Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
POÉSIES HOMOSEXUELLES : Gay, Lesbienne, Trans, Bi
1 juillet 2019

RÉPONSE DE PÉDÉ A PHILOSOPHE, à Michel Onfray au sujet de sa vidéo intitulée "La Gay Pride" du 20 juin 2019

Réponse de pédé à philosophe J'ai tenté dans un premier temps de répondre en commentaire sous la vidéo de Michel Onfray mais bien entendu, celle-ci faisant 9 pages et 4000 mots, elle ne passait pas, le texte était trop long pour la plateforme. Je l'ai donc enregistré, mise en ligne, mais comme pour YouTube "pédé" est une insulte par défaut cela m'a valu une suspension immédiate, refusé en appel puisque l'image de la vidéo contenait le titre supposé attentatoire, je l'ai donc mise en ligne sur VIMEO sur la Chaîne de poésies homosexuelles (Poésies Queer) mais elle fait 1:04:42.https://vimeo.com/345898091

Alain Cabello-Mosnier ⚣

 

  1.  L’HOMOSEXUALITÉ N'EST PAS UNE MARGE
  2. L’HOMOSEXUALITÉ, MOTIF A FIERTÉ OU PAS ?
  3. L'HORIZON INDÉPASSABLE DE L’HOMOSEXUALITÉ : MARIAGE ?
  4. Y A-IL DANS LES ANNÉES 2000/2010 UNE CÉLÉBRATION DE L’HOMOSEXUALITÉ ?
  5. LA GAY PRIDE SERAIT URBAINE, CLASSIEUSE !

Personnes citées : Mahmoud Asgari ; Simone de Beauvoir ; Darwin ; Dominique Fernandez ; Guy Hocquenghem ; Victor Hugo ; Marsha P. Johnson ; Ayaz Marhoni ; Miss New Orleans, (une trans SDF) ; Michel Onfray ; Pierre Palmade ; Sylvia Rivera ; Ambroise Tardieu ; Vénu Hottentote ; Alain Cabello-Mosnier.
Organisations
: Act-Up ; Amnesty ; Centre Gay et Lesbien (l'actuel Centre LGBT) ; GAY PRIDE ; Marche des fiertés ; Refuge ; SOS Homophobie ; Stonewall.
Lieux : France - Paris ; Europe ; New Orlean ; New-York ; Riyad ; Russie Moscou ; Tchétchénie - Groznyï ; Turquie.

 

 

Je m'appelle Alain Cabello-Mosnier et j'aimerai bien tenter de répondre à Michel Onfray au sujet de sa vidéo intitulée La Gay Pride postée le 20 juin 2019. Si vous me le permettez, tant j'avais bien kiffé vos Universités d'été et, pour poser ma sphère d'influence je voudrais le faire d'abord en tant que pédé, écologiste, néo-masculiniste (pas masculiniste gros réac Nord américain qui pue des pieds), végétarien, ancien administrateur du Centre Gay et Lesbien (l'actuel Centre LGBT) et arpenteur de ce que l'on appelle plus d'ailleurs "gay pride" mais désormais, la "Marche des fiertés". Gay pride supposait la seule "fierté gay toute entière réduite à la gay attitude" lorsque "Marche des fiertés" impliquait celle de l’ensemble des revendications en présences LGBTQ-A+ (Lesbienne, Gay, Bi, Trans, Queer, Asexuels, et + pour les autres) vues comme légitimes. Le "Centre Gay et Lesbien" mettait ainsi dans son appellation le masculin de "gay" originellement devant devant le féminin de lesbienne ; rectifié par la suite.

1. L’HOMOSEXUALITÉ N'EST PAS UNE MARGE : Dominique Fernandez n'est qu'un académicien, sa voix n'est qu'une parmi d'autres et pas nécessairement celle d'un militantisme combatif et engagé et concernant Guy Hocquenghem, beaucoup plus pertinent, c'est une pensée des années 80, un jalon mais pas un théorisateur de fond, le mouvement homosexuel ne dispose pas de l’équivalence milliaire d'une Simone de Beauvoir sur les travaux de laquelle on peut encore travailler tant il y eu de sujets levés.

NON, définitivement NON, l'homosexualité n'est pas une "marge", (là-vôtre peut-être) mais une systématique sexuelle présente en chacun d'entre-nous en tant que potentiel sexuelo-libératoire, une possibilité d'assouvissements permanents, occasionnels ou fantasmatiques, parfois jamais vécus mais toujours présents.

