hantait les collines", décrit un lointain futur de la Terre où toutes les femmes sont lesbiennes... et les hommes réduits à l'état d'espèce distincte : des bêtes de somme !

Je vous livre ces deux poèmes et franchement, ça me fait plaisir parce que souvent je manque de textes pour illustrer mes bio et j'avoue avoir, je le reconnais beaucoup de mal à aimer ce que je lis. Bien-sûr, je ne suis pas là pour aimer, je suis ici pour témoigner, partager, proposer et pour tout dire, je préfère que vous lisiez celle des autres plutôt que la mienne que j'aime savoir noire et seule. Là c'est top, parce que c'est bien rédigé, le premier poème alterne les vers masculins et féminins que la strophe suivante inverse, c'est très lesbien et très élégant. Le second, c'est masculins/féminins jusqu'en bas mais, tout en octosyllabes.

Concernant notre rencontre, elle avait mis le commentaire "Oh ! gravement chouette :)" sous l'un de mes poèmes le 24 Mai 2022, Etroite et douce Gorgone dont je ne me souvenais pourtant même plus alors que je l'avais écrit le 29 mars 2022. Je vais voir son travail et là je m’aperçois qu'elle écrit des poèmes dédiés à des hommes mais aussi à des femmes, je lui propose donc de me communiquer un ou deux poèmes bi que je pourrais publier et une biographie d'elle si elle veut apparaître dans la liste des Auteur-ices LGBT et là tout a été fluide, facile, bienveillant.

Je vous joins sa page Hautetfort afin que vous découvriez davantage son travail.

De Bella de Vnirfou :

On sable le miel dans mon abricot
On s'envoie des toasts par-dessus ma fente
Dehors l'été lourd nous berce d'échos
Une vibration erre, lancinante

On s'envoie des toasts par-dessus ma fente
Muriel en a bu plus que de raison
Une vibration erre, lancinante
Parmi la blondeur arse des moissons

Muriel en a bu plus que de raison
Oh ! je jouis, je crois que je jouis encore
Parmi la blondeur arse des moissons
Tout, sous le soleil, s'enmûrit et dore

Oh ! je jouis, je crois que je jouis encore
Anne, où es-tu donc ? A qui sont ces doigts ?
Tout, sous le soleil, s'enmûrit et dore
Languide, un essaim passe sur les toits

Anne, où es-tu donc ? A qui sont ces doigts ?
On me fait mourir et renaître ensemble
Languide, un essaim passe sur les toits
La reine, au milieu, se blottit et tremble

On me fait mourir et renaître ensemble
A présent j'abreuve Isis et Margot
La reine, au milieu, se blottit et tremble
On sable le miel dans mon abricot

‒

Viens me donner, ma toute humide
Ta fente à boire et à sucer
Que tu sois farouche ou timide
Tu ne peux me la refuser

Je trufferai ton con de crème
Je te beurrerai le velours
Pour que tu jutes des poèmes
Et pisses des chansons d'amour

Tes seins au nacré de pucelle
J'y mordrai et te ferai mal
Cette enfant chair qui s'amoncelle
Éveille en moi un animal

A la fin je prendrai ta bouche
Pour siège de mes ablutions
Avale encor ces fluides louches
Pour qu'ensemble nous renaissions

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Article écrit par le poète gay Alain Cabello-Mosnier
le vendredi 27 Mai 2022 (avec l'accord de l'autrice)