Le pardon aux femmes

∎ Je me sens à la fois inexorablement désolé et indiciblement meurtri pour la violence que les Femmes ont subi à travers les âges à cause de la lignée de mon sexe,

et pour cela, j'aimerais leurs demander Pardon.

Rien n'effacera le chagrin de celles qui les ont eu, et n'empêchera pas davantage les accès de violences de ceux qui les auront provoqué parfois même avec satisfaction, mais, si de mon passage sur terre on ne pouvait retenir que cela, alors j'aimerais que ce soit cette toute petite amulette de Pardon, ce désir exsangue qui n'attend d'ailleurs plus qu'il lui soit accorder à moins que chacune, depuis les millénaires sache revenir de ses âges et lui dire, les unes à la suites des autres, oui :

Oui de ma torture, à toi qui le demande et qui que tu sois, je te pardonne.
Oui, de mon bûcher, par de-là la douleur, j'y consens.
Oui, de mes violes d'enfant, je sors de mes linges de sang et cède claudicante à tes regrets.
Oui, pour ce mari brutal qui consomma ma perte, pour la hache de ce barbare, la prison de ce roi, la vengeance de ce frère, la folie de ce bourreau, à cet homme ivre qui rompit mon cou comme le pain des hosties.
A toutes ces guillotines, à ses mains, à ces poignards, au poison, à la pierre brandie
Oui, oui pour celles à peine nées et tuées par un rival, pour cette fille, pour la femme et sa vieillarde complice prenant sur elles ce que personne ne devrait avoir à porter

A cet instant, et à celui-ci seulement, je t'accorde le bénéfice de la contrition.

Moi aussi femme ai-je tué, moi aussi, j'ai appris de vos excès et des miens, de mon siècle rudoyant, de la cruauté elle-même faite guerrière et enseignante, et fait comme vous ce que rien ne peut plus réparer, mais à nous toutes,

à nous sœurs en nos sexes,
à nous les humiliées de l’obstétrique,
des virginités rompues sans consentements, ni joie ni grandeur
des mortes en couches,
à nous filles du pavée, nos blasons de putains comme des bouches ouvertes et dont les lèvres furent le pourtour de nos tombeaux creusés par ceux et celles qui voulaient les-y mettre, les y tenir toutes nues
A nous les filles du bord passée par-dessus
les esclaves, les noyées, les cousues vivantes dans la jute des tisserands que la mer venait délivrer,

A nous les lesbiennes que le mariage fit rompre

il nous faut parvenir à cet exact moment,
à ce tombeau d'incertitudes

à cette prise d'absence où l'on doit mettre,
   en commun,
   la souffrance,
   de chacune,

pour ne rien oublier tout en abandonnant à la faute le droit d'avoir été commise,
et au pardon, celui de nous guérir rien qu'une seconde.

Rien qu'une, pour la paix du monde

Rédaction terminée le vendredi 1er octobre 2021 par Alain Cabello-Mosnier (1968-)
(poète gay & masseur à Paris) ⚣
commencé le 25/08/21

 Note de proximité poétique : 14/20
Il s'agit d'une note subjective que j'octroie à mes textes.