C'est d'ailleurs la limite de ce genre d'appellations fermées, homosexuel versus hétérosexuel semblent installer l'Homme dans un manichéisme certes confortable mais qui montre assez vite ses faiblesses. Vous savez ce que dit Beauvoir du manichéisme dans le tome 2 de Le deuxième sexe Ed. Gallimard 1949 Fiche technique, page 490, "il rassure l'esprit en supprimant l'angoisse du choix". Et de fait, c'est tellement confortable d'être l'un OU l'autre et d'afficher une sexualité péristaltique supposément majoritaire qui exclue fanfaronnement l'autre. C'est pratique d'un point de vue mental, un OUI affirmatif et commun et toujours moins énergivore qu'un NON opositionnel qui demande des explications. C'est être du côté de l'opinion générale soit parce que c'est le cas, soit c'est parce qu'on le pense même si ça peut être contesté mais ça reste une constatation confortable et valorisante, pourtant, l'afficher ostensiblement pour en récupérer les lauriers communs n'est plus qu'un suivisme de situation mais qui vous place parmi les leaders de la chose affirmée sans même avoir à développer davantage, alors que lorsque vous vous opposez, vous vous mettez en situation de devoir vous justifier, argumenter, et cela consomme bien plus d'énergie que le contraire.

Moi je parle d'avantage d'hétéro-fréquencés et homo-fréquencés pour tenter d'établir la porosité originelle de la sexualité, un El Niño assouvitionnel. Pour faire vite, si l'on veut bien considérer un instant la sexualité comme une sorte d'onde radio, ligne ou plateau qui disposent à ses extrémités une hétéro-fréquence et une homo-fréquence avec au centre, le tuner de la bisexualité que chacun d'entre-nous va manipuler au gré de ses rencontres, de sa vie, de ses opportunités en permettant justement cette circulation dans la sexualité sans que cela empêche d'en revendiquer une. Sur cette ligne nous avons une possibilité de déplacements vectoriels qui permettent d'aller exprimer d'autres modèles componentiels juxtaposés ou parallèles. Dire que l'on est "100%" hétéro ou homo n'a pas de sens puisque "le cul ce n'est pas des math", il n'y a pas un point zéro d'équilibre où, d'un côté on serait hétéro-étanche, rien qu'hétéro et définitivement hétéro et de l'autre, un homo colorié, une anomalie. En +, dans la sexualité il n'y a pas que la pratique effective, il y a les fantasmes, les troubles que l'on peut ressentir pour les différentes expressions de la sexualité "LGBTQ-A+". Moi je pense que, biologiquement, ce modèle d'homo-fréquence peut-être justement là dans le cycle du vivant pour relâcher la pression sexuelle au sein d'un groupe d'individus donné en permettant à ses personnes de se satisfaire par ses allers et retours possibles entre une dominante hétéro-fréquencée, par l'auto-satisfaction (fantasme, onanisme etc) et par des jeux endo-sex qui ne sont pas irrémédiables. Partant de ce principe, l'homosexualité ne peut pas être une "marge" parce qu'elle ne se réduit pas à la pratique de ceux qui la revendiquent mais s'allonge sur une homo-fréquence déjà installée dans notre logiciel sexuel natif et ce, qu'on en soit conscient ou pas, qu'on l'exploite au pas.

Personnellement, je dispose de mon propre institut de massage à Paris, et un des très rares avec masseur de relaxation (je ne suis donc pas un intellectuel comme vous) et je ne compte plus les clients qui viennent en se disant hétéro dès leur arrivée, alors que c'est juste un espace cool et standing et qui, en fin de séance, me font comprendre, parfois avec une grande détresse, leur envie d'aller plus loin. 95% de ma clientèle est mariée avec des enfants et je ne remets pas en cause leur "hétéro-fréquence" mais de fait, cette capillarité sexuelle qui existe reste entravée par l'interdit, et je trouve que les espaces de communication endo-sexe disposent d'une perméabilité structurelle beaucoup facile que ne le permet l'expression d'une sexualité simplifiée exo-sexe.

