Je ne suis qu'un inconscient qui se décide.
Il disposait d'une queue de cheval mais ne montrait que les œillères lourdement ouatées de ses aisselles destinées à ne pas effrayer ses imprudents amants. Elles agissaient à la façon d'un abat-sons courant toutes en mousses noires comme celles d'un tombeau de thalles desquels rien ne s'en venait sans que le rire ne ce soit tut, ému par la beauté, et terrifié à l'idée d'en baiser les oublis.
La douve orpheline se refermait sur eux et mangeait l'enthousiasme des débuts pour se refermer sur une fin fractale, le colimaçon de ses tortures. Une succession de nuits frisées suintaient des pierres laccifères et ne rendaient que le décharnement des corps qu'elles suppliciaient, meubles et altiers. La sueur qui semblait couler de leurs front n'était que celle de l'effort d'un autre à se rendre indispensable et vertueux en amours retords que l'on découvrait dans le charnier des matins.
_ Cours lui disais-je, cours donc, mais à quoi cela t'importe-il si je suis ici ? Regardes, ces frisures sont l’orgueilleux amoncellement des maillons de tes chaînes. Ma peau est ton unique lampe à huile et ma chaleur devenue ta tienne ne saurait survivre à la rigueur d'un hiver sans moi. Que pourrais-tu tirer des draps que tu quittes si ce n'est la jouissance de me suivre dans touts les espaces où mon corps se renouvelle lorsqu'il s'y tient ?
Là où je suis, être est ta chance, mais là où je m'efface, et l'espoir t'abandonne et des deux, toi ou tes pleurnichards espoirs, je ne sais même pas lequel j'aurais le plus malmené. Rampes, rampes sur mon sein gauche jusqu'à la morsure de mes évidences, là-vois-tu la goutte de sang, le meurtre originel ici, à la césure des peaux ? Là-vois-tu la goutte qui se perle en téton ? Un téton c'est un homme à la mer, une tête hors de son eau formée.
Je crois que j'aurais autant aimé être vivant, couché et nu que mort, froid et rompu, après tout ce ne doit être qu'un autre état de nature.
Je ne suis qu'un inconscient qui se décide au dernier moment à rompre sa solitude.
A. C.-M.
11/12/20