Cœlacanthes
Je ne suis un ange qui ne s'envole que grâce à vos perpétuels battements aisselles, le plumet luisant sous les bras, Cuirassé de vos tétons, écailles de cœlacanthes aux putrides hémisphères.
Vous êtes pour moi des talons de générations successives d'Achille. Lorsque je suis avec vous ou lorsque vous vous souvenez que l'étais, c'est en Prométhée enchaîné à son rocher que je me tenais devant vous, éventré par ce que vous vouliez de moi et jamais je ne rechignais à mourir quelle que soit l'infamie de vos registres ténébreux.
Je vous suivais dans la tombe, montais sur un bûcher fait de vos cuisses et de vos bras réunis, pour m'embraser aux genêt de vos torses, à la bruyère de vos ventres rouges.
C'est fou ce que vos nuits étaient longues et les miennes courtes, il vous fallait si peu de temps me disais-je pour m'oublier lorsque des siècles n'auraient pas suffit pour que je cesse enfin de penser à vous. Ma passion avait la mâchoire d'un python. C'étaient vos épaules qui mettaient le plus de temps à passer, puis je vous digérais pendant des milliers d'années dans les sucs de ma poésie.