 

2. L’HOMOSEXUALITÉ, MOTIF A FIERTÉ OU PAS ?

La fierté ne se constitue pas sur ce qui n'est pas contesté, nous n'avons pas à être fière d'être vivant, mais elle se ressent lorsque l'on persiste à être, malgré les oppositions, les quolibets, homosexuel. Donc il n'y a pas de fierté à d'être ce que l'on est lorsque personne ne nous le conteste mais le devient dès lors qu'il faut se battre "physiquement, psychologiquement, lorsque l'on doit se cacher, nier ce que l'on est, subir des rejets, des licenciements abusifs, des humiliations."
En 1960 l'homosexualité est qualifiée de "fléau social" et rejoint en cela la toxicomanie, l'alcoolisme et et et... la tuberculose. Vous entendez bien ? L'homosexualité rangée à côté de la tuberculose, et après, grandissez avec ça. D'ailleurs, ne sommes-nous pas mentalement dérangé à nous habiller en rose, à nous jucher sur des chars ? C'est vrai, tous les homos sont roses, au XIXe siècle, dans le prolongement des théories de Darwin, des sophistes ont même été jusqu'à dire qu'en effet, comme les chiens ou les singes, les homosexuels ont le sexe pointu, d'ailleurs, c'est bien connu, "même les animaux ne font pas ça...". Je suis un fléau social à ranger avec la tuberculose, une maladie mentale d'ailleurs inscrite à la Classification Internationale des Maladies (CIM) jusqu’en 1992 (1982 pour la France), une déviance, une caricature du dessin de Dieu, une insulte, une erreur ! Donc, lorsque vous parvenez à sublimer ces réserves, ces haines, ces rejets en une Marche festive, qui avant d'en être une fut une révolte sanglante, une insurrection violente à Stonewall en 1969 et que cela a aboutit à l'adoption de droits qui nous mettent dans l'Humanité, alors oui, nous avons largement motif à fierté. Car de fait, si vous voulez expliquer à des jeunes qu'ils ne doivent pas avoir "honte" de ce que qu'ils sont, le contre-sentiment d'expression correspondant est nécessairement celui de la fierté lorsqu'il vient s'opposer aux idées reçues.

Je pense qu'il faut bien distinguer la perception que vous vous pouvez avoir en tant que philosophe endo-sexe, hétéro-installé, s'interrogeant sur la nature d'un sentiment et ce que les gens qui en crèvent (+ de suicides chez les jeunes homos que chez les hétéros) peuvent avoir envie d'exprimer. Vous-même êtes un philosophe à la marge du milieu parisianiste objet de bien des rejets, mais là, nous ne sommes pas seulement sur des questions de sociétés, nous sommes sur un processus de rééquilibrage de la sexualité collective telle que perçue, de re-légitimation et de conquêtes sociales.
Des parents foutent leur gamin dehors lorsqu'ils apprennent son homosexualité, voir pour cela l'Association Refuge, d'autres dans le monde les assassinent. Et après, vous vous étonnez que l'on puisse en faire un sujet de fierté ? Nous crevons juste d'être et j'espère vous aider à être juste avec nous, pas de nous balayer en neuf minutes ; nous subissons l'hostilité du groupe justement parce qu'il pense que nous ne somme pas "la norme", que la norme, c'est eux, c'est vous, que nous sommes "en marge", parce que l'on nous trouve parfois habillés en femmes, parce que celui-ci veut changer de sexe ou choisir le genre qu'il souhaite voir sur sa CNI, parce que d'autres font la pute et parce que tout cela constitue un continuum avalantiel (avalanche), séquentiel, de mépris, d'insultes, d'ironies, de conseils à longer les murs (ah les murs, les homos en sont les plus extraordinaires contreforts, je me demande si les murs disposent de leur propre ombre ou si elle n'est plus que celles des homos qui se cachent), à "peut-être rester plus discrets" pour ne pas heurter la sensibilité du prince hétéro, et oui, il faut longer les murs et se taire, le faire en silence et sans plumes, ça dérange les hétéro-fréquencés et ça éblouit les yeux des homos cachés à la campagne.

 

