Carreaux littéraires.
▌Chaque nuit je m'éteins dans tes bras, mais mon cœur lui est toujours levé avant le soleil ; il est le premier à t'aimer et toi, le dernier à t'en rendre compte. Je ne survis jamais très longtemps à tes désordres, mes yeux se ferment et, mon oreille saigne sur ta poitrine pour laisser à notre réveil ce téton de chagrin et d'espoir. Tu es tellement de choses en même temps et moi qui les aime toutes. Même tes chaussures vides sur le plancher me remplissent de joies et d'incertitudes "sont-elles la preuve de ta présence ou celle de ton absence future ? Je me laisse vivre et toi tu te laisses aimer, cela devrait suffire, en tout cas un temps.
Je baise tes pieds comme un pèlerin mais le doute s'infiltre dans mon amour pour toi qui prend alors l'humidité d'une crypte. Je me résous à tout perdre, à tout laisser mais pas à devoir t'oublier. Dans dix mille ans j'aimerais t'aimer encore même si nous devons adopter du transi la miséricorde des peaux qui s'en vont. Elles semblent prêtes à tout pardonner mais pas moi, je ne pardonnerais pas d'avoir à te perdre, à ce que nous nous allongions ailleurs que l'un à côté de l'autre.
Vois-tu, j'aimerais te voir pourrir sur mon épaule. Je suis sûr que même avec les dents déchaussées tu seras aussi beau que tes pieds lorsqu'ils le sont. Tes gencives percées seront comme tes pantoufles creuses ; le pied quelque part.
Tu es mon été.
Mon ventre d'amertume.