Tu m'aimes ?... Bien sûr que non !

_ Tu m'aimes ?
_ Bien sûr que non, mais ça tu le savais déjà, n'est-ce pas ?
_ Tu pourrais au moins me donner un peu d'espoir, je ne sais pas !
_ Et qu'est-ce que tu en ferait sinon de te convaincre qu'il n'y a entre nous rien d'autre qu'une conjonction parfaite de trompe-le-coeur comme il existe des trompe-l’œil ? Tu vois, tout est pourrit par l'illusion ! On veut à la fois être libre et appartenir à l'autre à jamais, s’accaparer son être comme il s'est accaparé le-nôtre. La démocratie de la baise c'est une voix pour tous, celle de l'amour c'est une voix pour personne.  L’indifférence c'est l'abstention mais l'amour, c'est juste rester encore et toujours devant l'autre sans voix et attendre le dépouillement ! Tu es, l'absolue contrainte de ton vis-à-vis. Tu es ses rivages et ce n'est jamais que de ses falaises que tu finis par tomber.
_ Je ne pensais pas que tu serais aussi froid !
_ Tu vois, ça c'est de l'amertume. Les plages sont blondes mais ce qui vient de la mer est toujours trop salé. C’est du doute à l'état liquide.
Et si l'autre n'était pas celui que je pensais ? L'homme généré par tes désirs, pensé par toi comme se forment les Golems, “Emet” vérité que tu traces toi-même mais ce n’est que toi qui aimes, puis “Met” et c'est encore toi qui tue.
Au fond, tu n'es qu'un Narcisse vu par l'anus. Tu ne regardes que ton image lorsque celui qui te mate ne voit que ta lune blanche. Le reflet comme une vérité qui s'évapore. Un doigt dans l'eau, et ce sont des cercles qui s'accumulent dans des cercles.
Et bien, c'est ça l'amour pour moi, un Janus dont tu n'aimes pas le profil et pas l'autre face.