3. L'HORIZON INDÉPASSABLE DE L’HOMOSEXUALITÉ : MARIAGE ?

Lorsque vous dites que "le mariage, la paternité, la maternité, l'adoption au sens nucléaire n'est peut-être pas un "horizon indépassable" mais personne ne dit qu'il s'agit du Graal gay mais l’obtenions des éléments de droits qui fondent l'égalité même de notre République. Lorsque, militant au CGL nous faisions le tour des bars gays, des soirées organisées pour le pacs à l'époque, (on parlait encore du CUCS) et que nous revendiquons plus, "le mariage", Act-Up et d'autres nous accusaient de "singer le modèle hétéro et nous traitaient de catho". Perso je suis athée comme un cochon mais ce que L’État donne de liberté lui fut prise et si cela concerne ses citoyen-nes, l’État doit le consentir à tous indépendamment de ce que chacun en fait. Moi à l'époque, je ne "demandais" pas le mariage, "j'ordonnais" à la République, au nom des principes dont elle se réclamait, l'égalité des droit sachant que pour ma part je m'oppose à cette institutionnalisation des unions organisée par l’État. Et NON, il ne s'agissait pas d'un "mariage gay" mais d'un "mariage civil élargit, je ne suis pas pédé en France mais citoyen en France et c'est en tant que français que j'exige cette égalité et c'est en tant que citoyen, en tant que néo-masculiniste que "j'ordonne encore aujourd'hui à la République" de réformer ses prisons qui ne sont que l'expression d'un cannibalisme de droit où le peuple cède à l’État les prérogatives de la dévoration décimale de ses propres enfants, déviants eux aussi, comme plongés dans cet estomac de la Nation. "Victor Hugo, où es-tu ?". J'ai fais un poème là-dessus alors que la prison ne me concerne pas de façon directe ou familiale mais la révolte est une unité de combat que la nature doit transcender au-delà des contingences d'espèce. Voyez-vous, il ne s'agit pas de se surajouter à soi-même en sautant d'une revendication à une autre mais bien de tenter par la parallélisation des luttes d'obtenir l'écoute du droit et la réponse des éducations sensibilisées à l'idée-même de différences et de l'expression directe de celles-ci.

Vous vous rendez bien compte que cette idée saugrenue "d'homosexualité d'esthètes, délicate, sublimée, ÉLÉGANTE" peut aller pour un académicien comme M. Fernandez né en 1929 mais devient justement l'exercice de tout ce que l'on conteste en terme de mépris profond pour ce qu'est l'homo-fréquence réduite à son homosexualité ramenée à sa part d'ingénu, Narcisse dont l'étang serait le reflet amélioré de lui-même regardé et touché à travers un autre électif, tout aussi délicieux et poète que lui.

 

4. Y A-IL DANS LES ANNÉES 2000/2010 UNE CÉLÉBRATION DE L’HOMOSEXUALITÉ ? J'ai du rater une fête.

La célébration supposée de l'homosexualité que vous semblez avoir constaté n'a tout-de-même pas empêché que plus d'un million de personnes descendent dans la rue pour manifester contre ce qui n'était pourtant pas une fête Dionysiaque donnant lieux à des hordes d'homosexuel-les nu-es et se donnant la mains dans d'interminables farandoles dédiées aux plaisirs undergrounds mais bien des citoyen-nes soucieux du sort de l'enfant adopté lorsqu'il serait entre de pareilles mains. La Manif pour tous (suaire de génération) contestait ce qui n'est jamais que l'expression de leur propre sexualité pour une part qu'ils dénient aux autres. J'ai le droit de me marier parce que je suis "hétéro-normal", et je défends le droit des enfants, homosexualité=perversion, pédophilie etc.

C'est une réflexion que je me fais lorsque de mon côté, je récuse le terme de gay, (et en cela je rejoins et j'ai défendu la position de Pierre Palmade mais en allant plus loin peut-être) en disant que gay est une culture lorsque pédé est une sexualité doublée d'un militantisme et que quelque part, le "gay" est devenu une sorte d'icône intouchable sur laquelle plus personne ne peut plus taper même si, à SOS Homophobie, d'autres s'en chargent mais moi, je préfère le terme de pédé, d'homo parce qu'il permet justement encore la confrontation. Ensuite, franchement, célébrer le cul et l'art de la pipe ferait le plus grand bien à tous ces serre-tête qui venaient nous dénier le droit à l'égalité.

Lorsque vous dite que nous aurions pu passer de la révolte à une normalisation bourgeoise c'est-à-dire l'acquis immédiatement monnayé en un confort de position, c'est faire peu de cas des mécanismes sociaux pourtant bien connus à présents qui impliquent toujours des mouvements de balanciers pro/anti, allant de périodes de conservatismes à des des mouvements réformateurs souvent d'ailleurs en fonction du ratio âge de la population, âge du politique et permanence de la contrainte alors ressentie comme une limite à l'expression. Donc, dire qu'il suffisait de normaliser alors-même que bien des problématiques persistent (pas de don de sang par les pédés s'ils ne sont pas abstinent depuis un an" comme si les gays à l’instar des noirs baisaient comme des primitifs, le droit à changer de sexe sur sa CNI quand on est trans, et bien d'autres situations de la vie quotidienne en France mais aussi en Europe qui nous font sentir que nous serions différent).

