⏏ Tes fenêtres sans glaces laissent passer mes hivers.
Synopsis : Poème sur la séparation de deux mecs façon de monologue.
En ligne sur : vimeo ;
Bonjour ?
C'est vous qui avez sonnet à la grille de ce poème ? Bien oui ! Chaque page d'un livre sont les vantaux d'un portail dont toutes les lettres réunies en sont les aciers. Lorsque vous en tournez une elle s'ouvre sur un roman, un poème.
Mais vous pouvez entrer ce n'est pas une propriété privée, juste un jardin qui ne fleurit que le temps de votre passage pour disparaître dans le volume des nombres
Si vous êtes un promoteur immobilier du texte vous pourrez trouver cela correcte, peut-être même publiable mais, si vous êtes une sorcière, un chamane ou mieux, un enfant, le must serait que vous soyez vieux et si possible seul, en tout cas, c'est par vos yeux que jailliront ces lierres, parfois par votre bouche jusqu'aux la ridelles de vos lèvres.
Il y a trois sortes de lecteurs, ceux qui lisent avec leurs yeux, ceux qui lisent avec leurs lèvres et ceux qui lisent avec leur voix.
Si vous lisez avec vos yeux c'est que vous êtes un amateur de ferronnerie textuelle.
Si vous lisez en remuant vos lèvres c'est que vous êtes un sensuel.
Si c'est à voix haute, là... C'est que vous êtes le chantre d'une manducation grégorienne. Le mieux étant d'alterner.
L'auteur lui est mort depuis longtemps déjà.
Non, je sais bien que je suis vivant à l'instant où je bine ces mots, mais tout ça ça ne dure pas vous le savez bien. L'annonce de ma mort n'est qu'un mensonge qui finira par être vrai faisant de vous le contemporain d'une époque où jadis cet homme connu sa mort et avant de la connaître, vécu pour écrire ces mots.
Non, c'est un ductus, un principe de probabilité maturation pour écrire/expérience éditoriale/espace entre deux lectures. Selon ce même principe mon éditeur aussi est mort. Pourtant, c'était un chic type. Je dis ça mais au moment d'écrire ces lignes je ne le connais pas encore mais je sais qu'il n'était pas un arriviste, on ne peut pas être un arriviste en publiant ce genre de livres. Ca ne se vend pas.
Une chose est sûr c'est que si les auteurs finissent toujours par être morts à un moment ou à un autre, le lecteur lui, est toujours vivant. Vivant et attentif ou distrait mais contrairement à moi, invariablement vivant.
Néamoins, c'est là que ce situe la différence qu'il y a ente écrivains et moldus, c'est que du coup, comme vous lisez ce texte de moi mort ou en tout cas absent de vous, je me retrouve à fleurir momentanément en vous comme se tapisse une géode végétale qui fleurie le temps de votre intérêt pour ce texte et finit par se cristalliser dans votre bibliothèque. Ah oui c'est vrai, je suis dans votre bibliothèque.
Je suis donc devenu un être spéculaire en indéhiscence de texte. Notez que même si vous arrêtez de me lire, mon texte lui continue, jusque dans les bennes à ordure, même imbibé d'huile végétal hop il se poursuit.
En plus, vous vous rendez compte du laps de temps qu'il se passe entre deux personnes qui me découvrent ? En attendant moi je poireauté dans le néant. Si ça se trouve vous m'avez acheté chez un bouquiniste des bords de Seine, repêché dans une poubelle, télescopé sur le web. Si ça se trouve la page de garde est toute arrachée. Regardez-voir si elle y est encore. Allez, faites cela pour moi, n'oubliez pas que je suis mort. Regardez ma page de garde.
Elle y est toujours ? Bon.
Entrez !
Entrez je vous en prie,
ce n'est qu'un poème, vous savez il n'y a plus grand choses à voir, juste les murs d'un monastère abandonné par ceux qui y crurent
Et ce vieillard là-bas, avachit dans sa douceur diaphane et encore, si vous le voyez vous serez bien le seul
Peut-être une perdrix
Je n'arrive qu'à y parvenir jamais.
C'est pour ça que la tristesse prend sa source dans le renoncement des ogives.
Sur les orbes des murs qui s'effondrent
Les ombres rudérales dont la ligne semble des cils fermés sur ceux qui n'existent plus
Des arbres dressés comme des fers forgés, des ronces comme des grilles
Un lit de cire dont les pavés sont des Êtres
Des rires en quinconces pour oublier l'ennui mais lui ne nous oublie pas.
Tes fenêtres sans glaces laissent passer mes hivers
Mes iris sont bleus comme le feu d’un bivouac pendant que brûlent tes automnes
Je sais que tu me fuis comme une saison séparée par une autre
Alors je me contenterai que nous vivions sur la même planète
Aux humus de l’infâme je trahirai nos règles
Je dirai tout haut ce qui se hurle derrière nos paupières
Ces tristes tombeaux de popelines légères
Le cadavre de mon désespoir agité par ses craintes
Dévore son suaire de souvenirs inutiles
Je ne veux pas des fruits de notre histoire, parce qu'ils se détachent de nous
Ou alors de ceux que nos branches rattraperaient parce que,
Tout ce qui tombe de nous est l'automne d'un printemps où nous avons rit
A chaque fois que j'expire c'est comme tout un ciel qui emporterait ce qu'il reste pour le donner au néant qui s'en fout
Là où tout ce complique c'est quand qu'il il faut reprendre son souffle, respirer sur un avenir où tu n'es pas
Enfin, tu vois bien ce que je veux dire, si tu y es mais, là où je ne peux plus te voir narguer mes inquiétudes et m'éclairer de tes pâleurs
Je rançonne tout seul le moindre Polaroïde
Je te sais offert au vent de mes attentes
Si encore tout ça pouvait être comme ces calvaires à la croisée des chemins
Écrit et lu par le poète queer Alain Cabello-Mosnier (poète gay & masseur à Paris) ⚣
le mercredi 6 janvier 2016, à Paris
Note de proximité poétique : 18/20
Il s'agit d'une note subjective que j’octroie à mes textes.
(Faisait parti des poèmes préférés de l'auteur notamment pour le titre qu'il adorait.)