Cor de chasse sur corps de chasseur

Partout autour de nous le linge rôdait

éparpillé comme de petits animaux mal fait sur le parquet

des rats de caleçons gris

souris de chaussettes grignotées aux talons, à l'orteil et nous, deux congères endormies dans l'hiver du sommeil

Dans mon rêve, je ne sais pas où je suis

mais moi, je sais où tu es

je sens ton odeur de fougère
de calculateur féroce

ton rire d'ogre foutu

qui se dit terrassé par mes

deux brûleurs de gaz butane

jamais loin sous mes paupières

closent comme deux mini œufs de dragons

venus d'un pays enchanté par toi

_ Dors, profites-en petit con d'or,

car je ne compte pas en rester là.

J'aurais ma revanche

Nous courrons ensemble à ta perte

puis nous réglerons son compte à la mienne

car j'aime avoir tors dans tes bras.

De la roche escarpée de tes pieds

un jour,

je me jetterai de leurs falaises tarpéiennes

dans quelque chose de bien pire que la mer

comme une vestale grecque

la main sur le front

forte de tous les chagrins du monde pour les emmener avec elle

J'irai seul

tu ne peux pas venir avec moi

car le vide fait des anges

et si tu sautais

ce seraient des ailles de plumes qui se détacherait de ton dos meurtri d'amant immémorable

des tout comme tes aisselles mais en plus grand

pour l'heure bonhomme

t'es taillé pour

enfiler à mon doigts la bague de tes hanches

énorme cailloux de plusieurs carrares

sur un anneau d'aurore pur

Je t'avais déjà dis que, chacun de mes matins avaient une vue plongeante sur le petit pigeonnier de ton nez ?

parfois la pointe de ma langue tente d'y entrer comme un dodo

grosse pintade lascive,

là, juste au-dessus de ta bouche charnue comme une vexation

C’est fou ça

on peut s'enfoncer n'importe où on veut et tu te laisses faire

Tu es un chimique

cor de chasse sur corps de chasseur

vénérable venaison

encore aujourd'hui, je m'emploie à te rencontrer

mais, il me faudrait tout de même penser

à investir dans une de ces cardeuses à peigner les amours hirsutes

quel écheveau ce sera lorsque nous nous séparerons...

Écrit par A. CA.-M. le rose (Alain Cabello-Mosnier)

▌vendredi 27 novembre 2020 Paris

(poète gay & masseur à Paris) ⚣