 

Lorsque ce processus d'indifférenciation aura abouti, que ce que l'on est ne sera plus sujet à discutions, alors la Marche des fiertés s'étiolera d'elle-même, mais voyez-vous Michel Onfray, quand je vois, lors de cette GAY PRIDE si grotesque comme certains le disent, arborer le char d’Amnesty(1) avec ces pendus pour cause d'homosexualité comme en Iran comme Mahmoud Asgari et Ayaz Marhoni, âgés de 16 et 18 ans, pendus en place publique à Masshad en 2005 parce qu’homosexuels, et bien moi ça ne me donne pas l'impression d'être ridicule ou par trop rose dans mon chagrin parce que j'ai besoin de ce putain de rose pour lutter encore et comme ce n'est pas moi qui vais en porter, je suis heureux que d'autres le fassent pour moi et me fassent sourire. La GAY PRIDE interdite en Russie, les homo poursuivis en Tchétchénie, incarcérés, violés, assassinés, tout cela ne me donne pas l'impression qu'il n'y a plus qu'à normaliser et de changer de fringues.

 

- Ensuite, lorsque vous dite que l'homosexualité serait ainsi réduite à la gay pride et que les gens ne seraient pas capables de distinguer la parodie de la réalité, l'expression festive d'un jour réduite à la réalité d'un quotidien est une logique essentiellement posturale. Dans l'histoire de la gay pride en tant qu’ancêtre de la Marche des fiertés, c'est parce que le bar Stonewall inn était tenu par la mafia puisque les bars n'avaient pas le droit d'accueillir des homosexuels, de leur servir de l'alcool (je vous le rappelle nous étions des malades mentaux et on ne sert pas d'alcool à ces gens là), mais aussi le loi des trois vêtements qui interdisait aux hommes de porter ceux du sexe opposé à celui indiqué sur son identité de naissance, mais aussi pour deux hommes de danser ensemble sous peine de se faire retirer leur licence. Ainsi, seule la mafia pouvait tenir tête à la police sans oublier qu'elle escroquait largement les homos d'autant plus fragiles lorsqu'ils s’habillaient en femme. Les homos lorsqu'ils restaient visuellement monsieur-tout-le-monde délicieusement transparents, inaudibles, pouvaient aisément passer pour de "normaux" à "pervers", baiser le jour avec leur femme américaine des années 50 et la nuit, avec des hommes, et affirmer après une descente de police "comment savoir que ce bar gay l'était, je suis juste venu boire un verre". Parmi ceux-là il y avait de vos amis là dont vous parlez, ceux qui n'ont pas besoin de tutu (avec une petite homophobie par ironie au passage de votre part, mais je vous apprécie trop pour penser que vous l'êtes). Seulement, les travestis, les trans, les drag-queens, eux/elles, pouvaient difficilement échapper à l'immédiateté vestimentaire qui les trouvaient ainsi harnaché et bénéficier du doute permis aux autres. Donc, ils étaient interpellés, amenés au poste de police, fichés, humiliés, poursuivis, rackettés, traités de dépravés, de pédales, en permanence, tout le temps, et encore et toujours responsables en interne comme en externe de la fameuse "super mauvaise image" tant déplorée par ceux qui se planquent dans les interstices sociaux laissaient pas les hétéros, l'accommodement leur va puisqu'ils n'ont pas besoin qu'on leur rajoute de la pression sociale dans un espace déjà très contraint difficile à supporter ainsi le problème n'est plus celui qui la condamne l'homo-fréquence mais ceux qui l'affichent), agitée par les hétéros naturellement dérangés par le fait homosexuel (masculin, puisque deux filles entres elles, c'est assez fun quand on y pense...) et amené, par le travestissement, à se voir interroger sur leur propre rapport à la norme et à l'acceptation de la ruption de celle-ci dans un cadre hétéro-normé et patriarcal fait sur mesure. Ainsi, ce sont ces FOLLES, ces TRANS, ce SOUS-GENRE de l'humanité, ces déchets qui nous renvoient somme toute à notre propre merde qui ont été à l'origine de la révolte de Stonewall en 1969. C'est sur elles que l'on a cogné encore et encore avant, c'est sur elles que l'on a cogné pendant, c'est sur elles que l'on a cogné après mais c'est normal ! et oui, encore et toujours la recherche de notre fameuse norme en kit, protectrice, fusse-t-elle au prix de l'invisibilité sociale et des renoncements mais savez-vous ce qu'il advint de Marsha P. Johnson et Sylvia Rivera, ces putains de transgenres, folles et déjantés ? La première est morte en 1992 à 46 ans retrouvée noyée dans l'Hudson River et la seconde, sa copine, morte en 2002 à 50 ans, dans la rue.

Ceux qui disent qu'ils n'ont pas besoins de cette représentation publique désastreuse pour ce qu'ils appellent "leur façon de vivre leur homosexualité" ou ceux-la, hétéro-fréquencés qui fond de plus ou moins régulières incursions en terre gay, oublient un peu vite que le Gavroche qui s'en est pris une en pleine tête ne se l'est prise que parce qu'il était sur les barricades et pas planqué à Chambois, et lui, elle, elles, ce n'était pas des esthètes élégants de la chose, des homos délicats parce que suffisamment délicatement discrets pour ne pas incommoder le régnant phallocentrique qui demandait encore à sa femme son autorisation pour signer un chèque, le bourgeois ; le quinquagénaire est rarement à l'origine d'une révolution.

 

Mais qui, qui putain s'est révolté contre la police new-yorkaise en 69, qui a commencé à tenter d'arracher un parcmètre pour aller avec d'autres défoncer la porte du Stonewall inn où la police new-yorkaise s'était retranchée ? Elle s'appelait Miss New Orleans, c'était une trans SDF mais vous croyez que tout cela n'y est pas lorsque nous montons sur nos chars ? Que la CULTURE GAY ne CONTIENT pas cela dans ses gènes ?

 

- Concernant la nécessité ou non de se distinguer des autres, d'afficher son homosexualité dans la folltitude, où est le droit à la parodie, le droit à la fête, le carnaval romain ne permettait-il pas de changer de sexe, de narguer les riches et les rois ? Ce droit à la caricature qui a accompagnée la Révolution Française, Daumier, Cabu n'est-il pas applicable à celui de la parodie de rue, d'humour festif, de décalage incivil et incisif comme signe distinctif à la grisaille des luttes habituelles ?

Mais où voulez-vous trouver l'énergie de la lutte sinon dans la couleur, et qu'est-ce que ça peut faire si la nuit j'ai envie de me déguiser en Barbara Streisand ? Pourquoi iriez-vous vous amuser chez Michou rue des Martyres et pas à la Marche des fiertés ? Oh mais oui, ce que je peux être fière d'être homo, ce que c'est bon d'être libre dans son sexe et dans ses écrits.

 

- Ensuite, pour ce qui est de l'absence de Gay Pride à Chambois en Normandie là c'est précisément une caricature tout aussi mondaine si je puis me permettre, voire une homophobie par le dédain en considérant que les gens là-bas sont bien trop archaïques pour l'accepter si tant est qu'il fut pertinent d'en faire une à deux. Je prendrai ça pour un trait d'humour mal dirigé teinté d'un populisme de facilité parce que vous savez bien que les enjeux de ce genre de manifestations ne tiennent pas à pouvoir faire une Gay Pride à Chambois mais parvenir au moins à avoir les autorisations déjà à Moscou, Riyad ou Groznyï et que l'intention n'est pas d'être à deux pour faire les cons sur un tracteur mais bien plusieurs à être intelligents en laissant les différences s'exprimer, soient-elles festives et dérangeantes. Avec cet argument étrange dans votre bouche vous servez un argument de philosophe français à Poutine, au roi Salmane ou au sinistre Kadyrov, (à quoi bon laisser s'exprimer ce qui est ridicule ou "contre-nature" comme le disait Pétain ?). En plus, entendre un philosophe faire ce parallèle avec une Gay Pride à Chambois pour signifier l'inutilité de la chose serait comme si un ministre s'enregistrait neuf minutes pour dire combien il serait inopportun d'avoir un "bouseux dans un ministère venant se vautrer avec ses sabots crottés sur les tapis de la République, sans oublier l'odeur, franchement, vous les imaginez voter des lois... Les oppositions peuvent aussi être colorées, maquillées et se laisser déranger par elles c'est aussi accepter de se remettre en cause. Des lesbiennes, des travestis, des drag-Queen habillées en fleurs pour affronter la police que des États discrétionnaires leurs envoie, vous ne trouvez pas ça merveilleux ?

 

5. LA GAY PRIDE SERAIT URBAINE, CLASSIEUSE ! Comme la plupart des révolutions non ?

A-t-on vu des Chambois demander une Constituante ?

L'argument est assez étrange à mon sens, on sait très bien qu'il y a des inerties locales dont les mécanismes se modifient dès-lors que l'on est dans une grande ville, c'est d'ailleurs souvent pour cela qu'on y "monte". Le "village" est une "petite ville" par nature plus étroite, avec moins de libertés. Le phénomène du nombre suppose une plus grande invisibilité et aussi la multiplicité des rencontres lorsque c'est ce que l'on cherche, quitte après à exiger une reconnaissance de nos spécificités régionales, sociales, politiques, sexuelles. La pression villageoise comprend aussi celle de la sphère familiale à laquelle on ne veut pas porter atteinte par la "mauvaise réputation" mais cela pèse. Une fois en ville et plus à l'aise à force d'interactions au sein de son groupe d'élection, la fronde peut s'organiser.

Je suis sûr que vous êtes "du côté des petits, des homosexuels qui se cachent" mais pour cela, faut-il qu'ils se cachent encore davantage, gris parmi les gris ? Car enfin, la part de liberté et d'acceptation dont jouissent ces homo-fréquencés "discrets" dont vous parlez auprès de la population est aussi le fruit de nos luttes et on ne va pas s'excuser de rire entre deux chagrins même après les trois minutes de silence que l'on fait chaque année en mémoire des séropositifs morts du VIH, de renoncer à l'exubérance parce que d'autres veulent vivre en paix. Nos causes peuvent-elles compter sur l'isolement et la discrétion ? Que faites-vous de la culture romaine du carnaval ? Lui aussi impliquait un travestissement et une inversion des rôles, la possibilité de se moquer des Princes sans risquer le cachot, le carnaval était aussi puissamment politique, alors, pourquoi devrions-nous réduire à l'amusement ce carnaval gay qui ne veut renoncer ni à sa part de politique, ni à sa part de joie ?

8:30 vous dites que les gays pride devraient se faire dans les banlieues, et bien justement, cette année, il y eut la première Marche de fiertés à Saint-Denis le 9 juin 2019, mais vous voyez, vous dites, avec tout le respect et l'amitié que j'ai pour vous que deux pédés sur un tracteur à Chambois courraient le risque d'être poursuivit par des fourches (ce dont je doute), mais vous voulez bien que ces mêmes folles aillent dans les banlieues islamistes. Je pense que vous sous-estimez le travail des bénévoles de tout le tissus associatif gay, mais après, nous aussi rencontrons nos limites, celles du temps, de l'épuisement des mobilisations, nous aussi nous intervenons dans les écoles, dans la société civile, dans nos familles qui elles aussi nous ressortent ces arguments que vous participez à propager mais tiennent-ils encore lorsque vous voyez que jusque dans les pays les plus instables politiquement, aux prises avec les émersions homophobes bon teint, s'expriment encore des activistes FOLLES, TRANS, MAQUILLÉES, et toujours hyper exposées ? Nous fûmes grotesques hier, paria, honte familiale, dégénérés et nous voilà encore grotesques aujourd'hui dans vos mots de philosophe juste parce que nous voulons festoyer ensemble, à travers l'Europe, entre nous, entre vous pour vos enfants, pour notre avenir et c'est étrange, mais nous voulons le faire en riant, en FOLLES, en petits dingues, en gens de peu, en citoyennes et en citoyens, en français heureux, d'être là, dans l'espace public que l'on nous contestait il y a encore peu. Nous allons partout dans le monde parce que nous sommes le monde, le monde en tant que population, nous sommes foncièrement VOUS, hétéro-fréquencés, donc venez avec nous et militons pour ceux et celles qui seront aussi dans votre famille, dans votre lignée et se trouve déjà, quelle que soient vos dénégations, dans votre sang d'hétéro-fréquencé capillarisé.

Je ne suis pas un intellectuel comme vous, moi ça m'a pris deux jours pour vous répondre, écouter votre vidéo point par point mais voyez-vous, parfois, sans le savoir, sans même le vouloir j'en suis persuadé, vous blessez, vous opérez des raccourcis désobligeants sans connaître notre histoire profonde mais nous aussi en faisons, s'engager signifie que l'on ne sait pas toujours maîtriser la portée de notre verbe, de nos actes, de nos prises de paroles, de notre véhémence et c'est cela la pédagogie, expliquer, rectifier, s'excuser, essayer, tenter, proposer, échanger, écouter, lire, vouloir comprendre.

 

- Ce par quoi j'aimerais clore cette réponse de citoyen à philosophe c'est qu'on arrête de parler des homosexuel-les comme d'une espèce pour entomologistes que l'on redécouvrirait à l'occasion de l'improbable inventaire de la gay pride "la variété homosexuel-les plus complexe qu'on ne le soupçonnait, famille papillons de nuit, of cource". Certes, ça change d'Ambroise Tardieu qui disait au XIXe siècle de cette """pratique""" "comment parler proprement de la saleté ?". Mon être ne se réduit pas à ma sexualité, je ne suis pas homosexuel, je suis aussi homosexuel, un homo-fréquencé qui pense, travaille, réfléchi, je suis un animal humain, un homo certes, mais sapiens parmi les autres, un homme qui questionne, je suis un athée, un Républicain, un néo-masculiniste, un végétarien tendance végan, un écrivain silencieux sans éditeurs, juste pour que ce soit accessible, gratuit, je suis un imparfait, un passant, un mort demain, un de ces oubliés de toujours qui aura pris plaisir, souvent, à vous entendre mais parfois, comme aujourd'hui à vous contester.

Et par toutes les Républiques, NOUS NE SOMMES PAS UNE COMMUNAUTÉ, il existe une communauté arthrotropique qui s'articule de mille manière et le Marais en est une, mais ce serait déjà un bon départ si nous pouvions convaincre ne serait-ce que les philosophes, les journalistes, qu'il faudrait peut-être arrêter de regarder les homo comme des Vénus Hottentotes réduites aux seuls GAYS, il y à les HOMOS, il y a des LESBIENNES, des TRANS, il y a le combat des professionnel-les du sexe, les QUEER, les ASEXUÉ-ES, il y a ces hommes et ces femmes, ces nana et ces mecs qui se mettent juste, l'espace d'un moment sur une fréquence sexuelle qui ne sera pas nécessairement toujours la même, parfois en se maquillant, parfois pas, perso, le bâton de rouge-à-lèvres des mecs suffit à mon bonheur. Ne faites pas de nous les nègres du sexe, des Satyres priapiques permanent, entre vous et moi, hétéro-fréquence et homo-fréquence subsiste l'extravagance d'une aequalitas numerosa, une succession de similitudes qui vont bien au-delà de nos pratiques et de nos aveux.

JE NE SUIS PAS GAY, je refuse obstinément cet encapsulage, manger gay, s'habiller gay, lire gay, je suis homo-fréquencé, je suis un pédé, mais qu'est-ce que c'est bon de savoir que d'autres le font pour moi, et pourtant, lorsque j'écris de la poésie homosexuelle (j'anime une chaîne de poésie queer sur YouTube(2)), et bien je deviens alors un poète queer, je me sens gay, je me sens inscrit dans cette dynamique de culture, de groupe, je lui appartient, je me fond en lui et j'y suis tellement bien.
Donc oui, il y a des gilets jaunes de l'homosexualité pour lesquels le tabou, le poids des éducations, des régions, des cultes pèse encore, mais il y aussi, des folles, et c'est à ces FOLLES magnifiques, à ces puissantes DRAG QUEENS que nous devons l’essentielle de nos avancées politiques, elles sont la matérialisation de ce qui dérange, des pratiques sexuelles undergrounds, leur rouge-à-lèvres cataméniale sont notre cycle, entre plumes et paillettes, irrévérences de cabarets et artistes de l'érotisme. Sans elles, l'homosexualité ne volerait pas, ne porterait pas, et rien ne doit plaider pour une désambiguïsation des comportements qui dérangent car le dérangement est le premier stade de l'interrogation.



Alain Cabello-Mosnier
mardi 2 juillet 2019, Paris

 

(1). Ce jeudi 4 juillet je lis sur le site d'Amnesty un article publié le 02.07.2019 disant que la marche des fiertés a été réprimée en Turquie au motif que les vêtements étaient inappropriés.

(2) YouTube a censuré cette vidéo au raison de son titre RÉPONSE DE PÉDÉ A PHILOSOPHE dans la foulée des demandes du gouvernement français à lutter contre les propos violent. Les algorithme de la plate-forme a dû considérer mon titre comme attentatoire. Bien-sûr j'ai fais appel, mais pour l'heure je n'ai pas eu de nouvelle.

Publicité
Publicité
Commentaires
POÉSIES HOMOSEXUELLES : Gay, Lesbienne, Trans, Bi
Publicité
POÉSIES HOMOSEXUELLES : Gay, Lesbienne, Trans, Bi
  • Blog de Poésies LGBT(PIQ+) ouvert aux poètes gays & poétesses connu-es, débutant-es ou anonymes, trans, putes, mais dans une dynamique homosexuelle. Donc si vous voulez partager un des-vôtres 01 42 59 79 36 poesies.queer@gmail.com Alain Cabello-Mosnier
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Visiteurs
Depuis la création 62 588
Pages
Archives
Publicité